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carlate. M. le Chancelier vint d'abord 1610. vétu d'une Robe de velours noir. Le Roy partit du Louvre fur les dix heures du matin, vétu de violet, monté fur une petite haquenée blanche, accompagné de plufieurs Princes, Ducs, Seigneurs & Officiers de la Nobleffe tous à pied. La Reine en fon Caroffe, fuivie des Princeffes & Ducheffes,arriva aux Auguftins, où l'on vint recevoir le Roy hors le Cloître à la porte de la rue. Après que tout le monde eut pris fa place, la Reine dit :

Meffieurs ayant plû à Dieu, par un fi miferable accident, retirer à foy notre bon Roy, mon Seigneur. (La Reine fe mit à pleurer en cet endroit, & fut quelque tems avant que de pouvoir continuer.) Je vous ay amené le Roy, mon fils, pour vous prier tons d'en avoir le foin que vous êtes obligés, pour ce que vous devez à la memoire du Pere, à vous-mêmes, & à votre Pais. Je defire qu'en la conduite de fes affai res il fuive vos bons avis & confeils, je vous prie de les lui donner tels que vous aviferez en vos confciences pour le mieux.

Après ce Difcours la Reine defcendit dans le Parquet pour fe retirer.Les Princes, Seigneurs & toute la Compagnie la priérent de refter, ce qu'elle réfufa plufieurs fois, mais elle fe rendit enfin aux

1610. inftances qu'on lui fit, & reprit sa place. Après quoi le Roy dit :

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Meffieurs, Dieu ayant retiré à soy le feu Roy, mon Seigneur & Pere, par l'avis & confeil de la Reine, ma Mere, je fuis venu en ce lieu, pour vous dire à tous qu'en la conduite de mes affaires, je defire fuivre vos bons confeils, efperant que Dieu me fera la grace de faire mon profit des bons exemples & inftructions que j'ay reçues de mon Seigneur Pere. Je vous prie donc de me donner vos bons avis & déliberer préfentement fur ce que j'ay commandé à Monfieur le Chancelier vous représenter.

M. le Chancelier dit enfuite, que Dieu ayant retiré à foy le feu Roy, la premiere action qu'avoit voulu faire le Roy fon fils, par l'avis de la Reine fa » Mere, avoit été de venir en fon Parle»ment tenir fon lit de Juftice, pour lui » recommander d'être foigneux à rendre & » faire adminiftrer bonne juftice à tous fes Sujets. Que fa Naiffance & l'éducation qu'il avoit euë faifoient efperer qu'il » feroit vrai imitateur des vertus de fon » Pere, qu'ils n'avoient à defirer que l'â– »ge, qui étoit fuppléé par la prudence de » la Reine fa Mere. Que l'intention du feu Roy, avoit été de remettre après fa » mort, l'adminiftration des affaires de »fon Etat à cette Princeffe ; Que cette dé

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claration qu'il avoit faite quelques jours « 1610. avant fa mort en préfence de plufieurs «< perfonnes, étoit plus expreffe que ne«< l'auroit été un Teftament; qu'il falloit « que le Parlement délibérât prompte- « ment fur la Régence, afin que les ordres « neceffaires pour le bien de l'Etat, ne fuf- « fent pas plus long-tems differez.

c

Le Premier Préfident prenant la parole, dit au Roy, que forfque l'acci- « dent de la mort du Roy fon Pere étoit « arrivé, le Parlement fe difpofoit à lui « aller marquer la joie qu'il avoit du Cou- « ronnement de la Reine, que cette joie « étoit changée en trifteffe par la mort fu- « nefte du Roy; mais que ce qui con- « foloit le Parlement dans cette extré- « me affliction, c'étoit de retrouver en lui « une image de fon Pere, qui leur fai- « foit regarder comme une Eclipse la

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te qu'ils venoient de faire; qu'il étoit «
feul capable d'effuyer leurs larmes, & «
de relever les courages abattus de ses «
Sujets, fuivant en cela, dit-il, les traces «
de plufieurs bons Rois, vos Prédeceffeurs
defquels vous portez le nom, entre autres
de Louis dernier Roy du peuple, fous le dais
duquel vous êtes affis, qui vous doit inviter
à bien régner, afin que pareil nom de Pere
du peuple vous foit donné. . . . Suivez
SIRE, ce bon exemple, confiez-vous en

1610.

... •

toutes vos affaires à la Reine votre Mere',
la Régence de cet Etat lui eft dûë, le fuc-
cès de fon adminiftration ne peut qu'être
heureux... Il loüa enfuite la Reine,
& fupplia le Roy d'honorer le Parlement
de fa bienveillance, & pria le Ciel qu'il
le fît heritier des vertus de Henry IV.
comme il l'étoit de fa Couronne.

M.Servin pour le Procureur Général du
Roy, commença sa Harangue par exprî-
mer la douleur que tout le monde reffen-
toit de la perte du feu Roy, & par ex-
horter Louis à imiter fes vertus. Il ajou
ta qu'il efperoit que la Régence de la
Reine fa Mere, feroit auffi heureuse à
la France, que celle de la Reine Blanche
Mere de Saint Louis l'avoit été. Après
avoir étalé beaucoup d'érudition facrée
& profane, il finit par ces mots : Et
dautant que votre Cour de Parlement, fur
lui avons remontré être necessaire,
donner promptement ordre à ce qui concer-
ne votre fervice, & le bien de votre Etat,
qui ne pouvoit être gouverné que par l'a
Reine votre Mere pendant votre bas-âge,
donna hier Arrêt par lequel elle a déclaré
votre Mere Régente en France, pour avoir
Fadminiftration des affaires de votre Royau
me durant ce tems. Nous vous fupplions
très-humblement, affifté que vous êtes dos
Princes, Prélats, Ducs, Pairs & Officiers

ce

que

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de la Couronne, ordonner que cet Arrêt 1610 fera publié en tous les Bailliages, Sénéchauffées & Siéges Royaux du Reffort de Bette Cour, & en tous les autres Parle mens & Siéges de votre Royaume.

Enfuite M. le Chancelier monta au Roy, puis defcendit, prit l'avis de M, le Premier Préfident & des Préfidens à Mortier, enfuite celui des Princes Ducs & Pairs, & de l'autre côté, celui des Pairs Eccléfiaftiques, & des autres Prélats, Affiftans des Seigneurs qui étoient dans les bas fiéges, & des Conseillers, & étant retourné à fa place, il prononça l'Arrêt fuivant: Portant que Roy, de l'avis des Princes de fon Sang,autres Princes, Prélats, Ducs, Pairs & Officiers de fa Couronne, fur la requifition du Procureur Général, avoit déclaré & déclaroit, conformément à l'Arrêt de fa Cour du Parlement du jour d'hier, la Reine Régente en France, &c.

le

Te Deum chanté pour

Enfuite le Roy & la Reine fe retiré rent au Louvre dans le même ordre qu'ils étoient venus au Parlement, au milieu des acclamations du peuple qui crioit: Vive le Roy. Sur les quatre heures après midi, le Roy accompagné l'heureux ade fes Gardes, alla à Notre-Dame de venement de Paris où on chanta le Te Deum, en ac- la Couronne tion de graces de fon heureux avéne- Mercure 16194 ment à la Couronne,

Louis XIII. à

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