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liteffe, & pureté dans Patru:
abondance, & facilité dans Pel-
liffon: douceur, & nobleffe dans
Buffy: élévation, & force dans
Boffuet: élégance, & jufteffe dans
Fléchier graces,
Fénelon.

& variété dans

de

Je ne parle que de ceux qui ont écrit en profe; & c'est à deffein que je fupprime un détail, qui ne feroit pas moins glorieux à la Poé fie. Car fouffrez, MESSIEURS que l'Académie vous faffe part fa jufte douleur. Par les piéces qui ont été foumifes à notre examen, & dont il convient que je parle avec une candeur digne de la pla ce où j'ai l'honneur d'être affis, il nous paroit que la Poéfie fe foutient mais que l'Eloquence décline infenfiblement. On auroit pû, depuis quelques années, vous faire ce trifte aveu. Vous-mêmes, à la lecture des piéces que nous

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avions jugées les moins mauvaises, vous en avez fouhaité de meilleures : & plus d'une fois nous avons cru lire dans vos yeux, que le fouvenir de tant d'Orateurs célébres qui de nos jours ont été fi juftement admirez, vous faifoit déplorer le préfent, vous cffrayoit pour l'avenir.

Plus le mal continuë, plus il eft néceffaire d'en rechercher les caufes. A quoi donc l'attribueronsnous ? Au défaut d'émulation a Mais ce qui fait voir que l'émulation n'eft point refroidie, c'est que le nombre des piéces qui concourent pour nos Prix, a été auffi grand cette année, qu'il le fut jamais. Au défaut de genie? On auroit tort, certainement, d'en accufer les auteurs, dont nous venons d'examiner les ouvrages: & bien loin qu'ils manquent d'efprit, c'est un reproche que nous avons eu

fouvent à leur faire, d'en montrer plus qu'il ne faut.

ne

Je ne fais, MESSIEURS, fije me trompe; mais il me femble que la chute de l'Eloquence, s'il est vrai que nous en foyons menacez, pourra être imputée qu'au goût de nos jeunes Orateurs, qui fe plaifent à marcher dans une nouvelle route, inconnuë à nos péres, dont le bon fens avoit pris pour guide la faine Antiquité. Puisque la nature eft toujours la même, comment l'art, qui n'eft autre chofe qu'une imitation de la nature, ne feroit-il pas toujours le même ? Ainfi ne nous rebutons point d'établir toujours les mêmes principes, de rappeler fans ceffe les mê-mes régles. Peut-être nous fuffirat-il, pour acquérir des Démosthénes & des Cicérons, de montrer à une Jeuneffe laborieuse, & qui connoit le prix de la gloire, par

quel chemin ils Y font arrivez. Parler purement, c'eft la premiére loi de l'Orateur. Qui ne croiroit, je vous prie, qu'elle eft inviolablement gardée dans une nation, où l'on a eu tant de bons écrivains depuis un fiécle ? J'en reviens toujours à cette époque, qui répond à l'établiffement de l'Académie. Vous étes trop équitables, MESSIEURS, pour m'en faire un crime. Quand je dis que la pureté, que la perfection de notre langue eft l'ouvrage de nos premiers Académiciens, c'eft de quoi la Critique la plus maligne & la plus jaloufe tomberoit d'accord, comme d'une vérité purement historique, fi elle ne nous foupçonnoit pas d'en tirer des confequences qui flattent notre orgueil. Mais quelle nous rende plus de juftice. Quelle apprenne,car nous le penfons, & nous le publions, que notre re

connoiffance eft plus intéreffée que notre vanité, dans les loüanges que nous donnons nous-mêmes à nos ayeux. Plus nous exaltons leur mérite, moins nous piquons-nous de les valoir : & autant d'éloges que nous faifons d'eux, ce font autant d'inftructions pour

nous.

Qui ne croiroit, dis-je, que dans l'état où les veilles de nos péres ont mis la langue Françoife, il n'y a plus perfonne qui ne parle, qui n'écrive purement? Et cependant nos jeunes Orateurs ne font point fcrupule de s'en difpenfer. Je ne dis pas qu'il leur échape communément des fautes groffiéres. Auffi n'eft-ce pas dans l'obfervation feule des régles grammaticales , que nous renfermons la pureté du ftyle. Mais elle rejette abfolument tout ce qui n'eft pas françois, c'est-à-dire, toute ma

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