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1611. dre au Duc de Guife de fortir de fon Hôtel jufqu'à nouvel ordre; elle envoya même un Capitaine des Gardes pour s'affûrer de fa perfonne. M. de Soiffons alla fur les deux heures après dîné au Louvre, pour fe plaindre du procedé du Duc de Guife. On tint Confeil fur cette affaire, dont le résultat fut que la Reine parleroit à M. de Guife, & recevroit fa réponse, qui ferviroit de fatisfaction au Comte de Soiffons; mais comme on ne put convenir des termes pour empêcher le defordre qui étoit à craindre, on ordonna aux Bourgeois des environs du Louvre de prendre les armes. Le Duc de Mayenne étant venu au Louvre, la Reine fe plaignit de ce que ceux à qui fon fils payoit penfion, fe mettoient fi peu en peine de le fervir Qu'elle vouloit & entendoit que ce different fût promptement accommodé; que l'honneur des Princes du Sang fut confervé, & que quiconque se prenoit à eux, faifoit autant que s'il fe prenoit au Roy M. fon Fils. Le Duc de Mayenne eut beau apporter des raifons, & s'excufer, il fut obligé de dreffer un écrit, par lequel il fe chargeoit d'executer ce qui y étoit contenu, en l'abfence de Meffieurs de Soiffons & de Guife

Guife. En conféquence, le lendemain 1611
quatorze Janvier fur les deux heures
après midi, en préfence du Roy, de la
Reine, de tous les Princes & Seigneurs
de la Cour. M. de Mayenne dit en par-
lant à la Reine (pour M. de Guise),
Madame fur l'opinion que M. le Comte
de Soiffons à eie, que ce qui fe passa
Mardy a donné quelque occafion de fe
plaindre de moy, je puis afsûrer Votre
Majefté, que je n'ay eu nulle penfée ni
intention de lui en donner fujet, & ferois
très marri de l'avoir fait : au contraire,
je l'euffe rencontré je lui euffe rendu l'hon
neur qui lui eft dû, défirant demeurer for
très humble ferviteur.

La Reine répondit: Je fuis bien aife do ce que vous me dites, & en demeure fort contente. Sa Majefté députa fur le champ le Prince de Condé pour aller informer Le Comte de Soiffons de ce qui s'étoit paffé, & pour l'engager de fe conformer à fa volonté. Par ces tempéramens ce différend furent entiérement terminez.

Duc de Sully,

Bernard.
Malingra
Memoires due

Mercurt.

L'eftime & l'amitié que Henry IV. Disgrace din avoit eûes pour le Duc de Sully, lui, avoient attiré l'envie & la haine des au tres Courtifans. Le Chancelier, Ville roy, & le Préfident Jeannin, profitérent de la mort de ce Prince, pour ôter

Tome &

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Duc de Ro

han

1611. Sully des importans emplois dont if avoit été honoré. Le Prince de Condéà la follicitation du Duc de Bouillon fe déclara contre Sully, dans l'efpérance qu'on lui avoit donnée qu'il pourroit obtenir la confifcation de fes biens. La fierté & la hauteur de Sully, fa qualité de Proteftant furent les motifs dont on fe fervit auprès de la Reine pour l'éloi-gner des affaires de l'Etat, & pour engager cette Princeffe à demander sa démillion du Gouvernement de la Bastille, & de la Charge de Surintendant des Finances. Sully en lui envoyant fa démisfion, lui écrivit une longue lettre pour juftifier fa conduite, dans laquelle il fait valoir les fervices qu'il avoit rendus à l'Etat. Enfuite il quitta la Cour au commencement de Février, & fe retira en fon Château de Sully fur Loire. On ne fit point de Surintendant des Finan-ces. Les Préfidens Pierre Jeannin, Cha teauneuf, & de Thou, furent nommez Directeurs des Finances. De Thou re

Vie de du Plaffis Mor

fufa cet emploi. Jeannin fe contenta du titre de Contrôlleur Général des Finances, & ne voulut point accepter celui de Surintendant.

Le Duc de Bouillon non content que nay. Sully fût dépouillé de fes Charges, vouMemoires du loit encore le perdre abfolument, il

même,

han. Memoires d

cherchoit les moyens de lui faire faire 1611. fon procès. Il crut qu'en obtenant une Affemblée générale des Prétendus Ré- Memoi es du formez, il viendroit à bout de fon def- Duc de Ro fein, qu'à fa follicitation le parti Protef Me tant abandonneroit Sully, & qu'enfuite Tems. il pourroit fûrement lui faire fon procès. Il fe flattoit même d'avoir affez d'autorité dans cette Affemblée pour se faire craindre à la Cour. Il engage le Maréchal de Lefdiguiere & Dupleffis Mornay d'entrer dans fes vûës. En conféquence Villarnoul & Mirande députez de ceux de la Religion Prétendue Réfor mée auprès du Roy & de la Reine, follicitent une permiffion pour ceux de leur Religion, de tenir une Affemblée géné-rale pour l'élection de leurs Députez en Cour. Ils l'obtiennent enfin, & le Brevet en fut expédié à Reims le dixième Octobre 1610. par lequel le Roy leur permet de s'affembler à Châteleraut,, & d'y indiquer leur Affemblée générale au 15, May, 1611. Et cependant de tenir en chaque Province des Affemblées préliminaires pour fe préparer à la géné-rale. Afin qu'il y eût plus d'uniformité dans les réfolutions des Affemblées Provinciales, on convint d'envoyer des Memoires contenans les chefs fur lef quels il falloit délibérer. Dupleffis Mo

de

1611. nay fut chargé de les dreffer, & Meffieurs de Lefdiguiere & Bouillon les envoyerent dans les Provinces. Afin de rendre cette Affemblée célébre, les Prétendus Réformez priérent les Seigneurs de leur Religion de vouloir bien y affifter. Meffieurs de la Trimoüille Rohan, de Bouillon, Sully, Lefdiguiere, Soubize, de la Force, Dupleffis & plufieurs autres, fe rendirent aux inftances qui leur furent faites fur ce fujet. Chacun des Députez s'acheminoit à Châtelleraut, forsqu'il arriva un nouvel ordre de la Cour qui transferoit l'Affemblée à Saumur, & la fixoit au Affemblée 25. May. Bouillon avoit follicité ce fePrétendus cond ordre, donné à Fontainebleau le 2. Saumur. May 1611. fous prétexte que Châtelle

Réformez à

raut étoit dans le Gouvernement du Duc de Sully, qui auroit par là eu trop d'autorité dans le Synode. Les Députez, fe rendirent à Saumur, à l'exception de deux ou trois, du nombre defquels le Duc de Bouillon étoit. Comme ce Duc étoit abfent pour des affaires qui regardoient le bien des Eglifes Pré-tendues Réformées, on differa l'Affemblée d'un jour. Bouillon arriva le 26. May à Saumur, & courut fur le champ chez Dupleffis Mornay. Il fut furpris d'apprendre que l'on s'en tenoit à fon

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