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Confeiller, il fut élu Juge Mage de cette ville. Quelque temps après le Roy Charles IX. le choifit pour être un des Ambaffadeurs qu'il envoya au Concile de Trente, où il foutint avec vigueur les intérêts de la Couronne, & les Priviléges de l'Eglife de France. Revenu de cette glorieufe Commiffion, il fut nommé en 156.5 Avocat Général au Parlement de Paris, & fut le premier qui introduifit la véritable éloquence dans le Barreau. Le Duc d'Anjou ayant été élu Roy de Pologne, Charles I X. voulut que le Sieur de Pibrac l'accompagnât dans ce voyage. Henry III. lui donna en 1577 une Charge de Préfident au Mortier, & la Reine de Navarre & le Duc d'Anjou le choifirent pour leur Chancelier. It mourut à Paris âgé de cinquante-fix ans le 27 May 1584, & fon corps fut en

terré aux Grands Auguftins, où Michel du Faur fon fils a confacré à fa mémoire un Tombeau que le Public verroit encore avec refpect, fi ces RR. PP. ayant fait relever leur Eglife, n'avoient pas comme enterré ce précieux dépôt dans une Arriére-Sacriftie. Voici cependant ce que j'ai tiré de ces ténébres.

Au Frontifpice du Tombeau font ces paroles:

Tumulus Vidi Fabri Pibracii. En face eft un marbre noir fur lequel eft gravé en lettres d'or un abrégé en latin de tou tes fes actions les plus mémorables, & qui font les mêmes que nous venons de rapporter *. Autour de ce Tombeau font des planches de cuivre fur lesquelles font écrits plufieurs de fes Qua

Cette Infcription eft rapportée tout au long par Blanchard, dans fon Hiftoire des premiers Préfidens du Parlement de Paris, à la Généalogie de la Maifon de du Faur.

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font ces quatre vers:

Pibrac dont l'honneur & la gloire.

Eclate par tout l'Univers,

Ne veut ni profe, ni des vers
Pour en conferver la mémoire.

En effet, après tant d'exploits dans une vie fi courte, il ne seroit pas étonnant que ce' grand Homme ne nous eût laiffé que fa mémoire précieuse; & ne pourroit-elle pas nous tenir lieu des plus grands ouvrages?Cependant nous avons de lui plufieurs Vo lumes de Plaidoyers, de Harangues & de Lettres Latines & Françoifes. Mais c'eft principalement par fes Poëfies qu'il a furvécu à lui-même ; & on peut même dire que les Quatrains connus fous fon nom, & dont nous donnons une nouvelle Edi

*

*On peut en voir le Catalogue dans le Pere Niceron, Tom. 34. de fes Mémoires, pag, 232. & les fuivantes.

tion, ne font

que

les fruits de

fes doctes récréations.

Ce font des vers moraux qui contiennent des inftructions également utiles & agréables. Le style en étoit pur & beau dans le temps de leur compofition, & l'on peut dire que cet Ouvrage a été comme l'Instituteur de la jeuneffe de France jufqu'au temps de nos derniers Peres; c'eft àdire, jufqu'au milieu du feiziéme fiécle, qu'il s'eft vû comme relégué à la campagne par les Réformateurs de notre Langue. Mais, comme le remarque un fçavant* Critique, cette difgrace qui lui eft commune avec les meilleurs Livres écrits en notre Langue au fiécle paffé, n'a rien diminué de fon prix. Les maximes de la Morale ne font point fujettes à la viciffitude des

* Baillet: Jugement des Sçavans, Tom. 4, n.

1.3.3.1.

temps; elles font de tous les âges; elles font immortelles, & diftinguées par là des autres Ecrits en langue vulgaire qui ne font recommandables que par la beauté du ftyle, & qui par conféquent n'ont ni défenfe, ni protection contre le caprice des hommes, & l'inftabilité des langues vi

vantes.

Il eft cependant à propos de' prévenir ici une objection qu'on pourroit faire fur ces Quatrains. On y voit régner, il eft vrai, le bon fens & le jugement du Poëte: on y trouve le goût des Anciens avec une véritable érudition. On y remarque même un fond de Religion qui fert de bafe aux fentimens d'honneur. Mais

tout y eft-il pur & irrépréhenfible: Tout y eft-il dans la févérité du Chriftianifme & dans l'exactitude de l'Evangile?

Je conviens qu'il y a quelques

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