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II.

Confidérons un Navire, qui balance lorfque le vent vient à augmenter. Cet accroiffement de force imprime à chaque petite maffe du Navire un degré de plus de vîteffe, qu'on peut regarder comme initiale, & par conféquent, leur diftance au centre de mouvement, qui est toujours proportionelle à ces vîteffes, doitêtre plus grande donc le centre de rotation eft plus élevé & le Pendule est plus court. Que s'enfuit-il? Puifque le Pendule eft plus court, & que cette dimi nution croît en même raifon que l'augmentation du vent, il eft évident, que le nombre des vibrations augmentera en raifon des racines des deux longueurs, (Art. 1.) c'eftà-dire, dans ce cas en raifon des racines des efforts du vent, ces longueurs étant ici en raifon de la force du vent.

Il paroît par-là, que lorsque le vent augmente, les ofcillations devroient être plus fréquentes, parce que le Pendule ou la diftance du centre de l'effort des voiles à l'hypomoclion eft plus courte. Mais, fi le nombre des ofcillations eft plus grand, parce que le Pendule eft diminué, il doit être auffi d'un autre côté moindre, le Pendu

le étant agité par une plus grande force, & cette diminution eft en raifon des racines des efforts du vent. De forte qu'on perd d'un côté, ce qu'on gagne de l'autre. Le nombre des ofcillations doit donc être toujours le même. Il arrive pourtant un changément dans le mouvement du Navire; & cet excès de force de la part du vent doit produire quelque effet.

que

III.

L'effort du vent ou la cause motrice eft plus grande, & la longueur du Pendule eft moindre. Avec tout cela, nous favons, que les ofcillations doivent être en même nombre dans un même tems. L'arc, l'extrémité du Mất décrit alors, doit être plus grand, afin que les ofcillations foient toujours ifochrones: l'effet du vent doit donc produire une plus grande inclinaifon, & faire plier davantage le Navire fous les voiles. C'eft ce qu'on a reconnu lorfque le vent augmente.

IV.

Les Marins, pour remédier à cet inconvénient, ont recours ordinairement à un moïen: c'eft de mettre des Piéces d'artillerie au fond de cale, ou de charger plus

bas le Navire; & comme s'ils étoient inftruits de nos principes, ils penfent, qu'en allongeant le Pendule ( ou la diftancę du centre de l'effort des voiles au centre de mouvement) l'arc, qu'il décrira, fera moins grand & de-là l'inclinaifon du Navire. Il réfulte cependant de ce changement un effet, qui ne paroît pas naturel. Les ofcillations du Vaiffeau, au lieu d'être plus lentes, font au contraire plus promptes. Quelle peut-être la caufe da cette contrariété ? Ceci mérite attention.

V.

Jufqu'ici nous avons fuppofé, que les ofcillations du Navire fe faifoient dans un milieu non résistant. On a déja remarqué, que cette fuppofition n'eft pas admiffible par rapport à l'air & que fuivant les cas il eft très-important d'avoir égard à la résistance, qu'il oppofe. Si cette réfiftance fait beaucoup au mouvement du Pendule, que ne doit pas faire l'eau, qui eft 576. fois plus dense? Déja on doit fentir qu'elle eft la caufe, que nous cherchons.

On l'a dit plus le Pendule eft court, plus la rotation eft grande mais plus la rotation eft grande, plus le Navire fort de l'eau ; parce que la Poupe eft plus foulevée;

de façon qu'il trouve alors moins de résiftance à vaincre, & l'effet du vent en eft moins retardé.

Lorsque le Pendule eft plus long, le Navire eft moins foulevé, & la résistance, qu'il trouve alors dans fes ofcillations, est plus grande, non-feulement, parce qu'elles ont un plus grand volume d'eau à déplacer; mais encore parce qu'elles trouvent une résistance proportionelle au quarré de la vîteffe imprimée au Navire.

D'où il fuit, que l'obftacle étant plus grand, une partie de l'effort du vent en fera abforbée donc l'arc, que le Mât doit décrire par la rotation fera moindre. Les : ofcillations ne feront point ainfi ifocrones aux précédentes: elles feront de moindre durée.

VI.

Cette connoiffance annonce en quelque forte, celle que nous cherchons à nous procurer. Nous venons de laiffer à part l'effort du vent abforbé par la réfiftance de l'eau. Cet effort fait ici beaucoup. Il rend le choc du Navire plus violent, qui par réaction le repouffe avec plus de force. Or ce choc produit un effet, qu'on ne doit pas paffer fous filence.

Une Bouffée agit, le Navire eft pouflé

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& repouffé avec violence fur le devant. Dans ce tems-là vient une feconde Bouffée, qui, pour pouffer le Navire en arriere, a encore le mouvement contraire imprimé par l'eau à vaincre : d'où il fe forme à chaque inftant des fecouffes, qui tourmentent le Navire. Une autre raison contribue à les rendre plus fréquentes. La Poupe aïant une faillie en dehors, le centre d'effort de l'eau, lorfqu'elle eft plus plongée, fe trouve plus élevé, & cela à un point où la faillie eft plus grande.

Qu'arrive til? L'eau pouffant la Poupe, felon une ligne, qui lui eft perpendiculaire, la fouleve davantage qu'elle ne l'auroit foulevée si elle avoit été moins plongée. Ce foulevement fait incliner la Prouë, qui, pofée obliquement fur la Quille, eft relevée avec plus de force. Pendant ce mouvement, une autre Bouffée pouffe la Poupe dans un fens contraire à celui, que le choc de l'eau fur la Proue lui a fait pren dre. Elle accélere la tourmente du Navire; enforte que" fi cette accélération augmento à un certain point, les deux efforts confécutifs fur la Proue & fur la Poupe foule veront le Navire, & lui feront faire Capot. Une charge au fond de cale trop confidérable produit cet effet. Le Pere Hofte, rapporte, qu'un habile Commandant en fit de

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