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MATURE SOUMISE lide, fans le rendre trop maffif, trop lourd, trop péfant, & bien juger & de la force & de l'épaiffeur des bois, qui doivent entrer dans fa compofition, pour qu'ils puiffent résister aux chocs aufquels ils font exposés.

Ces confidérations exigent bien du travail, bien des connoiffances, bien des réflexions, bien du temps. Un Homme livré à de pareilles recherches eft beaucoup occupé ; à la vérité il a beaucoup à faire, puifqu'il doit découvrir l'Art de faire des Bâtimens les plus propres à une parfaite & une sûre Navigation.

I I I.

C'est peu d'avoir un bon Navire, fi ce Navire n'eft pas conduit dans un voïage avec circonfpection. A cette fin, on doit avoir recours au Pilotage, à la Manoeuvre, à la Mâture.

Le Pilotage prefcrit la route du Vaiffeau, marque les bancs de fable, avertit des écueils, & détermine le point du Ciel, fous lequel le Vaiffeau fe trouve. Son but eft donc De preferire avec exactitude la route fûre d'un Vaiffeau, dans quelqu'endroit du monde qu'il fe trouve, pour un voïage donné. La Manoeuvre & la Mâture agiffent de concert, pour faire fuivre cette route

avec promptitude & avec le moins de rifque. Le principal objet de la Manoeuvre eft de procurer ce premier avantage, celui de la Mâture le fecond. Il eft vrai cependant, que la Manoeuvre a quelque part à ce dernier; de forte qu'il eft néceffaire de bien faifir les connoiffances, qui lui font propres, pour ne nous attacher qu'à celles de la Mâture.

IV.

On ne fauroit mieux diftinguer ces deux parties de la Marine, qu'en faifant attention à deux coupes, dont le Navire eft fufceptible, & qui se réduisent à deux plans; l'un horizontal & l'autre vertical. Ce dernier peut être confidéré felon que la coupe du Vaiffeau a été faite, foit dans le cas de fa longueur, foit dans le fens de fa largeur. La Théorie de la Manoeuvre a pour objet les mouvemens du Vaiffeau dans le fens horizontal; celle de la Mâture dans les fens verticaux. La premiere n'a égard qu'à la grandeur du fillage; la feconde aux ofcillations, qui peuvent retarder ce fillage. Selon que le Vaiffeau balance on appelle differemment fes balancemens. S'ils fe font dans le cas de fa longueur on les nomme Tangage, & dans le cas de

fa largeur Rouli. Or c'eft ce Tangage & ce Rouli, ou ces balancemens de Prouë à Poupe, & de Stribord à Babord qu'on examine dans la Mâture.

Je définis donc la Théorie de la Ma nœuvre, (comme je l'ai déja fait) L'Art de foûmettre les mouvemens du Vaiffeau à des Loix, pour les diriger le plus avantageu fement qu'il eft possible: celle de la Mât ure: Celui de foumettre les mouvemens du Vaisseau à des Loix, afin de les rendre le moins dangéreux qu'il eft poffible. On comprend bien que les mouvemens horizontaux font l'ob jet de la Manoeuvre, & les verticaux ce lui de la Mâture. En un mot, l'Art de Ma, pœuvrer est l'Art de bien gouverner un Vaiffeau. L'Art de Mâter est l'Art de le te nir dans fon équilibre.

V.

Pour réunir maintenant tous ces Arts; & pour n'en faire qu'un feul, voici comme l'on peut peut confiderer ces quatre parties de la Marine. Je compare un voïage, qu'on fait fur Mer, à celui, qu'on peut faire fur Terre; & ce que l'on pratique pour la commodité de l'un, peut s'entendre pour la fûreté de l'autre.

Suppofons qu'un Voïageur ait une gran

de course à faire en moins de tems qu'il eft poffible. Son premier foin eft d'avoir une bonne Chaife de Pofte, & il a recours pour cela à un bon Carroffier, auquel il recommande la folidité, la légereté, & une forme avantageufe, pour qu'elle puiffe être bien fufpendue, &, s'il eft Phyficien, pour qu'elle trouve en fendant l'air le moins de réfiftance qu'il eft poffible. C'est là le foin du Conftructeur. Il faut ensuite sufpendre la Chaife de Pofte, de façon que notre Voïageur ne foit pas trop cahoté, & qu'à un mauvais pas elle ne perde pas aifément par un contre coup fon équilibre. En le fuppofant intelligent, il examine fi elle ne panche pas trop fur l'arriere, ni trop fur l'avant, ou fi elle eft fufpendue à une diftance convenable, de l'un & de l'autre côté. Tel eft fur un Navire, l'ouvrage d'un Máteur. Après cela, il cherche un Poftillon, pour conduire cette Chaise de Pofte, qui foit habile à éviter les ornieres, à ménager le terrein dans un chemin étroit, en tournant avec adresse à éviter les contrecoups. C'est ici la béfogne du Manœuvrier. Enfin fi le Poftillon ne fait pas le chemin, celui qui le lui montre eft le Pilote. Ce qui fait quatre Arts & quatre Artistes; 1o celui de conftruire une Chaise de Pofte légere & folide & bien

proportionée; 2°. celui de la fufpendre; 3. celui de la conduire ; 4o. celui de connoître la route qu'elle doit tenir.

Après ces éclairciffemens, les parties de la Marine doivent paroître dans leur plus grand jour, & nous ne devons pas craindre, qu'en parlant de la Mâture, ainsi que nous nous fommes propofés, on s'éloigne de fon véritable but. Il est maintenant de la derniére évidence, qu'on n'a égard dans cette Théorie, qu'aux mouvemens verticaux du Navire ou aux balancemens, qu'on doit tâcher de rendre, non-feulement les moins dangereux qu'il eft possible, mais même les plus avantageux.

Ici nous devons naturellement exposer les principes de la Théorie de M.Bouguer. Nous croïons avoir mis le Lecteur en état de juger du mérite & du fond de fon Ouvrage.

S. II.

Principes de la Théorie de la Mâture de M. BOUGUER.

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I.

y a long-tems, qu'on reconnoît, que les voiles fupérieures font plus d'effet que les inférieures. Mais ce n'eft pas, com

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