Imágenes de páginas
PDF
EPUB

D. A. vint en peu de temps un des preBRUEYS. miers & des plus fçavans du Con-fiftoire de Montpellier.

Il compofa alors plufieurs Ouvrages en faveur du Calvinifme; mais il fe defabufa peu après des idées qui l'attachoient à l'erreur, & embraffa en 1682. la Religion Catholi

que.

M. Boffuet, qui avoit contribué à fa converfion, le prefenta au Roi, qui le reçut avec bonté, & voulut: qu'il demeurât à Paris, pour y travailler à ramener dans le fein de l'Eglife fes freres errans.

Brueys, qui fe difpofoit alors à retourner dans fa patrie, fe conforma aux volontés de ce Prince, & fe li vra entierement à la Controverfe..

La mort de fa femme, arrivée quelque temps auparavant, lui laiffant la liberté de difpofer de luimême, il refolut d'entrer dans l'état Ecclefiaftique, comme le plus convenable au travail dont le Roi l'a voit chargé, & il reçut la Tonfure des mains de M.l'Evêque de Meaux,, dans le Seminaire de cette ville, en 1685,

[ocr errors]
[ocr errors]

per-

Le Clergé de France, en confide- D. A. ration des Ouvrages qu'il compofa BRUEYS. en faveur de la Religion Catholique, Jui accorda une penfion ; & le Roi y en joignit une autre de 5oo. livres. Son efprit vif & enjoué ne lui mit pas long-temps, de fe borner dans fes Ouvrages à des fujets auffi graves & auffi ferieux, que ceux qui concernent la Religion: il prit du: gout pour la Poëfie & pour les pieces de Théatre, & compofa Gabi-. nie, Tragedie Sainte, qui fut fuivie: de quelques autres.

L'amitié particuliere, qui le lioie avec Palaprat, qui avoit le même penchant que lui pour

9"

le Théâtre l'engagea auffi à compofer conjointement avec lui quelques Comedies. Il fe determina d'autant plus volontiers à travailler en focieté. avec lui, qu'il ne pouvoit fe livrer publiquement au penchant qu'il avoit pour les pieces de Théâtre, parce que ce travail s'accordoit peu avec la qualité de nouveau Converti, en faveur de laquelle on lui avoit accordé des penfions, qu'il étoit obligé de fe menager, comme les

D. A.

BRUEYS,

reffources les plus fûres qu'il pûe avoir, & encore moins avec celle d'Ecclefiaftique & de Controverfi

fte..

Ce qu'on dit dans le Mercure, pour le juftifier, qu'il à fait fes pieces de Théâtre dans fa jeuneffe, & qu'il ne les a regardées que comme un delaffement d'efprit, porte à faux: Car il avoit deja 42. ans, lorf qu'il vint à Paris en 1682. & ce ne fut que quelque temps après, qu'il commença à travailler pour le Théâ

tre.

Au reste c'étoit un homme d'un commerce agréable, qui fçavoit fe proportionner au genie de toutes fortes de perfonnes. Comme il avoir la vûe extrêmement baffe, il por toit prefque toûjours des lunettes, & même dans fes repas. Son ami Pa Laprat, avec lequel il a demeuré quelque temps, n'avoit gueres la vûe plus étendue que lui. On dit, que comme ils prenoient du Thé tous les matins, ils étoient obligés quelquefois d'attendre fur l'efcalier, que quelqu'un paffât, pour le prier de voir, i l'eau qu'ils avoient mife devant

devant le feu, boüilloit, afin d'y D. A. jetter le Thé.

Brueys fe retira trois ou quatre ans avant fa mort à Montpellier, où il avoit demeuré plufieurs années avant qu'il vint à Paris, & qu'il regardoit comme fa patrie, parce que c'étoit celle de fon pere. Il y reprit les mêmes travaux qui l'avoient occupé pendant fon féjour à Paris, confervant jufqu'à la fin de fa vie le feu, l'imagination vive, & le jugement folide, qu'on lui a toûjours

connu.

Il mourut dans cette ville le 25. Novembre 1723. âgé de 83. ans, laiffant quelques enfans dans une mediocrité de fortune, que fa probité & fon defintereffeinent n'ont jamais cherché à augmenter. Catalogue de fes Ouvrages.

1. Réponse au livre de M. de Condom, intitulé: Expofition de la Doctrine Catholique, fur les Matieres de Controverfe. Geneve 1681. in-12. It. La Haye 1681. in-12. Brueys voulut fe faire un honneur dans fon parti, en attaquant le livre de M. BofJuet; mais il parla un langage bien Tome XXXII,

E

BRUEYS.

D. A.

different dans l'Ouvrage fuivant

BRVEYS. qu'il publia pour rendre compte des raifons, qu'il avoit eûes d'embraffer la Religion Catholique.

2. Examen des Raifons, qui ont don né lieu à la feparation des Proteftans fait fans prevention fur le Concile de Trente, fur la Confeffion de Foy des Eglifes Proteftantes, & fur l'Ecriture Sainte. Paris 1683. in-12..

3. Défenfe du Culte exterieur de l'Eglife Catholique, où l'on montre auffi les défauts qui fe trouvent dans le fervice public de la Religion P. Reformée: avec la Refutation de deux Réponses faites à l'Examen des raifons, qui ont donné lieu à la feparation des Proteftans, où l'on répond principalement à ce que M. Jurieu a allegué con tre l'adoration du S. Sacrement de l'Eu chariftie, pour fervir d'inftruction aux Proteftans, & aux nouveaux Conver tis. Paris 1686. in-12. Le livre précedent n'eut pas plûtôt paru, qu'il fut attaqué par trois Auteurs differens, qui ne fe nommerent point dans les Ouvrages, qu'ils publicrent pour le refuter. Le premier fut Pierre Jurien, qui donna la fuite du

« AnteriorContinuar »