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falaire temporel. A plus forte raifon dis-je, celui-là fera-t-il maudit de Dieu jufte, qui aura commis l'injuftice de retenir le falaire de l'ouvrier, injustice criante devant Dieu & devant les hommes.

LXV.

Ne te parjure en aucune maniére,
Et fi tu es contraint de faire ferment,
Le ciel ne jure, ou l'homme, ou l'élément,
Ains par le nom de la caufe premiére.

Ceci n'eft qu'un abregé du précepte plus étendu que fait J C. fur la matiére du ferment. Vous avez appris, dit-il, qu'il a été dit aux anciens Juifs (Exod. 20. 7.) vous ne vous parjurerez point, mais vous vous acquitterez envers le Seigneur des fermens que vous avez fait. Et moi je vous dis, que vous ne juriez en aucune forte; ni par le ciel parce que c'eft le Trône de Dieu; ni par la terre, parce qu'elle eft fon marchepied; ni par Jérufalem, parce que c'eft la ville du grand Roy; ni par votre tête, parce vous n'en êtes pas le maître mais contentez-vous de dire: Cela eft, ou cela n'eft pas; car ce qui

eft de plus reffent une foible cause, qui pour devenir meilleure, a besoin de l'appui du jurement. (Matth. 5. 33. & feq.) D'où on peut voir combien la Loi nouvelle eft plus parfaite que l'ancienne. Dans l'ancienne Loi il n'étoit pas plus permis que dans la nouvelle de fe parjurer; c'eft-à-dire, de ne pas s'acquitter des fermens que l'on avoit faits. Mais dans la nouvelle aucune forte de jurement n'eft permife. La Loi avoit ordonné par indulgence aux Juifs de ne jurer que par le Seigneur : parce que de même qu'on les détournoit d'immoler des victimes aux faux Dieux en les engageant d'en immoler au vrai Dieu; auffi on leur permettoit dans la même vûe de jurer par fon nom facré, parce qu'il valoit mieux qu'ils juraffent par le Dieu vivant que par les Démons. Mais cette permiffion, ainfi que toutes les licences, étant fortie de fes bornes, ils s'ac coutumérent infenfiblement de jurer par les élémens,parles Anges, par la ville de Jérufalem, par le Temple; & par cet abus ils rendoient aux créatures une efpéce de culte divin. C'est pourquoi J.C. leur défend de jurer en aucune

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maniére cela eft ou cela n'est pas; voila tout ce que J. C. leur permet ; parce que la vérité de l'Evangile étant venu perfectionner la Loi de Moyfe, & lui donner fon dernier accompliffement, elle doit exclure toute espéce de jurement de la bouche des Chrétiens, à qui une entiére fincérité doit tenir lieu de toute affurance. Non pas que cette régle s'étende jufqu'aux Tribunaux civils & publics, où le ferment eft quelquefois exigé, & fert à fonder des Jugemens. Car alors c'eft moins un jurement qu'une affurance & un témoignage public de la vérité. C'eft une néceffité requife, qu'on peut même appeller fâcheufe; puifque d'un côté elle fait injure à l'homme dont le plus beau caractere devroit être la véracité; & de l'autre elle vient de la foibleffe de ceux à qui on eft obligé de perfuader par des fermens la vérité de ce qu'on avance.

LXVI.

Car Dieu qui hait le parjure exécrable,

Et le punit comme il a mérité,

Ne veut que l'on témoigne vérité
Par ce qui eft menfonge & muable.

Voila donc la raison pour laquelle Dieu ne veut pas que l'on jure, par le ciel, par le temple, par foi-même : parce que toutes ces chofes étant muables par elles-mêmes, elles ne peuvent conftater la vérité. Dieu feul eft invariable & immuable, par conféquent Dieu feul doit être le fceau de la vérité. Non pas cependant qu'il foit permis de s'en fervir pour attefter toute vérité; ce ne doit être qu'en cas de néceffité, & de néceffité juridiquement requife: car autrement ce feroit employer en vain le nom de Dieu, emploi dont Dieu même fait une expresse défense. ( Exode, 20, 7.) ́.

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LXVII.

Un art fans plus en lui feul t'exercite,
Et du métier d'autrui ne t'empêchant,
Va dans le tien le parfait recherchant ;
Car l'exceller n'eft pas gloire petite.

V'a dans ton métier le parfait recherchant. Le feul moyen d'acquerir une fcience ou un art eft de ne fe proposer aucunes bornes. Quelque progrès que l'on ait déja fait, fi l'on fe dit à foimême c'eft affez, bientôt on fe trouve éloigné du but. Si en vifant à la perfection, on y arrive rarement, en n'y vifant pas, combien s'en éloigne-t-on? Il faut regarder l'efprit de l'homme comme un arc dont la fléche retombe toujours; il faut tirer haut pour toucher au but.

LXVIII.

Plus n'embraffer que l'on ne peut eftraindre, Aux grands honneurs convoiteux n'afpirer, Ufer des biens & ne les défirer:

Ne fouhaiter la mort & ne la craindre.

Ne fouhaiter la mort ni ne la craindre.

Ces

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