Jourdain, une laure & un monaftere. La laure étoit A N. 452. compofée de foixante & dix cellules, éloignées les unes des autres ; le monaftere étoit au milieu, destiné pour les novices & les jeunes gens. Les cellules de la laure étoient pour les moines plus avancez dans la perfection. Ils y demeuroient feuls pendant cinq jours de la semaine, depuis le lundi jufqu'au vendredi ; & quand ils en fortoient, ils laiffoient la porte ouverte, pour montrer qu'ils n'avoient rien, dont les autres ne fe puffent fervir s'ils vouloient. Le famedi & le dimanche, ils venoient communier au monaftere. Saint Geralime mourut l'an 454. le 107. Martyr, R. S. cinquième de Mars, jour auquel l'église honore sa Vita S. Cypriaci. p. Mart. XXXVIII. L'abbé Gelafe re Cotel. Mon. Gr. to. memoire. L'abbé Gelafe foutint auffi le concile de Calcefifte à Theodofe. doine contre Theodofe. Celui ci dès le commencement de fon fchifme, l'alla trouver dans fon monaftere, & lui parla contre le concile, comme aïant p. 416. autorisé le dogme de Neftorius. Gelase connoissant le perfonnage, amena un jeune enfant de ses disciples, qu'il avoit reffufcité, étant mort par accident, & dit à Theodofe : fi vous voulez difputer fur la foi, voici qui vous répondra : car je n'ai pas le loifir de yous entendre. Ainfi Theodofe s'en alla confus. Enfuite quand il eut ufurpé le fiége de Jerufalem, il envoia querir l'abbé Gelafe, & ufant de careffes & de menaces, il le fit entrer dans le fanctuaire, & lui dit : Anathematisez Juvenal. Gelafe lui dit fans s'étonner: Je ne connois point d'autre évêque de Jerusalem que Juvenal. Theodofe craignant que fon exemple n'en attirât d'autres, le fit chaffer de l'églife. Les fchifmatiques le prirent & mirent du bois autour de lui, menaçant de le brûler; mais quand ils virent qu'il ne s'étonnoit point, ils craignirent le foulevement AN. 452. du peuple, à caufe de fa grande réputation, & le laifferent aller. On connoît le défintereffement de l'abbé Gelafe Ibid. p. 410; par cet exemple. Il avoit un livre écrit en parchemin, contenant l'ancien & le nouveau teftament, qui valloit dix-huit fols d'or, c'eft-à-dire, 144 liv. Il l'avoit mis dans l'églife, afin que tous les freres le puffent lire. Un moine étranger le déroba, & le faint vieillard ne le pourfuivit point, quoiqu'il s'en. fût apperçu. L'autre étant allé dans la ville, chercha à le vendre, & en demanda feize fols d'or. Celui qui vouloit l'acheter, lui demanda permiffion de l'examiner, & le porta pour cet effet à l'abbé Gelafe; qui lui dit : Achetez-le, il eft beau, & vaut bien ce prix. L'acheteur dit au vendeur : Je l'ai montré à l'abbé Gelafe, & il m'a dit que c'est trop cher, & qu'il ne vaut pas le prix que vous dites. Le vendeur lui dit: Ne vous a-t'il rien dit de plus ? Non, répondit l'autre. Alors il répondit : Je ne le veux plus vendre ; & touché de répentir, il vint trouver Gelase, & lui voulut rendre fon livre; mais il refusa de le reprendre. Le moine lui dit : Si vous ne le reprenez, je n'aurai point de repos. Il le reprit donc ; & le moine étranger converti par cette action, demeura avec lui jufqu'à sa mort. XXXIX. L'Occident cependant étoit troublé par les ravages d'Attila, qui aïant reparé les pertes de l'année. Attila. précedente, entra en Italie par la Pannonie, & courut librement plufieurs provinces. On craignoit 452. pour Rome, & il pensoit à l'attaquer ; mais les ficns. Chr. Caffiod, eod. Chr Profp. Duchen. to. 1. an. Fordand. p. 475; E. 42, la l'en détournerent, par l'exemple d'Alaric, qui n'aAN. 452. voit pas vêcu long-tems après l'avoir pillée. L'empereur Valentinien & Aëtius même songeoient à abandonner l'Italie ; mais auparavant on jugea à propos de tenter des propofitions de paix. On envoïà à Attila le pape S. Leon avec Avienus consulaire & Trygetius, qui avoit été préfet : Ils le trouverent dans Venetie, en un lieu nommé Ambuleium au paffage du Menzo. Outre la réputation de ses cruautez, fa figure feule étoit terrible. Il étoit de petite taille, Id. p. 471. mais il avoit la démarche fiere, la poitrine large, la tête groffe, les yeux petits, vifs & toujours en mouvement, le nez plat, la barbe claire, les cheveux gris, le tein brun; marquant fon origine, & tel que font encore les Tartares. Quoiqu'il fut fort brave il combattoit plus