d'une auffi grande autorité que la vôtre, moi qui n'ai pour vous : 25 pénétration de votre esprit, & contre la fubtilité de vos recherches: Vous en avez plus découvert en vingt ans, qu'on n'avoit fait en plusieurs fiecles. Vos Obfervations Astronomiques ont dévoilé (pour ainsi dire) des Planettes qui se déroboient à nos yeux à vos mesures si précises Sur la terre, par rapport à celles que vous preniez en même tems dans le Ciel, ont rectifié mille erreurs de nos anciens Géographes. La Physique vous doit ce qu'elle a de plus curieux, foit dans la difsfection du Corps humain & des Animaux, soit dans la defcription & dans l'analyse des Plantes, des Eaux des Mineraux. Que ne vous doivent point aussi les Mathématiques en général pour tant d'Ouvrages célebres 'que vous avez mis au jour ? Enfin il n'y a point de Science que vous n'ayez perfectionnée, & que vous n'enrichissiez de tems en tems par vos travaux. Que n'attend-t'on pas encore de vous, animez comme vous êtes par les bienfaits d'un Grand Roy, qui veut rendre fon Regne aussi glorieux par les Sciences par les Arts, qu'il l'est déja par ses prodigieuses Conquêtes, Ses héroïques actions? A quoi ne devez-vous pas afpirer vous-mêmes aujourd'hui sous la protection d'un Ministre fi sage & fi vigilant, qui excite tout le monde par fes ordres par fon exemple à illustrer & à célebrer un Regne ft plein de merveilles ? Souffrez donc MESSIEURS, s'il vous plaît, vous qui êtes comme à la source de toutes les Sciences humaines, & à qui rien ne manque pour continuer vos recherches, & pour augmenter vos connoissances, que j'ose vous offrir & mettre au jour ce que j'ai puisé dans cette fource; qu'en essayant de vous fuivre & de vous imiter, je puisse quelquefois profiter de vos lumieres, & vous afsfürer que je fuis avec une parfaite vénération 237 tag somone af anos Votre très-humble &tres obéiffant serviteur VARIGNON. PREFACE. PREFACE A L'ouverture du second Tome des Lettres de M. Descartes, je tombai sur un endroit de la 24. où il dit que c'est une chose ridicule, que de vouloir employer la raifon du Levier dans la Poulie. Cette réflexion m'en fit faire une autre; sçavoir, s'il est plus raisonnable de s'imaginer un Levier dans un poids qui est sur un plan incliné, que dans une Poulie. Après y avoir pensé, il me sembla que ces deux Machines étant pour le moins aussi fimples que le Levier, elles n'en devoient avoir aucune dépendance, & que ceux qui les y rapportoient, n'y étoient forcez, que parce que leurs principes n'avoient pas assez d'étendue pour en pouvoir démontrer les proprietez indépendamment les unes des au En effet en examinant ces principes un peu de près, il me parut qu'ils ne pouvoient servir tout au plus qu'à démontrer que l'équilibre se trouve toûjours dans un Levier auquel font appliquez deux poids qui font entr'eux en raison reciproque des distances de leurs lignes de direction à fon point d'appui; encore n'étoit-ce qu'en ce cas: 1°. Que ce Levier fût droit. 2°. Que fon point d'appui fût entre les lignes de direction des poids qui y font appliquer. 3°. Que ces mêmes lignes Tome I. : *********************************** fussent paralleles entr'elles, & perpendiculaires à ce Levier. Aussi Guid-Ubalde, & les autres qui s'en tiennent à la démonstration d'Archimede, ontils été obligez de faire revenir de gré ou de force toutes fortes de Machines à cette espece de Levier, & de réduire de même tous les autres cas à celui-ci. C'est peut-être ce qui a porté M. Descartes & M. Wallis à prendre une autre route. Quoi qu'il en foit, ce n'a pas été sans succès; puisque celle qu'ils ont suivie, conduit également à la connoif fance des usages de chacune de ces Machines, fans être obligé de les faire dépendre l'une de l'autre; outre qu'elle a mené M. Wallis beaucoup plus loin qu'aucun Auteur, que je sçache, n'eût encore été de ce côté-là.. : La comparaison que je fis de ces deux fortes de Principes, me fit sentir que ceux d'Archiméde n'étoient ni fi étendus, ni si convainquans que ceux de M. Descartes & de M. Wallis, mais je ne sentis point que les uns ni les autres m'éclairaffent beaucoup. J'en cherchai la raison, & ce défaut me parut venir de ce que ces Auteurs se font tous plus attachez à prouver la necessité de l'équilibre, qu'à montrer la maniere dont il se fait. Ce fut ce qui me fit prendre le parti d'épier. moi-même la nature, & d'essayer si en la suivant pas à pas, je ne pourrois point appercevoir comment elle s'y prend, pour faire que deux puiffances, soit égales, ou inégales, demeurent en 1 |