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VII.

Après ces confidérations, on ne fera plus étonné fur Mer, de voir le changement confidérable, foit dans les ofcillations, foit dans le sillage du Navire, que produit le moindre dérangement, que l'on peut faire à la diftribution de fa charge; & s'il ne faut fouvent à un Vaiffeau fin de Voiles, que le mouvement, ou le changement de lieu de quelques perfonnes de l'Equipage, pour le faire ou filler, ou balançer davantage. L'Arrimage fait pref que tout. La figure y fait auffi; car plus la Poupe oppofe une grande résistance, plus le Navire cingle.

VIII:

Depuis long-tems, les Marins s'apper çoivent que l'art de charger un Navire eft un grand Art. Par le tâtonnement, ils tâchent à le découvrir. Ils réuffiffent quelquefois affez bien; mais le plus fouvent ils hazardent beaucoup & leurs expériences leur font nuifibles:

Le Chevalier Goion, Homme d'efprit, grand Marin, étoit heureux dans ces tentatives. A force de bouleverfer l'Arrimage, il tiroit quelquefois parti du plus mauvais

Voilier

Voilier. Ces coups heureux paffoient pour des connoiffances certaines ; & on a même dit après fa mort, que malheureusement cet mort,que Art lui étoit particulier. Contens de cette preuve, non-feulement les Marins,mais des Géométres, ont pensé tout bonnement,que la plupart des peines de cet Officier, fe bornoient à une certaine difpofition du centre de gravité. Hors de-là, tous les effets, dont on a pû rendre raison, ont été fort cavalie rement fufpectés. Eh! pouvoit-on en affigner les causes; faire obferver les effets qu'on ne connoît pas, & donner des régles fûres, pour l'Arrimage, en ignorant la façon dont fe forme le Tangage, & l'Agent véritable du mouvement du Navire? Sans ces connoiffances, il étoit impoffible qu'on y parvînt.

IX.

Les principes généraux, que je donne ici, font les fondemens d'une nouvelle Théorie de la Mâture. L'exécution de mon projet eft très-compliqué. Le grand point eft de découvrir le centre fpontané de rotation du Mât, & cela eft bien difficile. Une femblable recherche tant Géométrique que Physique, eft très profonde; & si l'on joint à cette étude celui d'établir une

E

Théorie, & d'apliquer cette Théorie à la pratique, on comprendra, qu'un pareil travail ne doit s'entreprendre, qu'après, que le Public aura admis ces nouveaux principes. C'est pourquoi, comme l'importance de la matiere le demande, & que les avantages, qu'on promet font grands, quoiqu'on ne les expofe pas tous, on ne fauroit examiner avec trop de rigueur mes preuves, Je prie les Savans de porter leur jugement.

Si mes principes font reçûs, comme je l'efpere, je réduirai tout mon Ouvrage en Théorêmes, fuivis de Problêmes, & je tâcherai de calculer une Table, par laquelle la force du vent étant donnée, depuis un effort capable de faire tourner un Navire, jufques à celui où il doit faire capor, on aura le véritable port des Voiles, & la hauteur du centre de leurs efforts, afin que le Navire fubiffe la rotation nécessaire pour le faire filler le plus avantageusement, qu'il eft poffible. Dans une colonne parti culiere, je joindrai le nombre d'ofcillations, fuivant les dégrés de force du vent, le tems étant donné.

X.

Pour donner une idée du refte de ma Théorie, je déterminerai la position des Mâts, fur le Vaiffeau, & je ferai voir leur

ufage, fur tout, lorfque la Mer eft fort agitée, où il est important de conduire le Navire avec une grande circonfpection. C'eft-là que le Gouvernail doit agir. Son. jeu, qu'on n'a pas encore examiné, y est admirable, & fes effets d'accord avec ceux des Mâts, peuvent éviter des malheurs fréquens, qu'on éprouve fur Mer & qu'on attribuë quelquefois à un tems, contre lequel on penfe, qu'il eft impoffible de fe garantir. Tel eft notre aveuglement. Nous rapportons au Créateur, ce qui n'est souvent que l'effet des Caufes fecondes. Dès qu'on faura l'Art de manier un Vaiffeau, & de le faire obéir aux mouvemens des vagues, quelques irrégulières, qu'elles puiffent être, on reconnoîtra, que la plupart des naufrages font dûs à l'impéritie des Ma rins. Il eft étonnant, que les Géométres, qui ont travaillé fur la Marine n'aïent point donné des régles, pour faire garder à un Vaiffeau fon parallélifme, & n'aïent point connu l'efpéce de Manege qu'on doit faire pour

pour cela, malgré les Houles les plus orageuses. Je me propofe d'examiner cette matiere, fi mon zéle eft acceuilli favorablement par le Public, Marin & Géométre; & j'y joindrai un examen de la courbure la plus avantageuse de la Voile ; car on fait, qu'une trop grande & une moindre

est également défectueuse. C'est à lui à dẻmander cet Ouvrage & à juger de fon utilité: il peut compter dans l'exécution fur mes foins & fur mon exactitude.

§. X.

Réponse aux reflexions critiques de M. BOUGUER, fur la nouvelle Théorie de la Manœuvre des Vaiffeaux, à la portée des Pilotes

M 387.

I.

ONSIEUR Bouguer, à la page 387. de fon Traité du Navire, prétend lever une objection, que j'ai faite à la méthode, qu'il propofe dans fon Traité de la Mâture, pour connoître l'axe de l'impulfion de l'eau fur la Prouë. * J'ai cru cette méthode élégante; mais je l'ai trouvée peu fatisfaifante dans la Théorie, & trop compliquée pour la pratique.

L'opération Théorique confifte à divifer la Proue en plufieurs zones infiniment petites, & chaque zone en des parties auffi

Voyez ma Théorie de la Manoeuvre &c. P. so.

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