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1610. d'Epernon jaloux de ce Maréchal, étoit trop confidérable, à caufe de fes Charges, & de fes Gouvernemens, pour n'en être pas. Il étoit dangereux de refuser quelqu'un de ces Seigneurs, & cependant il n'étoit pas sûr de confier à tant de perfonnes le fecret des déliberations. Les Miniftres qui vouloient feuls avoir l'entiere direction des affaires, ne laifférent pas d'accepter ce parti.Comme ils obtenoient aisément des heures particulieres de la Reine, qu'ils concertoient avec elle les chofes qui devoient être propofées au Confeil, & décidoient fouvent celles dont ils ne vouloient pas que le Confeil eût connoiffance, ils fe perfuaderent que le parti le plus avantageux pour eux, étoit que le Confeil fûr fort nombreux, afin que la varieté des avis donnât lieu de faire paffer ce qu'ils vouloient.

Corps de

Henry 111.

Avant que l'on fît les Obféques du apporté de Roy Henry IV. la Reine fit apporter à Compiegne à S. Denis le Corps de Henry III. qui Memoire de étoit en dépôt dans l'Eglife de S. Cora Régence. neille de Compiegne. Il y fut reçû le

S. Denis.

Matthicu
Bernard,

Mercure,

23. Juin, & enterré avec les Cérémonies ordinaires. Toutes les Paroifles, & les Convents de Paris, & des autres Villes de France, firent des Services folemnels pour le Roy Henry IV. pendant plufieurs

plufieurs jours. Son corps fut porté le 29. 1610. Juin après midi à l'Eglife Cathédrale de 1 Paris, & le lendemain en pompe funébre à S. Denis, fuivi des Cours Souveraines, du Corps de l'Univerfité, d'un grand nombre de Prélats, des Officiers & des Gardes du Roy.Le premier Juillet le Cardinal de Joyeuse y officia Pontificalement, &l'Evêque d'Angers fit l'Oraifon Funébre. Le lendemain 2. Juillet la Reine fit faire un Service à N. D. de Paris, auquel elle affifta en perfonne accompagnée du Prince de Conty, du Comte de Soiffons; des Princeffes de Condé, de Conty, de Soiffons, & de la Reine Marguerite.

'Cour.

Les Princes du Sang qui étoient abfens de la Cour, dans le tems de la mort de Retour de Henry IV. furent rappellez immédiate- Princes à la ment après, comme nous l'avons touché en paffant. Il n'y en avoit alors que quatre en France. Le Prince de Condé qui étoit, comme nous l'avons dit, à Milan, n'étoit pas encore majeur; le Prince de. Conty étoit fort âgé, & d'une fanté fi foible & fi caduque, qu'il ne pouvoit s'ap pliquer aux affaires d'Etat ; le Comte de Soiffons dans la fleur de fon âge & doué. de très grandes qualitez, tant du côté du corps, que du côté de l'efprit, & fon fils Te Comte d'Anguien âgéque de 4. à 5.ans. Le Comte de Soiffons arriva le premier Tom. I.

C

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1610. en Cour. La Reine ayant fait écrire au Prince de Condé qu'il eût à hâter fon retour, il arriva à Paris le 15. Juillet. Les Princes de la Maifon de Lorraine, un grand nombre des Seigneurs de la Cour, le Maréchal de Bouillon & le Duc de Sully, allérent au devant de fon Alteffe jufqu'à Soiffons, fuivis d'un cortege de plus de mille chevaux. Auffi tôt que le Prince fut arrivé, il alla faluer le Roy & la Reine, & fe retira en fon Hôtel, où il reçut les vifites de plufieurs grands Seigneurs. La Reine lui donna l'Hôtel de Gondy où il Iogea dans la fuite. Ce Prince alla au Parlement le 23. de Juillet, & y prit féance. Il vifita le Prince de Conty fon 'oncle & plufieurs autres perfonnes de confidération. Ces vifites & le nombreux concours de la Nobleffe dont les Princes fefaifoient accompagner; les fréquentes affemblés eque Condétenoit tantôt à l'Arfenal, tantôt à l'Hôtel de Mayenne, firent ombrage à la Reine, & engagérent cette Princeffe d'ordonner aux Bourgeois de Paris de prendre les armes. En moins de 8. jours il s'y trouva plus de cent mille hommes armez, à qui on fit défenfe de tirer après fix heures du foir. Quelques jours après la Reine diftribua de grandes récompenfes aux Seigneurs dont on craignoit quelque révolte, & les engagea par là à fe retirer chacun chez eux.

Le Sacre

c. à Troyes

1610.

Il ne reftoit plus pour achever l'inau- 1610. guration du Roy Louis XIII. que la cérémonie de fon Sacre. Elle fe fit à Sacre de Reims fuivant la coutume le dix-fept Louis XIII. Octobre. Le Roy & la Reine s'y ren- Couronnement dirent, & le Cardinal de Joyeufe fit la de Louis XIII. cérémonie, le Siege de Reims étant vacant. Il dit au Roy en le Sacrant : Nous vous prions & requerons que vous trée de Louis nous octroyez à chacun de nous, & aux Reims, avec Eglifes defquelles nous avons la charge, les les cérémonies Privileges Canoniques, & droites Loix de fon Sacre Justice, & que vous nous défendiez, com- Bergier, c. à Reims mne un Roy en fon Royaume doit à tous les 1637, in 44 Evêques & leurs Eglifes.

A quoi le Roy répondit: Je vous promets & octroye que je vous conferveray en vos Privileges Canoniques, comme auffi vos Eglifes, & que je vous donneray de bonnes Loix, & feray juftice, & vous défendray, aydant Dien par fa grace, felon men ponvoir, comme un Roy en fon Royaume doit faire par droit, & même en l'endroit des Evêques & de leurs Eglifes. Le lendemain le Roy reçut le Collier de l'Ordre du S. Efprit, & le donna au Prince de Condé. Il vint enfuite à Paris, où il arriva le trente, & fut reçû par Sanguin Prevôt des Marchands, & les Echevins de la ville, à la tête de deux cent Bourgeois à Cheval, qui allerent au devant de Sa

Le Bouquet Royal ou l

XI 1. à

en

par Nicolas

1610, Majefté jufques hors la porte Saint An

Compl

bafladeurs é

Mercure Frangois 1610.

toine.

Sur la fin de l'année, le Roy reçut men des Am- les compliments des Ambaffadeurs extrangers à traordinaires des Princes étrangers, Ceux Lou's XII. du Roy d'Efpagne par le Duc de Feria, qui arriva le huit Septembre, & fut reçu par le Duc de Mayenne, accompagné de trois cens chevaux. Mylord Wouton fut envoyé de la part du Roy d'Angleterre, & apporta à Louis XIII, l'Ordre de la Jarretiere qu'il reçut, après Vêpres, avec les cérémonies ordinaires, le jour de Sainte Croix, dans I'Eglife des Feuillans à Paris. Le Comte de Buquoy complimenta le Roy de la part de l'Archiduc, & la République de Venife envoya les Seigneurs Nani, & Goffi, qui arriverent à Paris au mois d'Octobre, & Salüerent le Roy au nom de la Seigneurie. Le Duc de Savoye, le Duc de Lorraine, les Etats des Provinces-Unies, & les Princes Allemands envoyerent auffi des Ambaffadeurs, pour témoigner au Roy la part qu'ils prenoient à la mort du feu Roy fon pere, & le féliciter de fon heureux avenement à la Couronne.

Edits à la déchage du peuple,

Le Roy & la Reine Regente donnerent en cette année des Déclarations & des Edits, tant pour la sûreté publi

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