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Chez MICHEL BRUNET, grand Salle du Palais, au Mercure Galant.

M DCC XXIV.

AVEC PRIVILEGE DU ROT

HARVARD COLLEGE

LIBRARY

1910

PREFACE

E fais à peu près dans le même cas où fe trouva Ciceron, lors qu'il entreprit de mettre en fa Langue des matieres de Philofophie, qui jufque-là n'avoient été traitées qu'en Grec. Il nous apprend qu'on difoit que fes Ouvrages feroient fort inutiles parce que ceux qui aimoient la Philofphie s'tant bien donné de la peine de la chercher dans les Livres Grecs, negligeroient après cela de la voir dans les Livres Latins, qui ne feroient pas Originaux, & que ceux qui n'avoient pas de goût pour la Philofophie ne fe foucioicnt de la voir ni en Latin

ni en Grec.

Acela il répond qu'il arriveroit tout le contraire, que ceux qui n'étoient pas Philofophes feroicnt tentez de le deve

A

nir par la facilité de lire les Livres Latins; & que ceux qui l'étoient déja par la Lecture des Livres Grecs, feroient bien-aifes de voir comment ces chofcs-là avoient été maniées en Latin. Ciceron avoit raifon de parler ainfi. L'excellence de fon génie, & la grande réputation qu'il avoit déja acquife, lui garantifoient le fuccès de cette nouvelle forte d'ouvrages qu'il donnoit au Public; mais moi, je fuis bien éloigné d'avoir les mêmes fujets de confiance dans une entreprise pareille à la fienne. J'ai voulu traiter la Philofophie d'une maniere qui ne fût point philofophique; j'ai tâché de l'amener à unpoint,où elle ne fût ni trop feche pour les Gens du monde,ni trop badine pour les Sçavans. Mais fi on me dit à peu prés comme à Ciceron, qu'un pareil Ouvrage n'est propre ni aux Sçavans, qui n'y peuvent rien apprendre, ni aux gens du monde, qui n'auront point d'envie d'y rien apprendre, je n'ai garde de répon dre ce qu'il répondit. Il fe peut bien

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