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ET DES AUTRES PRINCES QUI ONT REGNÉ
durant les fix premiers ficcles de l'Eglife, de leurs guerres
contre les Juifs, des Ecrivains profanes, & des perfonnes
les plus illuftres de leur temps.

JUSTIFIÉE PAR LES CITATIONS,
des Auteurs originaux.

AVEC DES NOTES POUR ECLAIRCIR
les principales difficultez de l'histoire.

TOME PREMIER,

QUI COMPREND DEPUIS

AUGUSTE

jufqu'à Vitellius, & la ruine de Jerufalem.

Par M. LENAIN DE TILLEMONT.

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OF MIC

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1400

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AVERTISSEMENT.

ELUI qui a compofé l'ouvrage que l'on donne prefentement au Public, fe trouvoit libre de tout engagement particulier. Mais il ne s'eft pas cru difpenfe de l'obligation generale d'employer fon temps d'une maniere digne d'un homme & d'un Chrétien. Il a cru le pouvoir faire en s'occupant à étudier l'hiftoire des Saints & de l'Eglife dans les fources & dans les originaux, pour y chercher la verité toute pure, fans s'engager dans les diverses preventions que donnent fouvent les nouveaux auteurs. C'eft à quoy il a employé plufieurs années; & il auroit souhaité de n’'interrompre jamais un travail fi faint, fi utile, & en mesme temps fi agreable.

Neanmoins l'experience luy a enfin appris qu'il y a une telle liaison entre l'hiftoire fainte, & la profane, qu'il faut neceffairement s'inftruire avec foin de la derniere pour pouvoir poffeder l'autre, & pour en refoudre solidement les difficultez. Il eft difficile auffi qu'on ne souhaite pas de favoir qui eftoient ces princes, ces magiftrats, & ces grands du fiecle, qu'on voit fi fouvent meflez dans les affaires de l'Eglife, foit pour la fanctifier par leurs perfecutions, foit pour la foutenir par leur puiffance, & luy donner cet éclat exterieur qui luy a fervi à renfermer dans fon fein les foibles avec les forts, les imparfaits avec les parfaits. Voilà ce qui a obligé l'auteur à joindre l'une & l'autre histoire enfemble, & à étudier la profane pour mieux favoir celle de l'Eglife.

Il n'a travaillé d'abord que pour fon instruction particu

liere. Mais quelques perfonnes d'erudition & de pieté ont cru que ce qu'il avoit fait pour luy feul, pourroit eftre de quelque ufage au public. Ils ont jugé mefme qu'il devoit commencer par l'hiftoire profane, puisqu'elle fe trouvoit la premiere en état de paroiftre, & qu'elle eft faite pour fervir d'éclairciffement à celle de l'Eglife, qui pourra fucceder à celle-ci, fi l'on trouve qu'il foit à propos de la donner.

Outre le raport que ces deux hiftoires ont l'une à l'autre, la profane en la confiderant mefme toute feule, ne laisse pas d'avoir fon utilité: Et fans parler des autres avantages qu'on en peut tirer, & des diverses reflexions que les perfonnes fages & éclairées par leur pieté pourront faire fur cette multitude d'evenemens, tous reglez dans leur dereglement par la fageffe de la providence, tout le monde trouvera des fujets de s'humilier & dans les plus méchans princes, & dans les meilleurs. Car nous voyons dans Caius, dans Neron, dans Commode, & dans leurs femblables, ce que nous ferions tous fi Dieu n'arreftoit le penchant que la cupidité nous donne à toutes fortes de crimes: Et bien des Chrétiens auront fujet de rougir, de ce qu'aprés tant de graces que Dieu leur a faites, & qu'il a refufées aux payens, ils se trouvent beaucoup audeffous de la vertu morale de Tite Antonin, de Marc Aurele, & d'Alexandre Severe.

La premiere vue de l'auteur dans fes études,a efté,comme on a dit, de s'inftruire luy mefme. Il y en a joint enfuite une feconde, qui a efté de pouvoir aider ceux à qui Dieu auroit donné la grace & la volonté de travailler à une veritable histoire de l'Eglife, ou aux Vies des Saints. Il a voulu les decharger de la peine de rechercher la verité des faits, & d'examiner les difficultez de la chronologie. Ces deux chofes font le fondement de l'hiftoire. Il arrive fouvent neanmoins que les genies les plus beaux & les plus elevez, font les moins capables de fe rabaiffer jusque là. Ils ont trop de

peine d'arrefter le feu qui les anime, pour s'amufer à ces difcuffions ennuyeuses, plus propres à des efprits medio

cres.

Dans ces deux vues qu'a eues l'auteur, il a cru ne devoir fonger qu'à chercher la verité des faits & des temps, avec toute la fidelité, l'exactitude, & l'application dont il a efté capable, & à les exprimer de la maniere la plus fimple & la plus nette. Il l'a recherchée dans les auteurs originaux. Il l'a expofée enfuite en abregeant ces auteurs dans les endroits où un fait n'eft raporté que par un feul. C'eft ce qu'il marque quelquefois dans le texte, quelquefois à la marge par unc. Et il prend de chaque auteur ce qu'il a de particulier, quand ce fait eft raporté par plufieurs.

:

Il s'eft souvent attaché à leurs expreffions, furtout quand elles ont eu quelque chofe de grand, de fingulier, ou qui nous marquoit quelque ufage ancien. Mais il eft bon d'avertir que la neceffité de faire un difcours fuivi & une efpece d'histoire,ne luy a point permis de s'attacher toujours à cette regle, comme il l'auroit souhaité. Il a cru qu'il luy fuffifoit de prendre le fens des auteurs, & quelquefois de mettre les conclufions certaines qui fuivent de leurs paroles: comme quand par exemple Dion dit qu'une chofe s'eft faite de fon temps, au lieu de s'exprimer ainfi, & d'ajouter pour la fatisfaction des lecteurs, que Dion écrivoit vers l'an 230,il a mis pour abreger, que cela s'eftoit fait vers l'an 230. Ainfi on ne trouvera pas toujours precifément dans les auteurs les termes dont il fe fert: mais il a tafché qu'on y en trouvast toujours le fens, ou au moins la preuve.

Ils font affez rarement nommez dans le texte, à moins que ce ne foit pour appuyer davantage la verité de la chofe, ou au contraire pour marquerqu'on raporte cequi setrouve dans les anciens,fans en vouloir répondre: ce que la qualité des auteurs ou la fuite du difcours fera aifément difcerner

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