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étant de beaucoup plus épais que le dehors, la corne eft obligée de pouffer en dehors, & en renouvellant plufieurs fois cette forte de ferrure, le talon s'élargit, & cette partie prend de la force, Il faut que le dedans de l'éponge foit trois fois plus épais que le dehors, & qu'elle foit étroite, afin que la partie de dedans porte peu fur la

fole.

Comme les Chevaux encaftelés ont ordinairement le pied fec, il faut avant de les ferrer, leur tenir les pieds dans de la fiente mouillée environ l'espace d'une demi-journée; l'humidité leur attendrit la corne, la rend plus aisée à parer, & prépare le talon à s'élargir plus facilement. J'ai vu beaucoup de Chevaux guérir de l'encaftelure par ce moyen. Il faut auffi de deux jours l'un graiffer les talons & le tour de la couronne avec l'onguent de pied décrit dans la troifieme Partie.

Lorfqu'on eft obligé de faire un voyage avec un Cheval encaftelé, il ne faut pas lui abattre les talons, comme il eft expliqué ci-deffus: car on doit lui conferver cette partie dans fa force afin qu'il puiffe fournir la route; mais après le voyage il faut reprendre la méthode ci-dessus.

Quand un Cheval eft abfolument fi encaftelé que la ferrure feule ne peut y remédier, parce qu'il aura été négligé ou mal ferré, le remede est de le deffoler, fuivant la maniere expliquée au Traité des Opérations.

Lorfqu'on s'apperçoit qu'un talon veut fe ferrer, il faut le ferrer à demi-pantoufle, dont l'éponge du fer eft un peu tournée en talus du côté de dehors, & un peu plus épaiffe du côté

!

de dedans, de façon pourtant que le dedans des éponges ne porte pas tout-à-fait fur la fole, Il faut avec cela obferver la même maniere de le parer, comme pour les pieds tout-à-fait encafte lés, c'est-à-dire, ne point creufer dans les quartiers, parer la fourchette plate, racourcir le pied à la pince à chaque ferrure, & percer maigre en pince.

Les Chevaux qui ont des feimes (accident qui provient ordinairement de féchereffe & de talons ferrés) doivent auffi être ferrés à demi-pantoufle, pour les raifons que nous avons dites ci- deffus ; & fi les talons continuent de fe ferrer, il faut leur donner un fer à pantoufle.

Des Chevaux droits fur membres, bouletés, qui ont les jambes arquées, & qui font rampins.

LA maniere de ferrer les Chevaux qui font droits fur membres, qui ont les jambes arquées & qui font rampins, c'eft de leur abattre les talons fort bas, fans pourtant creufer les quartiers; cela leur fait baiffer le boulet, & contraint le nerf de s'étendre. Il faut auffi que le fer déborde à la pince environ d'un demi-doigt, & qu'il foit plus épais en cet endroit, parce que ces Chevaux ufent plus de fer en pince qu'ailleurs.

Quand le Cheval eft tout-à-fait bouleté, c'eftà-dire, que l'os du boulet fe pouffe fi fort en avant, qu'il paroît fortir de fa place, il faut lui abattre le talon jufqu'au vif, faire déborder le fer de deux doigts à la pince, lui graiffer le nerf de la jambe avec l'onguent décrit dans la troifieme Partie, le promener tous les jours au petit pas fur

un terrein doux, jufqu'à ce que le boulet ait repris fa place. C'est la feule maniere de ferrer ces fortes de pieds, mais elle réuffit rarement, s'ils ont été négligés.

ou

Il y a beaucoup de perfonnes qui font énerver un Cheval aux ars lorfqu'il est bouleté, qu'il a les jambes arquées : cette méthode eft fort bonne, on en trouvera l'explication dans le Traité des Opérations.

Des Chevaux qui bronchent, & de ceux qui fe

coupent.

