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ARTICLE IV.

Des Courfes.

TOUT ce qu'on vient d'expliquer ci-dessus ne regarde que la pompe & l'appareil d'un Caroufel; mais la principale chofe confifte dans les courfes pour lefquelles on donne des prix & où un Cavalier fait voir fon adreffe dans ces exerçices.

Les courfes les plus confidérables qu'on pratiquoit autrefois, confiftoient à rompre des lances en lice les uns contre les autres ; à en rompre contre la Quintaine ; à combattre à Cheval, l'épée à la main, a courre les Têtes & la Bague; & à faire la Foule,

Nous avons dit ci-devant, en parlant des Joûtes, de quelle façon on rompoit les lances en lice. Depuis l'invention des armes à feu, qui ont fait abandonner l'ufage des lances dans les armées, on commença à quitter cet exercice, qui étoit très-dangereux

On rompoit auffi des lances contre la Quintaine c'eft une courfe très-ancienne, dont un nommé Quintus fut l'inventeur. On fe fervoit d'un tronc d'arbre, ou d'un pilier contre lequel on rompoit la lance, pour s'accoutumer à atteindre fon ennemi par des coups mefurés. On ap pella auffi dans la fuite cette courfe le Faquin parce qu'on fe fervoit fouvent d'un Faquin ou d'un Portefaix armé de toutes pieces, contre lequel on couroit; mais la maniere la plus ordinaire, étoit une figure de bois en forme d'homme plantée fur un pivot afin qu'elle fut mobile. Ce

qu'il y avoit de fingulier, c'eft que cette figure étoit faite de façon, qu'elle demeuroit ferme quand on la frappoit au front, entre les yeux & fur le nez (c'étoient les meilleurs coups) ; & quand on la touchoit ailleurs, elle tournoit fi vîte, que fi le Cavalier, n'étoit pas affez adroit pour l'éviter, elle le frappoit rudement d'un fabre de bois fur le dos.

Dans le combat de l'épée à la main, les Cavaliers fe rangeoient dans la carriere entre la lice & l'échafaud des Princes, éloignés de quarante pas l'un de l'autre ; & là armés de toutes pieces & l'épée à la main, ils attendoient le fon des trompettes pour partir; enfuite baiffant la main de la bride & levant le bras de l'épée, ils partoient avec violence l'un contre l'autre, & en paffant, ils fe donnoient un coup d'eftramaçon fur la face en tirant un peu du côté gauche ; & au même endroit d'où fon adverfaire étoit parti‚' on prenoit une demi-volte, & on repartoit ainfi jufqu'à trois fois. Aprés la troifieme atteinte au lieu de paffer outre, pour aller reprendre une autre demi- volte, on tournoit de part & d'autre fur les voltes d'une piste vis-à-vis l'un de l'autre, en fe donnant continuellement des coups d'eftramaçon, avec une action vive, & l'on continuoit jufqu'à la troifieme volte: ils s'en retournoient après d'où ils étoient partis, faifant mine d'aller reprendre une autre demi volte, & dans le même inftant, deux autres Cavaliers venoient remplir la place & exécuter la même chose.

Le Connétable de Montmorenci fe rendit trèscélebre dans cet exercice, il feroit à fouhaiter qu'il fût encore en ufage, puifque c'est un vé

ritable manege de guerre, qui apprendroit à se fervir tant de l'épée, que du piftolet; d'autant plus qu'il n'eft nullement dangereux, les coups d'épés pouvant fe donner au-deffus de la tête par oppofition, & de même du piftolet; en le tirant le bout en haut.

De toutes les courfes qui étoient ancienement en ufage dans les Tournois, & dans les Caroufels on n'a retenu dans les Académies modernes que les courfes de Tête & de Bague, Elles feront le fujet des deux articles fuivans.

ARTICLE V.

De la courfe des Têtes.

LES Allemans ont pratiqué cet exercice avant les François les guerres qu'ils avoient avel les Turcs y ont donné occafion, ils s'exerçoient à courte des figures de têtes de Turcs & de Mores, contre lesquelles ils jettoient le dard & tiroient le piftolet, & en enlevoient d'autres avec la pointe de l'épée, pour s'accoutumer à recourir après les têtes de leurs camarades, que les foldats Turcs enlevoient, & pour lesquelles ils avoient une récompenfe de leurs Officiers.

On fe fert dans la courfe des têtes, de la lance, du dard, de l'épée & du piftolet.

La lance eft compofée de la fleche, des aîles, de la poignée, & du tronçon. Sa longueur eft d'environ fix pieds..

il

Le dard eft une forte de trait de bois dur, long d'environ trois pieds, pointu & ferré par le bout y a dans un endroit du bois de petits boutons de fer pour marquer l'endroit où on doit le tenis afin qu'il foit en équilibre.

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