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les deux mille hommes de pied, à dix drachmes par mois pour chaque foldat enfin pour les deux cents che: vaux, douze talens, à trente drachmes par mois pour chacun d'eux.

Mais de pourvoir seulement aux vivres, c'eft peu, dira-t-on. Et moi, pourvû que notre armée n'en manque point, je fuis affûré que la guerre lui procurera d'elle-même tout le refte, fans que ni Grecs ni Alliez en fouffrent. Je m'embarquerai, fi l'on veut : & au cas que le fuccès me démente, ma tête en répondra.

Mais enfin, la fomme que j'ai dite, comment la faire ? Le voici.

[On lit ici le Mémoire de DémoAthéne fur le fubfide qu'il veut être ordonné & après la lecture, il reprend fon difcours.]

Telle eft, ATHENIENS, l'idée que j'ai conçûë. Quand vous irez aux opinions, arrêtez-vous au parti le plus avantageux, & faites qu'enfin on batte Philippe, non plus avec des decrets & des lettres feulement, mais à main armée.

Pour mieux délibérer, & fur cet

te guerre, & fur les préparatifs, il vous eft important, ATHENIENS, de confidérer la fituation du pays où il faut que vous portiez vos armes. Remarquez à cet égard, comme Philippe profite des vents & des faifons, pour l'arrangement de fes deffeins. Tandis que les vents (6) Etéfiens régnent, ou quand l'hiver eft venu, c'est alors qu'il ouvre la guerre, parce qu'il nous fait dans l'impoffibilité d'aller à lui. Vous avez donc befoin de troupes qui foient toûjours prêtes, toûjours à portée. Car de croire que dans l'occafion vous n'avez qu'à ramaffer des foldats, & les faire partir, c'eft vouloir n'y être jamais à temps.

Vous pourrez faire hiverner vos

troupes

(6) Vents du Nord, contraires par conféquent pour aller d'Athénes en Macédoine. Toutes les années réguliérement ils fe lévent* deux jours après que le foleil eft entré au figne du Lion; & ils régnent quarante jours de fuite. Ils fe calment toujours fur le foir, pour ne reparoître qu'avec l'aurore: & delà vient que fur mer on les appelle les dormeurs.

* Plin. II. 47.

troupes à Lemnos, à Thafe, à Sciathe, & dans les autres îles voisines qui ont des ports, abondance de vivres, tout ce qu'il faut à des gens de guerre.

Vos (7) vaiffeaux étant à l'abri dans ces ports, & vos foldats ne s'éloignant point des villes maritimes, il vous fera aifé de profiter du vent, pour mettre à la voile fans nul risque.

Quant aux entreprises, elles dépendent des conjonctures, & il faut s'en repofer fur celui que vous aurez revêtu de votre autorité.

Mais pour vous, ATHENIENS, VOᏙᏅ tre affaire eft d'accomplir ce qui eft porté dans le mémoire qu'on vous a Îû. Si vous faites les fonds que je demande,

(7) Wolfius dit fur cet endroit : Locus videtur corruptus, & vatem potius, quàm interpretem poftulare. Il rapporte enfuite la penfée de Mélanchton, celle de Paul Manuce, la fienne propre, & il ajoûte : Ego meam dubitationem, ac potius ignorationem ingenuè confiteor. Que cette candeur me charme dans un Savant! Pour moi, au milieu de ces ténébres je me fuis laiffe guider par M. Lucchéfini, & j'ai pris à peu près le fens qu'il propofe dans fes Notes fur la Traduction de Wolfius.

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demande, & c'eft par où il faut commencer: fi enfuite, quand vous aùrez votre infanterie, vos galéres, & votre cavalerie, vous exigez de toute l'armée, par une loi expreffe, la continuité du fervice: & qu'enfin vous faisant vous-mêmes les tréforiers & les diftributeurs de vos fonds, vous obligiez le Chef de vos Troupes à vous rendre compte de fa conduite: vous cefferez dès-lors, & de toûjours délibérer, & de ne rien faire.

Par-là, en même temps, vous retrancherez à Philippe le plus fort de fes revenus. Comment? En le mettant hors d'état de continuer fes pirateries, qui appauvriffent vos alliez, & qui lui apportent de quoi foutenir la guerre qu'il vous fait.

Que gagnerez-vous encore? De n'être plus expofez à fes infultes. Comme quand il furprit Lemnos & Imbros, d'où il emmena vos citoyens captifs. Comme quand à Gérefte, ayant enveloppé vos vaiffeaux, il fit des prifes ineftimables. Comme quand il defcendit à Marathon, &

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OR

vous enleva la Galére (8) facrée. Toutes ces infultes, vous n'avez pû les empêcher, parce que le fecours, que vous auriez eu deffein d'envoyer, feroit arrivé trop tard. Pourquoi vos (9) Panathénées & vos Bacchanales, dont la fomptuofité paffe tout ce qu'on voit ailleurs, & qui vous coûtent plus que jamais flotte ne vous coûta: pourquoi ATHENIENS, ces deux fêtes ne man

quent

(8) Ils avoient deux Galéres facrées, l'une defquelles paffoit pour être celle où Théfée s'étoit embarqué, lorfqu'il alla en Créte attaquer le Minotaure. On ne les faifoit voguer que pour de grandes caufes, & avec de grandes cérémonies. A la fuperftition près, ces deux galéres étoient à Athénes ce qu'est aujourd hui le Bucentaure à Venise.

(9) Panathénées, fêtes en l'honneur de Minerve, Déeffe tutélaire d'Athénes, & de toute l'Attique.

Bacchanales, fêtes, comme on le voit affez par leur nom, en l'honneur de Bacchus.

Tant d'auteurs nous ont décrit les unes & les autres, que ce feroit peine perduë de le faire encore ici. J'avertirai feulement que dans mon texte il y a un mot, dxwo, qui fait voir que ceux à qui étoit annuellement commife l'ordonnance de ces deux fêtes, fe tiroient au fort,

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