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veut faire paffer pour Chevaux d'Hollande; mais prefque tous pechent pour avoir les peids plats, ce qui eft un des plus grands défauts qu'un Cheval de carroffe puiffe avoir.

LES

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ES premieres Brides dont on s'eft servi, n'étoient qu'un fimple morceau de bois ou de fer arrondi, que l'on mettoit dans la bouche d'un Cheval, fans branche ni gourmette, & l'on attachoit des longes aux deux extrêmités de cette embouchure. On ajouta dans la fuite des branches, que l'on attacha à la place des longes, & l'on mit des efpeces de rênes au bas de chaque branche. Mais comme on s'apperçut que cet inftrument ne faifoit pas encore affez d'effet, on inventa enfin la gourmette, & par ce moyen la bride travailla fur les barres & fur la barbe également par le fecours des rênes qui font agir les branches, lefquelles branches produifent l'effet du lévier, & font agir le mors & la gourmette conjointement.

La plupart des anciens Ecuyers, croyant que toute l'obéiffance qu'on pouvoit tirer d'un Cheval étoit renfermée dans la maniere d'ordonner la bride, la compoferent d'une multitude de pieces, tant fixes que mouvantes, dont les étranges effets caupar des mors rudes, joints à une gourmette trop courte, obligeoient le Cheval de forcer la main du Cavalier, jufqu'à s'emporter & à s'en al

fés

ler fur le mors fans qu'on pût l'arrêter, en forte que cette grande fujétion les défespéroit au lieu de les rendre obéiffans.

Pignatel, ce fameux Ecuyer, qui étoit en fi grande réputation à Naples vers la fin du feizieme fiecle, ne donna pas long-temps dans cette erreur, & inventa une forte d'embouchure compofée de trois pieces mouvantes, laquelle reffembloit affez à la gorge de pigeon, & étoit infiniment plus douce que celles dont on s'étoit fervi jufqu'alors, perfuadé par fa propre expérience que la bride devoit plutôt fervir à avertir le Cheval de la volonté du Cavalier, qu'à le contraindre. Il difoit que fi les brides avoient par elles-mêmes la propriété miraculeufe de faire la bouche d'un Cheval, & de le rendre obéiffant, le Cavalier & le Cheval feroient habiles au fortir de la boutique d'un Eperonnier.

Nous ne parlerons donc uniquement que des brides qui n'offenfent point la bouche, puifque le fentiment des plus habiles Ecuyers eft confirmé par l'expérience, qui nous prouve que les mors les plus fimples & les plus doux, en confervant la bouche d'un Cheval, fuffifent pour en tirer toute l'obéiffance qu'une main fçavante doit en attendre: que la bonté de la main doit l'emporter fur celle de la bride, qui n'eft qu'une caufe feconde, & que les barres & la barbe font des parties trop tendres pour fouffrir, fans être altérées ou eftropiées, les effets d'une bride trop rude & mal ordonnée.

Avant que d'expliquer les effets de la bride, nous commencerons par détailler toutes les parties dont elle eft compofée.

Je dirai premiérement, que quoique le terme

de mors, d'embouchure & de bride foient fynonimes, fuivant l'ufage, il n'y a, à proprement parler, que celui de bride qui foit générique : car le mors ou l'embouchure regarde particuliérement la partie qui eft dans la bouche.

La bride eft compofée de trois parties principales; fçavoir, le mors ou l'embouchure, qui fe place dans la bouche du Cheval, la branche qui eft attachée aux deux extrêmités de l'embouchure, & la gourmette qui fait fon effet fur la barbe.

ARTICLE PREMIER

Du Mors.

LE Mors ou l'Embouchure est un morceau defer arrondi qui fe met dans la bouche du Cheval: on l'appelle communément Canon. Les deux extrêmités du canon, où font attachées les branches fe nomment Fonceaux, & la partie fituée entre le fonceau & le milieu du canon, s'appelle le Talon.

On fe fervoit autrefois de plufieurs fortes de canons, dont la structure étoit auffi finguliere que dangereuse pour la bouche du Cheval; mais on n'en admet préfentement que trois, ou au plus quatre, qui font le fimple canon, le canon à trompe ou à canne, le canon à liberté de langue, & le pas-d'âne.

Le fimple canon eft compofé de deux pieces parce qu'il est brifé dans le milieu, ce qui lui donne plus de jeu. C'eft auffi la plus douce de toutes les embouchures, & celle qui contraint moins la bouche du Cheval,

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Le canon à trompe ou à canne n'eft point brifé dans le milieu, & n'eft compofé que d'une feule piece; ce qui le rend plus rude que le fimple

canon.

Le canon à liberté de langue, eft celui au milieu duquel il y a un espace de vuide pour loger la langue du Cheval. Cette liberté donne felon fa forme, plufieurs dénominations au mors, comme Gorge de Pigeon, Canon montant & Pas-d'âne..

On appelle Canon à gorge de pigeon, celui dont l'efpace vuide & relevé, qui eft au milieu du canon, va en diminuant par en haut. Il y a des gorges de pigeon brifées & non brifées ; & lorfque la liberté eft encore plus haute que celle du canon à gorge de pigeon ordinaire, on l'appelle Canon montant. Le montant de ces embouchures fe proportionne à l'épaiffeur de la langue.

Le pas-d'âne eft un canon dont l'efpace eft plus grand & plus fort que celui de la gorge de pigeon. Il n'eft point brifé dans le milieu. Ce canon eft un refte des anciennes embouchures rudes, qu'an devroit abolir. On ne s'en fert plus guere que pour quelques Chevaux de carroffe.

Il fe trouve encore quelques pas-d'âne à liberté gagnée. Il y en a de brifés & de non brifés: on les appelle Col d'oye: la liberté en eft plus large & plus écrasée qu'au pas-d'âne; mais je ne confeillerois pas de faire aucun ufage ni de l'une ni de l'autre de ces embouchures,

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