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4°. Quand les clous font brochés, il faut bien les river, afin que le Cheval ne fe coupe pas; ce qui arrive aux Chevaux vieux ferrés, auxquels les clous s'enfoncent dans le fer à mesure qu'il s'ufe: ce qui fait fortir les rivets.

5o. Enfin quand le Cheval eft ferré, il faut raper le pied tout au tour, afin de l'unir & de lui donner une forme ronde & égale, & d'émouffer les pointes des rivets qui pourroient déborder. Il eft à remarquer qu'il y a des Chevaux qui ont les pieds fi durs & fi fecs, qu'on ne peut brocher un clou fans qu'il coude. Il faut avant que de les ferrer, leur tenir les pieds de devant dans la fiente mouillée environ une demie journée, pour leur attendrir la corne. On doit bien fe donner de garde de fouffrir qu'on leur brûle les pieds avec un fer chaux, comme font la plûpart des Maréchaux, afin qu'ils foient plus aifés à parer. Cette méthode ne vaut rien: par-là on deffeche le pied, on l'affame & on ên ôte la fubftance; mais comme pour les Chevaux de carroffe on eft obligé de mettre un pinçon à la pince du fer, lequel pinçon eft un retour du fer qui entre dans la pince du pied, pour entretenir le fer droit, & l'empêcher de fe jetter ou en dedans ou en dehors ce qui feroit que le Cheval fe couperoit ou fe déferreroit dans cette occafion on ne peut pas fe difpenfer de faire chauffer ce pinçon, afin qu'il puiffe s'enfoncer dans la corne, mais tout le refte du fer doit être froid.

Les Regles ci-deffus font pour les Chevaux qui ont bon pied. Il faut préfentement examiner la ferrure qui convient à ceux qui ont les

pieds défectueux, qui font, les talons bas, les pieds plats, les pieds combles, les pieds encaftelés, ceux qui font droits fur membres, bouletés; ceux qui ont les jambes arquées, ceux qui font rampins, ceux qui bronchent, qui fe coupent en marchant; & enfin ceux qui ont été fourbus, ou qui ont eu un étonnement de fabot.

Des Talons bas.

IL y a deux fortes de talons bas : quelques Chevaux ont le talon bas & la fourchette graffe, d'autres ont le talon bas & ferré.

Les talons bas & la fourchette graffe font de très-mauvais pieds: on a coutume pour fuppléer à ce défaut, d'épaiffir le fer à l'endroit des éponges, mais cela ne dure qu'autant qu'il eft neuf: c'eft pourquoi il faut néceffairement mettre à ces fortes de Chevaux des crampons pour empêcher le talon & la fourchette de porter à terre; & afin que la nourriture fe jette du côté du talon, il ne faut prefque point creufer dans les quartiers, mais parer la fourchette plate, par ce moyen le talon fe fortifiera; il faut auffi à chaque ferrure couper un peu de la pince & percer le fer maigre en pinde peur d'enclouer.

ce,

A l'égard de ceux qui ont le talon bas & ferré, il faut leur donner un fer à pantoufle, avec l'éponge droite & épaiffe en dedans pour élargir & faire pouffer le talon en dehors à mesure. qu'il croîtra ; ne point creufer les talons, & rogner la pince à chaque ferrure. Comme ces fortes de fers ne manqueront pas de caufer quelque douleurs aux pieds les premiers jours, il faut.

les

les tenir dans la fiente mouillée pour adoucir la corne & la faire pouffer.

Des Pieds plats.

LES pieds plats font ceux dont les quartiers s'élargiffent trop en dehors, ce qui fait que la fourchette porte ordinairement à terre, & fait boiter le Cheval. C'eft un défaut confidérable, furtout aux jeunes Chevaux, parce que les quartiers s'élargiffent de plus en plus, à moins qu'on y apporte remede de bonne heure.

La maniere de ferrer qui convient le mieux à ces fortes de Chevaux, c'eft de leur mettre des fers dont les branches & la pince foient plus droi tes que la forme des quartiers & de la pince du pied, & de les percer maigre. Chaque fois qu'on les ferre, on ôte avec le rogne-pied, ce qui déborde de la pince & des quartiers. Comme par cette ferrure il eft impoffible que le fer ne porte un peu fur la fole, il faut après que le Cheval a été ferré, lui mettre dans le pied un reftraintif, comme il eft dit dans la troifieme Partie, & ne pas le faire travailler de quelques jours, afin qu'il s'accoutume à cette ferrure.

