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fur la Proue & fur la Poupe, & plus par conféquent la Dérive fera grande: donc la réfiftance dans les routes obliques fera alors un maximum, bien loin d'être un minimum.

Une confidération, qui a été négli gée par les Géomêtres, par rapport au Solide de moindre réfiftance & qui renferme la folution de ce Problême, eft l'impulfion de l'eau fur la Poupe du Vaiffeau. Il eft hors de doute, que ce n'eft qu'en conciliant les deux résistances, que fouffrent & la Proue & la Poupe, qu'on peut le réfoudre; fans oublier cependant notre seconde objection, qui eft entierement neuve, & qui doit engager les Géomêtres à démêler de nouveau ce Problême, s'ils veulent la Marine en retire quelqu'utilité, qu'on n'a pas eu, ce femble, beaucoup en vuë dans cette folution,

que

On a cru jufqu'aujourd'hui que la Carene du Vaiffeau, lorfqu'il cingle,

étoit une fection horizontale faite au raz de la Mer *. On s'eft trompé. Je le démontrerai dans cet Ouvrage. Un Navire ne peut filler horizontalement. Il faut qu'il incline, & qu'il balance. Ainfi une figure de Navire, dans laquelle on n'auroit eu égard qu'à un mouvement paralléle à l'horizon, fera toujours une figure peu utile pour la Conftruction. L'impulfion de l'eau fur la Proue dans ce fens, eft bien différente de celle que fouffre cette partie du Vaiffeau dans le fens oblique. L'opération ne doit donc pas être la même.

Avant tout, pour calculer l'effort des obftacles, qui s'opposent au mouvement d'un Corps, on doit connoître parfaitement la nature de ce mou

* J'avois moi-même ainfi défini la Carene dans ma Théorie de la Manoeuvre, parce que je n'avois pas cru alors devoir y faire attention. Cette confidération étant hors de faifon dans mon Traité, où il ne s'agit que de la rapidité du fillage du Navire, par rapport à l'effet du vent fur les Voiles, n'auroit fervi qu'à épouvanter un Lecteur timide, prêt à fe rebuter par toute définition peu

connuë.

vement, qui dépend néceffairement de la force motrice. D'où il fuit, qu'afin de découvrir la figure la plus avantageufe du Vaiffeau, il faut favoir quel eft l'effet du vent fur les Voiles.

Il paroîtra furprenant, que depuis fi long-tems qu'on travaille à perfectionner la Navigation, on n'ait point examiné les mouvemens verticaux du Navire, & qu'on ait voulu les foumettre à des Loix, fans les connoître. Mais cet étonnement doit diminuer, fi l'on peut voir avec tranquillité, qu'on ait ignoré l'action du Mât fur le Navire, & le point d'appui de l'effort du vent par ce Le

vier.

Cette queftion a été parmi les anciens Philosophes un fujet de Dispute & de récherches. Les uns ont cru, que le point d'appui du Mât étoit à fon pied: c'eft le fentiment d'Ariftote. Baldus forme cette objection à ce

fentiment: Si le pied du Mât est l'Hypomoclion de ce Levier, ou le Mât caffera à cet endroit, ou le Navire fera capot. Le mouvement circulaire du Levier foutient cette objection.

Pour tâcher d'éviter cet inconvé→ nient, ce Philofophe a recours à un Levier angulaire, qui a réellement un point d'appui au pied du Mât fur la Contrequille; mais dont la force n'augmente, que proportionnellement à l'excès de la longueur du Mât, à la demi-longueur de la Contrequille, & non en raison de fa hauteur.

Ceux, qui font venus après Baldus, ont prétendu, que le Mât ne devoit point être regardé comme un Levier. Leur raifonnement, fi on les en croit, eft triomphant. En tout Levier, le point d'appui doit être fixe or dans le Mât, il n'eft pas de point d'appui fixe, puifque tout fe meut: donc le Mât ne peut pas être confi déré comme un Levier.

Le point d'appui n'étoit pas le feul objet qui occupât & qui embarraffat ces Philofophes. Ils fe trouvoient arrêtés à un autre phénomêne dont il s'agiffoit de rendre raison : c'est que plus l'Antenne est élevée, plus le fillage du Navire eft rapide. Comment expliquer la caufe de ce chan gement dans le mouvement du Na

vire ?

Ceux-ci ont dit, qu'alors le bras du Levier étant plus long, il devoit en résulter une plus grande force, & conféquemment un plus grand effet. Ceux-là ont répondu, que le mouvement du Mât étant circulaire, ne pouvoit rien produire au fillage du Navire, & que fon action n'avoit des droits que fur fa tourmente & fon Tangage.

Pour foutenir cette preuve, le Pere Fournier a remarqué, que c'étoit une vérité d'expérience, qu'on tire plus aifément des Barques le long

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