LORSQU'UN Cheval est sujet à broncher, on a coutume de lui abattre la pince du pied & de racourcir le fer en pince, afin qu'il ne rencontre pas fi facilement les pierres; mais ce défaut, qui eft ordinaire aux Chevaux qui font foibles du devant, ou qui ont les jambes ufées, fe racommode rarement par la ferrure.

A l'égard des Chevaux qui fe coupent en marchant, cela arrive aux uns parce qu'ils n'ont pas l'habitude de marcher, enforte que portant mal leurs jambes, ils s'attrapent avec le fer; d'autres, par foibleffe de reins, traînent les jambes au lieu de les lever & de les porter droit; fouvent auffi la mauvaise ferrure caufe ce défordre, foit parce que le fer déborde ou que les rivets font trop longs: d'autres enfin par laffitude après un long travail le repos eft le feul remede pour ces der

niers.

.:

C'est l'ufage aux Chevaux qui fe coupent du devant, de leur abattre le quartier de dehors de chaque pied; on ferre auffi l'éponge de dedans

& on la coupe courte & au niveau du talon : il faut avec cela river les clous de façon que les rivets entrent dans la corne, & qu'ils ne débordent pas. Aux jambes de derriere on obferve la même chofe, & l'on met un petit crampon en dedans, fans qu'il déborde, le Cheval en marche plus ouvert & plus à fon aife. Voilà la feule façon de ferrer ces fortes de Chevaux; mais fi c'eft par mauvaise habitude, par foibleffe, ou par laffitude qu'un Cheval fe coupe, la ferrure feule ne leur ôte point ce défaut.

Il y a certains Chevaux qui, fans fe couper, portent fi mal leurs pieds en marchant, qu'ils ufent tous leurs fers en dehors: il faut leur mettre un crampon en dehors.

A l'égard des Chevaux fourbus, ou qui ont eu un grand étonnement de fabot, il ne faut pas leur parer ni abattre la pince, afin de conferver dans fa force la fole, qui, dans ces accidens, pouffe & s'abaiffe du côté de la pince & vers le milieu du fabot; mais avec toutes les précautions qu'on peut apporter, lorfque la fourbure eft tombée fur la fole, on ne rétablit que très-difficilement ces fortes de pieds par la ferrure.

Il nous reste à dire un mot de l'ufage des crampons qu'on met en Allemagne à prefque tous les Chevaux, même à ceux de manege. Les perfonnes qui font pour les crampons, difent qu'ils tiennent un Cheval plus ferme & plus affuré fur fon derriere, qu'ils l'empêchent de gliffer & de tomber fur le cul, ce qui pourroit lui caufer un effort de reins. Ceux au contraire qui ne les admettent point, difent qu'ils ruinent & foulent les nerfs, caufent des feimes, rendent les Chevaux

droits fur jambes, bouletés & rampins, leur font devenir les jambes arquées, parce qu'ils font racourcir le nerf. Quoique ces dernieres raifons foient, non-feulement plaufibles, mais vraies; je crois cependant qu'il y a des occafions, où les crampons font néceffaires; lorfque, par exemple, on eft obligé de marcher fur un terrein gliffant, fur la glace, parce qu'alors la confervation du Cavalier eft préférable à celle des jambes du Cheval.

U

CHAPITRE

De la Selle.

VIII.

NE felle mal ordonnée caufe fouvent des bleffures fi longues & fi dangereuses à un Cheval, qu'il eft abfolument néceffaire qu'un Cavalier en connoiffe toutes les parties, afin de pouvoir la faire conftruire de maniere qu'elle ne caufe point d'accident, & de fçavoir apporter remede à ceux qui arrivent quelquefois malgré les précautions qu'on a prifes.

La connoiffance des différentes fortes de felles & de leur ufage ne lui eft pas moins néceffaire.

ARTICLE PREMIER.

Des parties de la Selle.

LA felle eft compofée des arçons, des bandes, des bâtes, du pommeau, du garot ou de

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