Si le pied pouffe trop vers la fole & fe refferre du côté des talons, il faut fe fervir du fer à pantoufle, afin de les élargir, d'empêcher la fole de trop pouffer, & de faire paffer la nourriture du côté du talon : & il ne faut point dans cette occafion que les branches du fer foient droites.

Des Pieds combles.

LE pied comble eft celui qui a la fole plus

F

haute que la corne, les uns plus, les autres moins. Ce défaut, qui eft ordinaire aux Chevaux élevés élevés dans les pays marécageux, vient de ce que la nourriture pouffe trop à la pince & à la fole, au lieu de paffer au talon : c'est auffi pour cela que prefque tous les pieds combles, quoiqu'ils s'élargiffent du côté des quartiers, fe ferrent au talon, qui fe trouve privé de nourriture.

Suivant la ftructure de ces pieds, il eft aifé de voir qu'il faut leur donner des fers à pantoufle avec les éponges étroites & épaiffes en dedans, afin d'ouvrir les talons, & de contraindre la nourriture fuperflue à la pince & à la fole, de paffer au talon. Il faut auffi pour la même raison, racourcir à chaque ferrure la pince du fer, & percer maigre en pince.

Il y a quelques Maréchaux qui fe fervent de fers voûtés pour ces fortes de pieds. Cette méthode ne vaut rien: car bien loin de foulager les pieds, on les ruine par la fuite, parce que le pied prenant la forme du fer, la nourriture pouffe toujours à la fole: ce qui rend le pied comble & difforme de plus en plus, & empêche le Cheval de marcher sûrement, n'appuyant que fur le milieu du fer. Il y a pourtant des pieds auxquels la fole furmonte plus dans un endroit que dans l'autre, ce que les Maréchaux appellent Ognons. Pour fe fervir de ces Chevaux, on eft obligé néceffairement de voûter le fer.

Il y en a qui font barrer les veines dans les pâturons pour arrêter en haut la nourriture qui va à la fole, ce qui réuffit quelquefois; mais pour les Chevaux qui ont les pieds fi combles, qu'on ne peut les rétablir par cette méthode, il faut les envoyer à la charue dans un pays dont le terrein foit doux; ils

pourront peut-être se rétablir en observant la méthode de les ferrer comme il a été dit ci-deffus,

Des pieds encaftelés.

ON appelle Cheval encaftelé, comme nous l'ayons déjà dit, celui dont les talons font fi ferrés & preffant fi fort le petit pied, qu'ils l'empêchent de marcher à fon aife, & le font fouvent boiter. Il n'y a guere que les Chevaux de légere taille & élevés dans les pays fecs, qui foient fujets à l'encaftelure. La caufe de ce mal vient de la mauvaise forme du pied, qui au lieu d'avoir la rondeur ordinaire jufqu'auprès des talons, fe ferre & s'étrécit dans cet endroit. Les pieds trop longs, fecs & privés d'humeur, font pour la plupart encaftelés. Une ferrure mal ordonnée caufe fouvent auffi cet accident. Comme les Chevaux encaftelés marchent' ordinairement de la pince, pour éviter la douleur du talon, cette démarche leur racourcit le nerf, & leur rend par la fuite les jambes arquées. Pour prévenir & corriger ce mal, il faut en parant les pieds, abattre les talons plats, fans creufer les quartiers; il faut auffi parer la fourchette plate, & laiffer la fole forte au talon : car, comme on l'a déjà dit, en creufant les quartiers, on affoiblit les talons & l'on ôte la force du pied; enforte que les quartiers venant naturellement à fe rapprocher pour remplir le vuide, ils preffent néceffairement le petit-pied, & caufent de la douleur dans cette partie, ce qui fait boiter le Cheval.

Après avoir ainfi paré le pied, il faut le ferrer à pantoufle, (le propre de cette ferrure étant d'élargir les talons) parce que le dedans de l'éponge

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