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bles, en obfervant de qui, combien & jufqu'à quel temps ils recevront. De qui? du riche, & non pas du

pauvre, Combien? des fommes raifonnables & non pas outrées. Jufqu'à quel temps? Jufqu'à ce qu'ils ayent acquis un bien qui leur donne l'honnête néceffaire *ceffant après cela de rien recevoir. O qu'il feroit à fouhaiter que ces maximes du vieux temps revécuffent autant de nos jours qu'y revivent en gloire ceux qui 'les ont écrit!

XLV.

Qui a defir d'exploiter fa proueffe,
Dompté fon ire, & fon ventre, & ce feu
Qui dans nos cœurs s'allume peu à peu,
Soufflé du vent d'erreur & de pareffe.

Ce feu qui s'allume au vent de l'erreur & de la paresse, c'eft la concupifcence. On croit qu'il eft permis de fuivre fes defirs, quand ils ne font pas abfolument déreglés, on fe trompe : pour triompher des grandes paffions, il faut vaincre les foibles. La parese les fait fouvent naître en nous ces paffions violentes. Le feul moyen de les vaincre

eft

eft donc d'être toujours occupé. Toute notre vie est un vaiffeau, elle a befoin de charge pour réfifter aux tempètes.

XLVI.

Vaincre foi-même eft la grande victoire;
Chacun chez foi loge fes ennemis,
Qui par l'effort de la raifon foumis,
Ouvrent l'entrée à l'éternelle gloire.

, pro

Vaincre foi-même eft la grande victoire. Un Ancien a dit (Ciceron Marc. Marcel.) que fe vaincre foi-même će n'eft pas feulement reffembler aux Grands Hommes, mais à Dieu 1 même. Or fi un Payen avoit une fi haute idée de cette victoire, que ne doit pas faire pour la remporter un Chrétien, dont la récompenfe eft auffi durable que celle de ce Payen étoit paffagére!

XLVII.

Si ton ami t'a porté quelqu'offenfe,
Ne va foudain contre lui t'irriter;

Ains doucement pour ne le dépiter,
Fais-lui ta plainte & reçois sa défense.

Fais-lui ta plainte & reçois fa défenfe.

D

LES QUATRA INS Dieu feul pourra nous condamner fans nous entendre, parce que connoissant le fonds des cœurs, il connoît les motifs de nos actions, Il eft même inutile, dit le Sage, que nous nous juftifions. devant lui (E cli. 7. 8.) mais il n'en eft pas ainfi de l'homme, comme l'erreur eft fon partage, il faut qu'il écoute toujours avant de juger.

XLVIII.

L'homme eft fautif, nul vivant ne peut dire
N'avoir failli, ès hommes plus parfaits,
Examinant & leurs dits & leurs faits,
Tu trouveras, fi tu veux, à redire.

Nul vivant ne peut dire n'avoir failli. C'est ce que nous déclare celui-là même qui repofa dans le fein de JesusChrift. Si nous difons, dit-il, que nous fommes fans péché, nous nous trompons. (1. loan. 1. 8.) La charité eft grande dans les uns & moins grande dans les autres. Mais perfonne ne la poffede fur la terre dans fa plénitude & dans fa perfection. Autant donc qu'elle peut être augmentée, autant celui à qui manque cet accroiffement eft défectueux.

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Voi Phypocrite avec fa trifte mine,
Tu le prendrois pour l'aîné des Catons,
Et cependant toute nuit à tâtons,
Il court, il va pour tromper fa voifine,

Voi l'hypocrite avec fa trifte mine. Le propre de l'hypocrifie eft de paroître en faifant le bien devant les hommes, & de s'égayer en faisant le mal à tatons, c'est-à-dire, en fecret. La vraie vertu au contraire, montre un air content dans la pratique du bien, & gémit en fecret fur fes imperfections. C'est donc avec raifon que Jefus-Christ compare les hypocrites à des fépulcres blanchis au-dehors: Ils paroiffent beaux aux yeux des hommes, mais audedans ce n'eft qu'infection & pourriture. (Matth. 23. 27.)

Tu le prendrois pour l'aîné des Catons. L'Hiftoire fait fur-tout mention de quatre Catons. Le premier eft Caton l'ancien, furnommé le Cenfeur à caufe de la févérité avec laquelle il exerça la Cenfure. Le fecond, qui étoit fon fils, fervit fous Paul Emile dans la guerre

de Macedoine, & y donna des marques de bravoure, qui méritérent que ce Général lui fit époufer fa fille. Le troifiéme eft Caton d'Utique, ainsi nommé de la ville d'Utique en Afrique, où il fe tua, pour ne pas tomber entre les mains de Cefar, peu de temps après la bataille de Pharfale. Il étoit arriére petit-fils de Caton l'ancien ; & dès l'âge le plus tendre, il avoit tant d'amour pour la République, que n'ayant encore que quatorze ans il demanda une épée pour tuer le Tyran Sylla. Le quatriéme Caton étoit d'une autre Famille & vivoit vers l'an 700 de Rome. Il étoit Poëte, & nous a laiffé plufieurs Ouvrages, entre lefquels il ne faut pas compter les Diftiques qu'on nomme communément de Caton, & que les judicieux Critiques attribuent à quelque Chrétien.

L.

Cacher fon vice eft une peine extrême, Et peine en vain: fais ce que tu voudras A toi au moins cacher tu ne pourras ; Car nul ne peut fe cacher à foi-même. Cacher fon vice eft une peine extrême ;

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