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vievec un fecours de quinze mille Po- 1612. lonois, fait paffer le Danube à tous les Janiffaires, entre en Valachie, joint le Prince Thomas & les Tartares, & va au devant des Polonois. Les ayant joints à deux lieuës de Tergowits Capitale de Valachie, il leur livra bataille, & en laiffa plus de douze mille fur la place. Pendant que toutes ces chofes fe paf-des Amballido foient entre l'Armée des Turcs & celle d'Hollande. des Polonois, les Etats Généraux des Provinces - Unies envoyérent le Sieur Corneille de la Haye, en Ambaffade à la Porte, pour traiter du rachat des Captifs, pour faire alliance avec le Grand Seigneur, & pour obtenir la liberté de commercer dans fon Empire. Cet Ambaffadeur arriva le premier May à Conftantinople, il y fut fi favorablement reçû, que le fixiéme Juillet fuivant, le Traité d'Alliance fut figné avec le Grand Seigneur.

a

L'Empereur Matthias envoya auffi Negroni Ambaffadeur à la Porte, au fujet de la Tranfilvanie. Il arriva à Conftantinople le 6. Septembre, mais il fut quelque tems à obtenir Audience, à caufe de la magnifique entrée que le Grand Seigneur fit à Conftantinople le 2. Octobre. Negroni ayant enfin été admis au Ambaffade de Negroni Confeil du Grand Seigneur, demanda vers le Grand

Seigneur.
Mercure 1612.

1612. l'execution. du Traité de Paix que l'E pereur avoit fait en 1606. avec Botzkay, dernier Prince de Tranfilvanie, par lequel il étoit ftipulé, qu'en cas que ce Prince mourût fans enfans mâles, la Tranfilvanie demeureroit en la difpofition de Sa Majefté Imperiale. Les Miniftres de la Porte prétendirent que Botzkaу n'avoit eu aucun ordre du Grand Seigneur pour traiter avec l'Empereur, qu'ainfi il n'avoit pû faire cette ceffion. If y eut de part & d'autre de grandes conteftations fur cet Article. Negroni ne voulant rien relâcher de fes prétentions fur la Tranfilvanie, & les Miniftres du Grand Seigneur ne voulant rien ceder. On convint de part & d'autre d'écrire à l'Empereur, & d'attendre fa réponse pour terminer cette affaire.

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Amb fladeuts

de Perfe, &

L'Ambaffadeur de Perfe fut moins heureux dans fa négociation, car outre `la mortification qu'il eut d'avoir perdu prefque tous les domeftiques, par la pefte qui ravagea Conftantinople. Le Grand Sophi de Perfe le fit décapiter, fous prétexte qu'il avoit foufcrit un Traité de Paix avec le Turc, très défavantageux au Royaume de Perfe.

Pendant ce tems, l'Empereur Matde Mofcorie. thias étant à Prague, reçut deux Ambaffadeurs le 6. Octobre ; l'un du Sophi de

Pfe, & l'autre du Duc de Mofcovie. 1612. Celui de Perfe venoit exhorter l'Empereur de faire la guerre aux Turcs; celui de Mofcovie au contraire, venoit prier ce Prince, de faire finir la guerre qui étoit entre les Polonois & les Mofcovites. Matthias ayant fatisfait l'un & l'autre de ces Ambassadeurs, nomma Pierre Herman, pour aller de fa part en Mofcovie, & chargea Adam Dorm de réfider en Perfe.

des Moril

ques.

Au commencement du mois de De- Entreprises cembre les Morifques Grenadins qui s'étoient retirez à Conftantinople, chafférent les Juifs de Pera, & démolirent toutes leurs Synagogues. Un Juif de 'Ifle de Chio, qui étoit pour lors à Conftantinople, alla trouver le Cadi de Pera pour lui demander justice, mais le Cadi, loin de la lui rendre, lui fit donner cinq cens coups de bâton. Les Morifques fe voyant foutenus par le Cadi, fe propoférent de faire chaffer les Chrétiens de Pera, comme ils en avoient fait chaffer les Juifs; ils publioient même hautement, qu'ils ne feroient en cela que rendre la pareille de ce qui leur avoit été fait en Espagne. Ce bruit étant venu jufqu'aux oreilles de l'Ambaffadeur de France, il s'employa avec tant de chaleur & de prudence, pour arrêtes

1612. l'infolence & la fureur de ces Morifqu que le GrandVifir leur défendit expreffément de rien entreprendre fur les Chrétiens & de rien faire qui pût troubler la Paix.

Famine à

Alger.

La féchereffe exceffive qu'il y eut en cette année, fit périr entiérement tous les biens de la terre dans le Territoire d'Alger, cela y caufa une fi grande cherté de vivres, que le peuple murmuroit continuellement, & attribuoit la cause de ce malheur à leurs pechez, ou au refuge que l'on avoit donné dans le Païs aux Morifques, ou à la trop grande liberté que l'on laiffoit aux efclaves Chrétiens; Le Divan, pour calmer ces plaintes, & prévenir les faites fâcheufe qu'elles auroient pû avoir, fit publier une Ordonnance le 30. Avril, par laquelle il commanda aux Turcs d'avoir recours à Mahomet pour obtenir de la pluye, aux Morifques de fortir dans trois jours d'Alger, & à tous les Chrétiens, tant ceux qui étoient libres, que les efclaves, de fe faire rafer la barbe & les cheveux. Cet ordre fut executé avec beaucoup de feverité, par rapport aux Morifques, car les malades, ou les pauvres d'entr'eux que l'on trouva dans Alger après le terme prefcrit,furent tous maffacrez.Les Mahometans firent pendant trois

rs confécutifs des Proceffions pour 1612 obtenir de la pluye, & les Juifs joignirent leurs prieres publiques à celles des Mahométans. Le Ciel fut fourd aux fupplications des uns & des autres. Tous les moyens que les Turcs avoient employez pour obtenir de Mahomet ce qu'ils fouhaitoient n'ayant point eu d'effet. Ils crurent que pour fe fe rendre favorable, it falloit redoubler la perfécution de quelques Chrétiens prifonniers à Alger. Ils publiérent par tout que le 3. May ils iroient abattre une petite Chapelle que les efclaves Chrétiens avoient fait bâtir dans la prifon. Un des prifonniers a eut Le P. Berrecours au Sieur Bias Conful de France nard Mauroy à Alger, qui obtint du Divan que les des Mathu Chrétiens auroient la liberté d'exercer tins, leur Religion dans la prifon. Ils y firent de ferventes prieres que Dieu exauça, & accorda le 8. May une pluye abondante, que les Juifs ni les Mahometans n'avoient pû obtenir.

En même tems l'Italie n'étoit pas moins affligée par des inondations, & des débordemens de plufieurs Rivieres qui s'étoient enflées par les pluyes. L'Allemagne & la Weftphalie furent auffi défolées par les fréquens tremblemens de terre qui fe firent fentir jusqu'en Candie. D'un autre côté les vents de Midi

de l'Ordre

Malheurs arivez en di

vers Païs

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