PREFACE. IEN n'eft plus intéreffant R que l'Hiftoire de chaque Nation pour ceux qui en font membres, Tous les hommes fouhaitent naturellement de fçavoir ce qui fe paffe dans l'Etat où ils vivent, ils y ont interêt, & quand même ils n'y en auroient pas, la curiofité les y porte avec beaucoup plus d'ardeur, qu'à ce qui regarde les affaires étrangeres. Celles du tems font l'occupation de la plûpart des hommes, qui n'ont point de plus grand plaifir, que de s'entretenir de nouvelles. Au défaut des affaires préfentes, celles qui fe font le plus récemment paffées dans la Nation font les plus agréables & celles qui touchent le plus. C'est ce qui a fait croire qu'une Hiftoire du Regne de LOUIS XIII. Roy de France, feroit bien reçûë du public, d'autant plus qu'il n'y en a point encore eu jufques ici qui puiffe le fatisfaire. Les Auteurs qui ont écrit l'Hiftoire générale de France, comme Mezeray & le Pere Daniel, en font demeurez à LOUIS XIII. Ceux qui ont écrit ce qui s'étoit paffé fous le regne de ce Prince, l'ont fait fort imparfaitement & fuivant les préventions qu'ils avoient & les interêts des partis aufquels ils étoient attachez. Les uns n'ont eu en vûë que de juftifier & de loüer les Miniftres. Du Pleix eft de ce genre. Cet Auteur dont la plume étoit vendue au Cardinal de Riche lieu, a affecté par tout une fi baffe flatterie pour ce Miniftre, & une partialité fi grande contre la Reine Marie de Medicis, d'ailleurs fon Hiftoire eft fi peu exacte dans les dattes, dans les noms & dans les تو circonftances des faits qu'il rappor te, que l'on ne peut y ajouter aucune foy. Baffompierre a relevé dans fes Remarques quelques-unes des fautes & des infidelitez de cet Hiftorien mais il eft lui-même trop partial dans fes Memoires pour le gouvernement de la Reine mere de Louis XIII. Je ne parle point de ceux qui ont écrit pour ou contre cette Princeffe. Quelques Hiftoriens affectionnez à LOUIS XIII. ont affecté de ne rapporter que les évenemens aufquels ce Prince avoit eu part, fans parler des actions de fes Généraux, très confidérables neanmoins dans l'Hiftoire de ce regne. Les Memoires particuliers de différens Auteurs qui ont fait la Vie des grands Hommes de ce tems-là, ne contiennent que les louanges de leurs Heros & les faits qui les regardent. Les libelles publics publiez fous ce regne, font pleins ou de fiel & d'amertu me, ou de calomnie & de malignité. Enfin il n'y a eu encore jufqu'à préfent aucune Histoire complete du regne de LOUIS XIII, Car pour celle du fieur le Vaffor, qui a été imprimée en Hollande, on ne peut la regarder que comme une mauvaise rapfodie de certains Memoires du tems, jointe à des réflexions envenimées contre les regnes de LOUIS XIII. & de LOUIS XIV. indignes, je ne dis pas d'un François de nation, mais même d'un honnête homme de quelque nation qu'il fût : Réflexions qui ont attiré à l'Auteur l'indignation de tous ceux qui fçavent le refpect qu'on doit aux têtes couronnées. Quand nous avons entrepris de faire une Hiftoire du regne de LOUIS XIII. nous nous fommes propofez de rapporter tous les fairs avec fincerité & avec exactitu de fans prévention & fans interêt. Quoique bons François & bons ferviteurs de ces Rois, nous nous fommes dépoüillez, pour ainsi dire, de ces qualitez, & nous nous fom mes uniquement attachez à la verité, & même nous ofons l'avancer, à dire toutes les veritez. Regles les plus effentielles à un bon Historien, mais peu obfervées. Pour trouver & embraffer cette verité, deux chofes font neceffaires, l'exactitude dans la recherche des faits, & le défintereffement dans la narration. A l'égard des faits, pour les rapporter fidélement & n'en omettre aucun, nous avons recueilli avec tout le foin poffible les Hiftoires générales & particulieres, les Memoires tant imprimez, que manufcrits qui fe trouvent dans les Bibliotheques, & fur tout dans celle du Roy, que M. Boivin nous a bien voulu communiquer, & dans celle de l'Abbaye de fainte Geneviève, dont les Peres Gillet & Corroyer Bibliothequaires, nous ont aidé leurs foins. Après avoir lû exactement ces Hiftoires & ces Memoires, nous avons tâché de nous atta par á iiij |