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le croïoient les Anciens, parce que le Mât fert de lévier, & que les plus hautes font plus éloignées du point d'apui, qu'ils plaçoient au pied du Mât.* La feule raison eft,que les plus élevées font exposées à plus de vent & à un vent plus rapide, M. Bou guer, qui fait après le P. Hofte, cette objec tion aux Philofophes de l'Antiquité, détermine l'Hypomoclion du Mât bien différemment qu'eux. Selon ce Savant, le cen tre de la Terre eft l'Hypomoclion du Mât, dans le mouvement horizontal du Navire. De-là il fuit, que lorfque le Vaiffeau fingle felon ce fens, l'impulfion du vent eft égale à la résistance, que le Vaiffeau trouve à fendre l'eau. Dans cette fuppofition, le fardeau & la puiffance étant fenfiblement à un même point, la puiffance est égale au fardeau.

II.

Si la hauteur des Mâts ne produit aucun changement dans la marche horizontale du Navire, il n'en eft pas de même dans le cas du Tangage & du Rouli; car peu de changement, dans la Mâture, produit des

* On a vû dans le Difcours préliminaire, que ce fentiment, qu'on attribue ici aux Anciens, n'eft pas cependant le feul, qu'ils aient adopté, comme M, Bouguen l'a crû.

effets bien différens, ce qui n'arriveroit pas, fi le centre de la terre étoit l'Hypo moclion du Mât. On doit donc conclure dit M. Bouguer, que le centre de gravité du Vaiffeau eft alors l'Hypomoclion, ou le point d'apui du Mât. Cette conféquen ce n'eft pas tout-à-fait hazardée. Une puiffance (appliquée à un levier) tend d'autant plus à faire incliner un corps, qu'elle eft plus eloignée ( felon M. Bouguer ) de fon centre de gravité.

Si par exemple, ( je me fers des mêmes termes de l'Auteur) la direction SK, (fig. 1.) du choc du vent fur la voile L M, paffoit par le centre de gravité G du Na vire OC, (fig. 1.) le vent n'auroit aucune force,pour le faire incliner; mais comme la direction SK eft confidérablement éloignée du centre G, on doit convenir, que le choc du vent tend à faire pancher »le Vaiffeau avec un moment, qui eft d'autant plus fort, que la diftance de fa direction SK au centre G, qui fert de point d'apui eft grande. (De la Mâture des Vaiffeaux p. 1. )

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III.

Tandis que le vent travaille à faire plonger la Proue du Navire, l'impulfion, qui s'oppofe à l'effort du vent, eft l'impulfion

de l'eau fur la Proue ; & cette impulfion peut contrebalancer fon effort: Elle fouleve la Prouë, lorfque le vent travaille à la faire caler; de forte de forte que, felon qu'une de ces impulfions fera plus ou moins forte, le Vaiffeau doit prendre différentes situa: tions.

IV.

Cela pofé, M. Bouguer entre dans le dé tail & examine les différens états du Vaif seau, selon les différentes impulfions. Pour parvenir à cette connoiffance, l'Auteur exprime par le côté Np d'un parallélograme Nt, l'impulfion du vent felon S K & par Nr celle de l'eau DR, dont la diagonale Nt, repréfente l'effort abfolu de ces deux forces, qui tirent le Vaiffeau dans le fens de la route.

Or, ajoûte l'Académicien, plus le Vaiffeau fuit le vent, plus le fillage s'accélére, & moins l'impulfion du vent fur les voiles eft grande. D'un autre côté, plus le Vaif feau fingle vite, plus l'impulfion de l'eau fur la Proue eft forte: d'où il naît un changement, qui forme les côtés du parallélo grame bien différens du précédent. Dans ce fecond état, le côté, (pN) qui exprime l'effort du vent doit être moindre, & celui de la réfiftance (Nr) de l'eau fur la Prouë doit être plus grand.

Ce nouvel effort fait accélérer la marche du Navire, & la même chose se répéte à chaque instant, jufqu'à ce que l'effort mutuel du vent & de l'eau, ou la diagonale du dernier parallelograme, foit verticale au Navire.

Alors ces deux forces réunies en une feule, ne tendent qu'à foulever le Vaiffeau; & comme, felon M. Bouguer, il refte fort peu dans le premier état, je veux dire dans celui où fa marche s'accélére ( puifque cette accélération s'acheve dans deux ou trois minutes) l'Auteur conclud, qu'on peut confiderer fon mouvement feulement dans ce fecond état. Ainfi M. Bouguer établit pour principe, que: Les impulfions du vent fur les voiles, & de l'eau fur la Prouë ne fe réduifent, qu'à un effet vertical au Vaif feau, ou ne tendent qu'à foulever le Navire en haut, felon la verticale qui paffe par Finperfection de leurs directions.

V.

Ceci eft fpecieux, & les conféquences de ce raifonnement font admirables. Puifque l'effort mutuel du vent & de l'eau tend à foulever le Navire, il eft clair, qu'il ne le foulevera horizontalement, que quand cette verticale paffera par le centre de

gravité du Vaiffeau. Une puiffauce tend d'autant plus à faire incliner un corps, qu'elle eft plus éloignée de fon centre de gravité; de maniere, que fi elle s'éloigne du côté de la Poupe, la Mâture fera défectueufe, puifqu'elle tendra à faire incliner le Navire du côté de la Prouë; fi elle passe du côté de la Prouë, la Poupe inclinera. D'où il eft aifé de conclure, que la véritable Mâture eft celle, qui fait paffer la direction verticale NT, compofée de l'eau & du vent, par le centre de gravité du Na

vire.

Cette confidération fournit ce fecond principe: Pour mâter un Vaisseau, il faut faire paffer la direction du vent fur la voile, par le point de concours de la direction du choc de l'eau fur la Proue, & la verticale du centre de gravité du Vaiffeau.

VI

4

f

L'examen, qu'on vient de faire, ne con fidere que deux forces, celle du vent & celle de l'eau. On ne doit pas en négliger un troifiéme. Rien n'eft caché à M. Bouguer. Il s'agit ici du choc vertical de l'eau, pour foulever le Vaiffeau. On fait en Hydroftatique, & on en rend raison, que les liqueurs ont une force, pour pouffer en

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