JE SCENE VI. THETIS ET PELEE. PELE' E. E viens de foûtenir le spectacle fatal Vos plus tendres regards ne me font-ils pas dûs? THE TI S. Perdez une crainte importune, Je viens d'apprendre encor que mes foibles attraits Vous donnent un Rival plus puiflant que Neptune, Et mon cœur eft à vous plus qu'il n'y fut jamais. PELE'E. Ah! Jupiter eft ce Rival terrible. THETI S. C'eft lui qui va m'offrir des foupirs fuperflus. PELE' E. Quoi! Jupiter pour vous eft devenu fenfible? Daignez me pardonner ma crainte & mes allarmes, Je me plaindrois de l'excès de vos charmes, THETI S. Vous remportez des victoires nouvelles ; Je ne fuis qu'un Mortel, c'eft en vain que j'efpere; Que je fuis un temeraire D'ofer être votre Amant. THE TI S. Dans l'empire d'Amour on tient le rang fuprême, Un mortel qui fe fait aimer, Dans l'empire d'amour on tient le rang fuprême, Lorfque j'obtiens de vous un fi doux facrifice, THETIS & PELE E. Contre de fi beaux feux ? Helas! quelle injustice ! Les plus rendres amours font les plus malheureux. Y THE TI S. Redoublons, s'il fe peut, notre ardeur mutuelle, Par notre amour tâchons à furmonter La fortune cruelle. THETIS & PEL E'E. Aimons, c'eft le feul bien qu'on ne peut nous ôter. doux, Je doute que Pelée ait de l'amour pour vous. Son feu, s'il vous aimait, craindroir moins de paroître, Ses foins feroient plus empreffez; Il vous tient des difcours douteux, embaraffez, L'Amour par fes regards ne fe fait point connoître; On l'apperçoit bien mieux Dans votre bouche & dans vos yeux. DORIS. Non, j'aime trop pour m'y pouvoir méprendre. Des foins toûjours craintifs, un timide embarras, Sont les effets de l'Amour le plus tendre; C'eft en foûpirant tout bas Qu'il fe fait le mieux entendre. CIDIPPE. On croit facilement qu'on infpire les feux On fe flate fi-tôt qu'on aime, Et tout paroit amour à des yeux amoureux. DORIS. Pelée aime en fecret, tout marque fa tendrefle, A quel Objet fes væœux pourroient-ils être offerts? Il voit fouvent Thetis, mais le foin qui le prefle Eft de fervir le Dieu des Mers, Il n'eft pas fon Rival auprès d'une Déeflè. Tout femble déclarer Que c'eft moi qu'il adore; CIDIPPE. Ne ferai-je point trop fincere, D'un fecret qui doit vous déplaire ? Pelée entretenir Thetis. Le hazard feul n'eût pû les y conduire, Sans entendre leurs voix je sçûs assez m'inftruire Par leurs regards j'entendis leurs difcours. Il aimeroit Thetis? Ciel, cet affreux fupplice: SCENE II. THETIS, DORIS, CIDIPPE. DORIS. Eeffe, venez-vous fur ce bord écarté Rêver aux conquêtes brillantes - THE TI S. Ce qui peut les rendre charmantes Les Dieux ont peu d'amour, on ne doit point at tendre Que leur cœur tout entier s'en laisse poffeder, DORIS & CIDIPPE. Un tendre amour doit avoir l'avantage Le plus glorieux hommage. |