Imágenes de páginas
PDF
EPUB

veut dire en terme de courfe, la toucher avec la rête ou avec la lance, ce qui eftropieroit un Cavalier, comme il eft quelquefois arrivé.

A l'égard de la levée, de la lance, on la fait de la même maniere que nous l'avons expliqué en parlant des têtes: la feule différence eft, que que dans la courfe de bague, on ne donne point de coup d'eftocade, comme à la tête.

[ocr errors]

Il faut encore bien obferver comme nous l'avons déjà dit, de ne commencer à baiffer la pointe de la lance qu'au tiers de la course, en échappant fon Cheval au grand galop, fans remuer la tête ni les épaules, tenant le coude haut, afin que le tronçon de la lance ne touche ni au bras ni au corps, mais que la main feule foutienne la lance; il ne faut pas non plus que la lance foit trop croifée en dehors du côté de l'oreille gauche du Cheval, elle doit être au contraire audeffus de l'oreille droite; parce qu'autrement le vent de la courfe l'ébranleroit, & lui feroit perdre la ligne de direction. Le but, ou le point de la courfe, doit être au bord d'en haut de la bague fur la ligne du canon, ce qui dépend de ne pas baiffer trop vîte la pointe de la lance.

Après avoir paffé la bague, il faut reprendre au petit galop & lever peu à peu la pointe de la lance, & au bout de la carriere, faire la levée de la même maniere qu'on a commencé fans regarder derriere foi, pour voir fi on a emporté la bague, comme font quelques Cavaliers, quand même on auroit fait un dedans. Il ne faut pas non plus en prenant fon Cheval au bout de la course, mettre le corps en arriere. Cette action n'est point belle la lance à la main.

On appelle en terme de bague, faire une atteinte, lorfqu'on touche avec la pointe de la lance, le bord de dehors de la bague fans l'enfiler; & on appelle faire un dedans, lorfqu'on la prend.

Il arrive quelquefois qu'on la prend au nombril, qui eft un trou dans la chape où elle est attachée, mais la course ne vaut rien, à moins qu'on n'ait averti qu'on vouloit la prendre en cet endroit.

A l'égard des prix, tant pour la Bague que pour les Têtes, chacun fait trois courfes pour les remporter.

Celui qui a le plus de dedans ou le plus d'atteintes, a l'avantage pour la bague, s'ils font égaux en l'un & en l'autre, ou qu'aucun n'ait ni atteintes ni dedans, on recommence les trois courses.

Pour les têtes, celui qui en enleve le plus, remporte le prix; & en cas qu'elles foient toutes prifes par ceux qui courent, ce fera celui qui les prendra entre les deux yeux, ou qui approchera le plus près de cet endroit.

Il y a dans un Carousel, des Juges pour cela, qu'on choifit parmi d'anciens Cavaliers qui fe font rendus célebres dans ces exercices.

Il y avoit autrefois plufieurs prix; fçavoir, le grand prix, qu'on donnoit à celui qui avoit fair plus de dedans, qui avoit emporté plus de têtes, ou qui avoit fait les meilleurs coups à la Quintaine; il y avoit enfuite le prix de la courfe des Dames, celui de la meilleure devife, & le prix de celui qui couroit de meilleure grace.

ARTICLE VII.

De la Foule.

ON appelle en terme de Caroufel, faire la Foule, du mot Italien far la Fola, lorfque plufieurs Ca-valiers font manier à la fois un certain nombre de Chevaux fur différentes figures.

Ce manege eft une efpece de ballet de Chevaux, qui fe fait au fon de plufieurs inftrumens: il a été imaginé par les Italiens, qui ornerent leurs Caroufels d'une infinité d'inventions galantes, dont le fpectacle étoit auffi furprenant qu'agréable.

Il faut des Chevaux bien dreffés, bien ajuftés, & des Cavaliers bien habiles & bien adroits, pour exécuter ce manege, à caufe de la difficulté qu'il y a d'obferver la jufte proportion du terrein, & d'entretenir le Cheval dans l'égalité de fon air & de fa cadence.

Pour donner une idée de toutes les foules que l'on voudra inventer, il fuffit d'en donner un exemple.

Il faut placer le long des deux murailles, ou des deux barrieres du manege, fur la même ligne quatre Cavaliers de chaque côté, éloignés l'un de l'autre d'environ dix à douze pas, plus ou moins, fuivant la longueur du terrein, enforte que les uns foient placés à droite & les autres à gauche, vis-à-vis les uns des autres. Il en faut encore placer trois autres fur la ligne du milieu du manege, dont l'un occupera le centre, & les autres fur la même ligne, & éloignés de celui du milieu à égale diftance. Ces onze Cavaliers doivent être rangés fur trois lignes, & ils doivent avoir la

2

tête de leurs Chevaux placée en face d'un des bouts du manege.

Les huit qui font rangés le long de la muraille, c'est-à-dire, les quatre de chaque côté, font des demi-voltes, changeant & rechangeant toujours de main, chacun fur fon terrein, & des trois qui occupent la ligne du milieu, celui qui eft au centre, tourne à pirouettes, & les deux autres manient fur les voltes, l'un à droite & l'autre à gauche.

Ils doivent tous partir enfemble au fignat que leur donne celui qui conduit le Caroufel, & arrêter de même en finiffant la reprife, ou à courbettes, ou à l'air auquel leurs Chevaux ont été dreffés.

Tous les exercices dont nous venons de donner les regles & la defcription dans ce Chapitre, furent inftitués pour donner une image agréable & inftructive de la guerre, & pour entretenir l'émulation parmi la Nobleffè. Ils étoient fort en ufage en Italie vers la fin du feizieme fiecle. Rome & Naples étoient le féjour des plus célebres Académies dans lesquelles les autres Nations venoient fe perfectionner; & c'eft dans la pratique de ces exerci ces, qui faifoient autrefois les divertiffemens des Princes & de la Nobleffe, qu'on cherchoit à se diftinguer pour fe rendre capable de fervir fon Prince avec honneur, & pour acquérir des vertus & des talens, qui doivent être inféparables de tous ceux qui font profeffion des Armes.

Fin de la Seconde Partie,

« AnteriorContinuar »