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JE

PREFACE.

E ne ferai point ici, à l'exemple de plufieurs Auteurs, l'éloge d'un exercice qui, de tout temps, a paffé pour le plus noble & le plus utile; je dirai fimplement que mon deffein, en compofant cet Ouvrage, a été de raffembler & de mettre dans un ordre méthodique les principes qui peuvent faciliter aux Amateurs de la Cavalerie la connoiffance de tout ce qui y a rapport.

Cet Art, comme l'on fçait, renferme trois chofes effentielles, qui font, la connoissance du Cheval, la maniere de le dreffer, & fa confervation : ce font auffi ces trois objets qui font la matiere de cet Ouvrage, que j'ai divifé en trois Parties.

Dans la premiere je donne le nom & la fituation des parties extérieures du Cheval, avec leurs beautés & leurs défauts, & je traite de l'âge, de la différence des poils, des Chevaux de différens Pays, de l'Embouchure, de la Ferrure & de la Selle.

foit pour

La deuxieme Partie renferme les principes pour dreffer les Chevaux, foit le manege, foit pour la guerre, pour

la chaffe

ou pour le carroffe, en un mot, fuivant les différens ufages auxquels on les destine. J'ai joint à cette Partie un Traité des Tournois, des Joûtes, des Caroufels & des Courses de Têtes & de Bague.

La troisieme Partie contient l'Oftéologię du Cheval, la définition de ses maladies, les remedes pour les guérir, avec un Traité des Opérations de Chirurgie qui fe pratiquent fur cet animal; mais je me crois obligé d'avertir le Lecteur, que je n'y ai contribué en rien. Il faut être verfé dans les matieres qui concernent l'Anatomie & la Médecine, pour entreprendre de traiter cette matiere, autrement on tomberoit dans le défaut affez ordinaire aux Auteurs qui ont écrit des maladies des Chevaux ; ce défaut eft de donner des définitions confufes & fauffes, & des remedes qui, par leur multiplicité, fe détruifent fouvent les uns les autres. C'est pour éviter de fi dangereux inconvéniens, que j'ai eu recours à un Médecin de la Faculté, qui (à l'exemple d'Erouard, Premier Médecin d'Henri IV. auquel ce Monarque avoit ordonné d'approfondir cette matiere) a bien voulu employer fes foins & fes talens pour continuer de perfectionner une entreprise qui fut prefqu'auffi - tôt interrompue que

commencée, par la mort inopinée de ce

Prince.

On a ajoûté à cette nouvelle édition un petit Traité des Haras.

J'avouerai naturellement que ce n'eft point de mon propre fonds que j'ai tiré la plûpart des principes que je donne dans ce Traité. J'ai non-feulement puifé ce qu'il y a de bon dans les meilleurs Auteurs qui ont travaillé fur cette matiere, mais j'ai encore confulté les perfonnes qui, par une longue expérience ont acquis la réputation de vrais connoiffeurs. C'eft avec de pareils garans que j'ofe mettre en avant des regles & des principes, dont la théorie eft d'autant plus certaine qu'elle eft fondée fur l'autorité & fur la pratique des plus habiles Maîtres de l'Art. Je me borne donc dans mon travail, à développer, autant qu'il m'a été poffible, le vrai, le fimple & l'utile de cet Art, pour éviter aux amateurs de la Cavalerie les ennuyeuses differtations & les nombreuses redites qu'on a à effuyer dans la plupart des Auteurs qui m'ont précédé, & qui, loin d'embrasser le tout, n'en ont traité qu'une partie.

Non-feulement je me fuis appliqué à donner des définitions claires, nettes & précises, mais pour les rendre encore plus intelligi

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bles, j'ai joint à cet Ouvrage des Planches qui applaniront & leveront toutes les difficultés. Ce qui s'expofe aux yeux devient infiniment plus fenfible dans ces matieres, que tout ce qu'on décrit, quelqu'art que l'on y emploie. C'eft d'après les originaux, & fous la conduite de M. Parrocel, Peintre ordinaire du Roi & de fon Académie Royale dont la réputation en ce genre eft généralement connue, qu'on a gravé les différens airs de manege qui fe trouvent dans la deuxieme Partie. J'y aimis auffi des Plans de terre, pour faire voir la proportion de terrein que l'on doit observer dans les différentes façons d'affouplir & de travailler un Cheval.

Enfin, j'ai tout mis en ufage pour réveiller cette ancienne émulation qui régnoit dans les beaux jours de la Cavalerie; & c'eft dans cette vue que j'ai cherché à dévoiler des myfteres qui fembloient n'être réfervés que pour un très-petit nombre de perfonnes comme fi la vérité ne devoit pas fe répandre univerfellement, & que la fubtilité de cet Art n'appartînt abfolument qu'à ceux qui fe difent Enfans de la balle.

Il faut l'avouer à notre honte, l'amour du vrai beau de cet exercice s'eft bien ralenti de nos jours; on fe contente préfentement

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