de la tête que de la main; étant très habile pour les confeils. Il fe laiffoit fléchir à ceux qui fe foumettoient, & traitoit bien ceux à qui il avoit une fois donné fa parole. Comme il héfitoit s'il iroit à Rome, cette ambaffade le détermina. Il eut tant de joïe d'avoir vû S. Leon, qu'il écouta favorablement ses propofitions, arrêta les actes d'hoftilitez, & fe retira au-delà du Danube, avec promesse de faire la paix. L'empereur Valentinien étoit à Rome, où il fit une loix le dix-feptiéme des calendes de Mai, sous le confulat d'Herculan, c'est-à-dire, le quinziéme d'Avril de cette année 452, qui restraint la jurisdiction eccléfiaftique, & les privileges des clercs. Elle porte, que l'on le plaint fouvent des jugemens des évêques, & pour y remédier, elle déclare que l'évêque n'a pouvoir de juger, même les clercs, que AN. 4520 XL: Aëtius archidia de leur confentement, & en vertu d'un compromis. Parce qu'il eft certain, que les évêques & les prêtres n'ont point de tribunal par les loix, & ne peuvent connoître que des caufes de religion, fuivant les ordonnances d'Arcade & d'Honorius, inferées dans le code Theodofien. Les clercs font obligez à répondre devant les juges, foit pour le civil, foit pour le criminel; feulement les évêques & les prêtres auront le privilege de fe défendte par procureur en matiere criminelle. Aucun efclave ou ferf de quelque qualité que ce foit, ne pourra embraffer la cléricature ou la vie monaftique, pour s'exempter des charges de fa condition. Les clercs ne pourront exercer aucun trafic, s'ils veulent jouir de leurs privileges, & ne se mêleront que des fonctions eccléfiaftiques. Julien de Co, qui qui réfidoit pour le pape à C. P. lui écrivit une lettre, où il témoignoit compâtir à cre de C. P. malfes peines & aux maux qu'avoit fouffert l'Italie par l'incurfion des barbares. En même temps il lui donne avis d'une nouvelle entreprise d'Anatolius, qui avoit ôté de fa place l'archidiacre Aëtius, toujours catholique & opposé aux Nestoriens & aux Eutychiens, & l'avoit ordonné prêtre d'une église d'un cimetiere, pour faire archidiacre un nommé André ami d'Eutychés,& accufateur de Flavien. S. Leon Epift. 84.85. al. en écrivit à Marcien & à Pulquerie, se plaignant qu'Anatolius avoit dégradé Aëtius, fous prétexte de lui faire honneur. Car n'aïant rien à lui reprocher pour la foi ni pour les mœurs, il lui avoit ôté la fonction d'archidiacre, qui donnoit une grande autorité, parce qu'elle comprenoit l'administration de toutes les affaires de l'église, pour le condamner traité. 56. Leo epift. 86. al, 57.58. à une espece d'exil, en l'attachant à un cimetiere A N. 452. hors la ville, & en un lieu écarté, & cela parce qu'Aëtius avoit toujours été attaché à S. Flavien, & Sup. liv.IIVII.n. à la foi catholique. Ainfi Anatolius fe rendoit sufpect de n'avoir pas renoncé de bon cœur aux erreurs d'Eutychés. Il avoit même violé la tradition apostolique, en faisant cette ordination un vendredi, au lieu de la faire la nuit du famedi au dimanche. 33. S. Leon prie l'empereur & l'imperatrice de l'obliger à changer de conduite, & en même temps il leur recommande Julien de Co, qu'il déclare avoir établi fon légat, pour pourfuivre à leur cour tout ce qui regarde la foi & la paix de l'églife, contre les hérétiques du temps. C'eft le commencement des légats du pape,résidans à C. P. que l'on nomma depuis apocrifiaires ou correfpondans, comme on nommoit déja ceux que les évêques d'Alexandrie & d'Antioche, y tenoient pour les affaires de leurs églises. v. Quefn. not. 6. Mais ceux du pape y étoient pour les affaires ad epist. 84. Epift. 85. c, 3. generales, pour maintenir la foi & la difcipline, obferver de près les évêques de C. P. & empêcher qu'eux, ni les autres patriarches d'Orient n'entreprissent rien au préjudice de l'églife univerfelle. Ces lettres font du dixiéme & de l'onzième de Mars fous le confulat d'Opilion, c'est-à-dire, en 453. Saint Leon écrivit en même temps à Julien fur le même sujet, le priant aussi de l'inftruire de ce qui avoit excité les moines de Palestine à faire du défordre. Si c'étoit pour le parti d'Eutychés, ou par un zele indifcret contre Juvenal de Jerufalem, qui l'avoit favorisé. Il lui demande auffi des nouvelles des moines d'Egypte, & de l'église d'Alexandrie; marquant |