On appelle Epi ou Molette, le retour du poil que les Chevaux ont au front, aux flancs & autres endroits, & qui eft à contre-fens.

L'EPÉE ROMAINE, eft un épi ou retour de poil qui regne à quelques Chevaux le long de la criniere cette marque eft affez rare & fort eftimée des curieux en poil.

COUP DE LANCE, eft une cavité fans cicatrice qui fe trouve au col ou à l'épaule de quelques Chevaux Turcs, Barbes & Efpagnols.

Les Curieux attribuent aux Chevaux qui portent ces marques, des qualités infinies; mais les Auteurs qui ont fimplement écrit fur les conjectures que l'on doit tirer de ces différentes marques & de ces différens poils, ont l'expérience contr'eux: car elle prouve que la bonté d'un Cheval dépend de fa reffource & de fa vigueur, qui font des qualités intérieures, & non de fon poil, ni de fes marques extérieures. Il n'y a qu'une feule chofe à dire là-deffus; c'est que pour le coup d'œil, certaines marques & certains poils plaifent plus que les

autres.

CHAPITRE V.

Remarques fur les Chevaux de différens Pays. Tous les Auteurs ont donné la préférence au Cheval d'Espagne, & l'ont regardé comme le premier de tous les Chevaux pour le manege, caufe de fon agilité, de fes refforts & de fa cadence naturelle; pour la pompe & la parade, à

caufe defa fierté, de fa grace & de fa nobleffe ; pour la guerre dans un jour d'affaire, par fon courage & fa docilité. Quelques uns s'en fervent pour la chaffe & pour le carroffe; mais c'eft dommage de facrifier à ce dernier usage un fi noble animal,

M. le Duc de Newcastle, qui donne de grands éloges au Cheval d'Efpagne, ne lui trouve qu'un défaut, qui eft d'avoir trop de mémoire; parce qu'il s'en fert pour manier de foi-même & pour prévenir la volonté du Cavalier; mais ce défaut, fi c'en eft un, n'eft que l'effet de fa gentilleffe & de fa reffource, dont il eft aifé de profiter en fuivant les principes de la vraie Ecole.

C'eft des haras d'Andaloufie que fortent les meilleurs Chevaux. La race en avoit été bien abâtardie dans les derniers temps par l'avarice de ceux qui les gouvernoient, & qui préféroient les Mulets aux Chevaux, parce qu'ils en tiroient plus de profit; mais depuis quelques années on a remé

dié à cet abus.

Le Cheval Barbe eft plus froid & plus négligent dans fon alure; mais lorfqu'il eft recherché, on lui trouve beaucoup de nerf, de légéreté & d'haleine. Il réuffit parfaitement aux airs relevés, & dure long-temps dans une Ecole. En France on fe fert plus volontiers de Chevaux Barbes, que de Chevaux d'Efpagne pour les haras. Ce font d'excellens. Etalons pour tirer les Chevaux de Chaffe : les Chevaux d'Efpagne ne réuffiffent pas de même, parce qu'ils produifent des Chevaux de plus petite taille que la leur, ce qui eft le contraire du Barbe.

Les Napolitains font pour la plupart indociles, & par conféquent difficiles à dreffer. Leur figure ne

prévient pas d'abord, parce qu'ils ont ordinairement la tête trop groffe, & l'encolure trop épaiffe, mais ils ne laiffent pas avec ces défauts, d'être fiers & d'avoir de beaux mouvemens. Un atelage de Chevaux Napolitains bien choifis & bien dreffés à cet ufage, eft fort estimé.

Les Chevaux Turcs ne font pas fi bien propor tionnés que les Bardes & les Chevaux d Efpagne. Ils ont pour la plupart l'encolure éfilée, le dos trop relevé; ils font trop longs de corps, & avec cela ont la bouche feche, l'appui mal-aifé, peu de mémoire, font coleres, pareffeux, & quand ils font recherchés, ils partent par élans, & à l'a rêt ils s'abandonnent fur l'appui & fur les épaules; ils ont encore les jambes très-menues, mais très-nerveufes, & quoique les pâturons foient longs, ils ne font pas trop flexibles. Ils font grands travailleurs à la campagne avec peu de nourriture, de nourriture, de longue haleine, peu fujets aux maladies. Par ces qualités & par cès défauts, il eft aifé de juger que les Chevaux Turcs font plus propres pour la courfe que pour le manege.

Les haras d'Allemagne font entretenus d'EtaIons Turcs, Barbes, Efpagnols & Napolitains; c'eft pourquoi il y a dans ce Pays de parfaitement baux Chevaux, mais peu réuffiffent bien à la chaffe, parce que ceux qui y font nés, n'ont pas ordinairement beaucoup d'haleine.

M. de la Broue dit que les Chevaux Allemands font naturellement malicieux & ramingues. Ce qu'on attribuoit de fon temps à leur mauvais naturel, provenoit peut-être de l'imprudence de ceux qui, en les exerçant, les recherchoient d'abord avec trop de violence & de fujétion.

Les Chevaux Danois font bien moulés & ont de beaux mouvemens; on en fait de braves fauteurs. Ils font excellens pour la guerre, & l'on tire de ce Pays de fuperbes atelages.

Il y a deux Provinces en France d'où l'on tire de fort beaux & bons Chevaux, le Limoufin & la Normandie. Les Chevaux Limoufins tiennent beaucoup du Barbe, auffi font-ils excellens pour la chaffe. Le Cheval Normand eft meilleur pour la guerre que pour la chaffe. Il a plus de deffous c'eft-à-dire, plus de jambes, & eft plutôt en état de rendre fervice, que le Limousin, qui n'est dans fa force qu'à huit ans. Depuis qu'on a mis en Normandie des Etalons de taille & étoffés, on en tire de parfaitement beaux Chevaux de carroffe, qui ont plus de légéreté, plus de reffource, & une auffi belle figure que les Chevaux d'Hollande.

Les Chevaux Anglois font les plus recherchés pour la courfe & pour la chaffe, par leur haleine leur force, leur hardieffe & la légéreté avec laquelle ils franchiffent les haies & les foffes. S'ils étoient affouplis par les regles de l'art avant de les faire: courre, (ce que l'on pratique peu) les refforts en feroient plus lians, fe conferveroient plus long-tems, & le Cavalier feroit plus commodément; ils auroient la bouche plus affurée, & ils ne feroient pas fi fujets, comme le dit M. le Duc de Newcastle, à rompre le col à leur homme, quand ils ceffent de galoper. fur le tapis, c'eft-à-dire, fur le terrein uni. Les meilleurs font de la Province d'Iorkfire.

On fe fert communément en France des Chevaux d'Hollande pour le carroffe. Ceux de la NortHollande ou de Frife font les meilleurs.

Il y a beaucoup de Chevaux Flamands qu'on