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Hiftoire de

1610. ferma, mît un Exempt & vingt Gardes à la porte & leur défendit de l'ouvrir à Matth.eu qui que ce fût. Il fit auffi fermer les Louis X111. portes du Louvre, dont il ne laiffa qu'un guichet ouvert & bien gardé. Il courut chez les Ambaffadeurs d'Efpagne & de Flandres, les prier de trouver bon que l'on mît des Gardes à leurs portes, pour les mettre à couvert des infultes du peuple, & envoya des Gardes Suiffes chez Arbaud Tréforier de l'Epargne, qui avoit plus de deux millions dans fes coffres, & chez Puget, chargé des deniers qui devoient fervir au voyage que Henry IV. projettoit de faire en Allemagne.

Matthien Hiftoire de

M. les Ducs de Guife & d'Epernon Louis XIII. furent chargez de monter à cheval & d'y faire monter le plus de Nobleffe qu'ils pourroient, & de dire par la Ville que le Roy n'étoit que bleffé, afin d'em, pêcher par ce moyen les tumultes qui auroient pû arriver.

Mercure

François 1610.

Le Duc de Guife marcha droit à la Maifon de Ville, où le Duc d'Epernon arriva peu de tems après. Ils exhortérent l'un & l'autre, Sanguin Prevôt des Marchands, les Echevins & les Bourgeois à être fideles à leur nouveau Roy.

Nicolas le Jay Lieutenant Civil, & Sanguin Prevôt des Marchands vinrent ay Louvre, où ils eurent ordre de faire

fermer les Portes de la Ville, de s'empa- 1610. rer des clefs, de fe faire fuivre de leurs Officiers, afin d'empêcher l'émotion populaire que l'on craignoit. Ils obéirent & affurérent le peuple que la bléffure du Roy n'étoit rien. On manda auffi les Gardes des Fauxbourgs, qui coururent confufément au Louvre & penférent caufer de grands troubles, du moins épouvantérent-t'elles le peuple qui auroit infulté les Ambaffadeurs d'Efpagne & de l'Archiduc (foupçonnez de n'être pas amis de la France) fi le Prevôt de Paris ne l'avoit retenu dans le devoir. Enfin le Prevôt des Marchands & le Lieutenant Civil donnérent de fi

bons ordres, l'un aux Capitaines des Quartiers, l'autre aux Commiffaires, Archers & Huiffiers de fe tenir prêts qu'il n'y eut aucune émotion dans la Ville.

genre par le

Du Pleix

Le Chancelier envoya Meffieurs de La Reine Caumartin & de Boiffize Confeillers déc arée Red'Etat,au Parlement, qui étoit alors af- Parlement. femblé aux Auguftins (parce que le Hiftoire de Palais étoit occupé pour la cérémonie Louis XI du feftin que l'on devoit faire à l'entrée de la Reine) pour avertir M. de Harlay Premier Préfident, de faire affembler fur le champ toutes les Chambres. Il le fit auffi-tôt, & le Parlement

y

1610. donna un Arrêt fur la Requête du Pro cureur Général le 14. May 1610. par La Guelle. lequel la Reine fut déclarée Régente; Relation de & chargea les Préfidens Potier & de ee qui s'eft paßé au Par Thou, quatre Confeillers de la Cour

hement.

ment du Duc

de Sully.

& le Procureur Général, d'aller au Lou-
vre donner avis à la Reine de cet Arrêt.
Elle le reçut favorablement, & M. le
Chancelier avertit le Procureur Géné-
ral

que leurs Majeftez iroient le lende-
main au Parlement. Le Procureur Géné-
ral fit faire, pendant la nuit, tous les
préparatifs neceffaires.

Le Duc de Sully Sur-Intendant des Défiance & Finances, Grand Maître de l'Artilleaccommod:- rie de France & Gouverneur de l'Arfenal, qui avoit toujours été bon ferviteur du Roy défunt, fur la nouvelle que le Roy étoit bleffé, fortit de l'Arfenal pour s'en aller au Louvre. Mais ayant appris que le Roy étoit mort, & craignant qu'on n'eût quelque deffein contre lui, il s'en retourna à l'Arfenal. En chemin il rencontra Baffompiere avec quelques Cavaliers, & fe mêla de les exhorter d'être fideles au Roy Louis XIII. Baffompiere lui répondit brufquement: Memoire de C'eft nous qui faifons faire ce ferment aux Baffempierre autres, nous n'avons pas besoin d'exhortateurs fur une chofe à laquelle nous fommes fi fort obligez. Cette réponse, & peut

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16.10.

Louis XIil.

être ce qu'il apprit, que l'on avoit confeillé à la Reine de s'affurer de fa perfonne, parce qu'il avoit en main l'argent du Roy, l'artillerie du Royaume & la Baftille, lui donna de l'inquiétude, & lui fit prendre des précautions, de crainte qu'on ne le dépouillât de fon Gouvernement, & que l'on ne fe faisît de l'Arfenal & de la Baftille. Il fit enlever tout le Matthien, pain qui étoit aux halles, & chez les Bou- Hiftoire de langers, & dépêcha en diligence un courier au Duc de Rohan fon gendre, qui Merc. 1610. étoit Colonel des Suiffes, pour le prier de s'approcher inceffamment de Paris avec fix mille hommes qu'il commandoit en Champagne. La Reine qui avoit tout à craindre du mécontentement d'une perfonne auffi puiffante & auffi accréditée que l'étoit Sully, le fit prier par le Duc de Guife de venir au Louvre. Bethune joignit inutilement fes inftances à celles de ce Duc. Ils eurent beau le preffer d'aller au Louvre ; ils ne purent obtenir de lui qu'une promeffe de s'y rendre le lendemain, fur l'affurance que Guife lui donna qu'il le viendroit prendre, & qu'il perdroit la vie lui & fes amis avant de fouffrir qu'il lui fût rien fait. La Reine ne voulut pas que le Duc de Guife allât le chercher le lendemain, de peur que grand nombre de perfonnes qui l'accomTome I.

A iiij

le

IGIO.

Merc. 1610..

pagnoient dans Paris ne fît naître quelques foupçons, & ne donnât lieu à quelque révolte. Elle y envoya M. de Crequi, qui emmena le Duc de Sully au Louvre. Villeroy qui avoit engagé la Reine à lui faire beaucoup d'accueil, fut ravi de voir les careffes que cette Princeffe lui fit; elle l'embraffa & le conjura de fervir le Fils & la Veuve avec la même af-. fection qu'il avoit fervi le Pere. Sully charmé de cette reception, contremanda le Duc de Rohan, qui s'étoit approché à une journée de Paris.

Tous les Princes, Officiers de la Couronne, & Gouverneurs de Provinces & places Frontieres qui étoient à Paris, vinrent au Louvre faluer le Roy & la Reine; plufieurs d'entr'eux eurent ordre de fe retirer en diligence dans leurs Gouvernemens pour prévenir les tumultes qui pouvoient arriver.

De toutes les portes de Paris, il n'y eut pendant cette nuit que la Porte S.Jacques & la Porte S. Martin qui rettérent ouvertés. Elles furent gardées chacune par un t Echevin, en forte que perfonne ne fortoit de Paris qu'il n'eût un ordre de la Reine, vifé du Prevôt des Marchands, 2 Relation de qui refta toute la nuit à l'Hôtel de Ville. ce qui s'eft poffe an Para Le lendemain quinziéme May, lement le Sa toutes les Chambres s'affemblérent aux. medi 15. May

1610.

Auguftins en robes & chaperons d'é

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