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que faint Paul prêchant dans l'Aréopage, faint Pierre & faint Jean qui guériffent un boiteux à la porte du temple, Sergius qui fe convertit à la prédication de faint Paul, Ananie qui meurt étant repris par faint Pierre, le même faint qui reçoit les clefs, fa vocation à l'apoftolat pendant la pêche miraculeufe, faint Paul qui déchire fes vêtemens, fur ce que le peuple de Lyftre veut lui facrifier ainsi qu'à faint Barnabė. Les cinq autres cartons qui ont péri, mais qui font exécutés en tapifferies font le maffacre des Innocens, l'adoration des Mages, la converfion de faint Paul, le martyre de faint Etienne, & faint Paul prêchant devant Felix & Agrippa.

Le cabinet du Roy poffede la fainte famille, le faint Michel, la Vierge appellée la belle jardiniére, fainte Marguerite, le portrait de Jeanne d'Aragon, faint Jean-Baptifte, le portrait du Comte Castiglione, celui du Cardinal Jules de Medicis, une fainte famille en petit, le portrait de Raphaël, & celui de Pontorme, un faint Jean l'Evangeliste, faint Michel combattant contre les monftres, Saint Georges contre un dragon, une Vierge tenant l'enfant Jefus, un portrait d'homme ayant le bras appuyé fur une table, une fainte famille venant du prince de Carignan.

Le Cabinet de M. le Duc d'Orléans offre le portrait de Jules II. affis dans un fauteuil, celui d'une vieille, une Vierge vétuë de rouge avec une draperie bleuë, faint Jean au défert, une fainte famille en rond, deux Vierges avec l'enfant Jefus, une sainte famille venant de la Reine de Suede, tableau précieux, un jeune homme figure à mi-corps, la vifion d'Èzéchiel, faint Antoine tenant un livre, faint François en pied, un Chrift qu'on va mettre au tombeau, la prière au jardín des Olives, un portement de Croix, une Vierge tenant l'enfant Jefus fur fes genoux, & affife dans une chambre.

Ses tableaux de chevalet font répandus de tous côtés, leur fréquent changement ne permet pas de les indiquer.

Marc Antoine Raymondi, Augustin Venitien, Sylvestre de Ravenne, Beatricius, Bonafone, Eneas Vicus, Georges Mantuan, Corneille Cort, Martín Rota, C. Bloemart & quantité d'autres, ont gravé d'après Raphaël ; l'Abbé de Marolles compte 740 piéces & il y en a davantage.

RAPHAEL.

JULES ROMAIN.

JULES ROMAIN..

ULES Romain s'appelloit Giulio Pippi, il prit naiffance à Rome en 1492. Aucun auteur n'a parlé de fes parens qui felon toutes les apparences le mirent dans l'école du grand Raphaël; il y fit des progrés fi étonnans que fon maître lui-même en fut furpris; devenu dans la fuite fon meilleur difciple, Raphaël lui confioit fur fes deffeins l'exécution de fes plus beaux ouvrages. Jules mettoit beaucoup plus de feu dans fes tableaux que Raphaël, il donnoit à toutes fes figures une certaine vie, & une action qui manquoient fouvent aux ouvrages de fon maître.

Grand dans fes ordonnances, d'un génie très fécond, il rappelloit les penfées des anciens poëtes, fes idées étoient

nobles, elevées & il deffinoit correctement, heureux s'il eût pû fe familiariser avec le naturel, les ajustemens, & les graces compagnes fidelles du pinceau de fon maître : fon goût au contraire étoit féroce, fuivant plus l'antique que le naturel, il étoit devenu dur & fec.

être peut Jules Romain avoit toute l'érudition dont сараble un homme de fon art. L'histoire, la fable, l'allégorie l'architecture, & la perfpective toujours préfentes à la mémoire étoient placées judicieufement, il donnoit de l'efprit à fes figures, fon génie fécond étoit propre à toutes fortes de fujets bizarres, aux événemens terribles, & les figures coloffales lui convenoient mieux qu'à un autre. Il joignoit à tout cela une connoissance parfaite de l'antique & des médailles.

Pendant la vie de Raphaël, le mérite du difciple fut toujours enseveli dans les grands ouvrages du maître: exécuteur de ses idées, toute fon application ne tendoit qu'à les rendre élégamment. Bien différent quand il eut perdu Raphaël, il parut tel qu'il étoit, c'est-à-dire un homme abandonné à luimême, ne fuivant que la fougue de fon génie, peignant tout de pratique fans confulter les verités de la nature : fes chairs tiroient fur le rouge de brique, il mêloit trop de noir dans fes teintes, ce qui a gâté & obfcurci fes meilleurs ouvrages & fa maniére de deffiner dure & févére ne paroiffoit point variée dans les airs de têtes ni dans les draperies.

Raphaël qui l'aimoit préférablement à tous fes autres éléves, le fit fon héritier, conjointement avec le Fattore; il le chargea de terminer les ouvrages qu'il avoit commencés, entr'autres la falle de Conftantin. Jules s'en acquitta dignement, fe se faisant aider par le Fattore & Raphaël dal Colle. Après la mort de Leon X. voyant que les arts n'étoient plus en crédit fous Adrien VI. fon fucceffeur, il prit le parti d'abandonner la ville de Rome, de même que tous les autres éléves de Raphaël. Ce Pape vécut peu temps, & le Cardinal Jules de Medicis qui lui fuccéda fous le nom de Clément VII. fit revivre leurs efpérances. Jules travailla à l'histoire de Conftantin fur les deffeins de fon maître, les ajustemens, les ornemens peints en bronze font de lui. Dans le tableau où. Conftantin donne au Pape la ville de Rome, il fe peignit lui-même, ainsi que le Comte Caftiglione, le Pontano, & autres fçavans de fês amis,

de

JULES ROMAIN.

Lorfque les ouvrages du Vatican furent achevés, Jules fe JULES retira dans une maifon qu'il avoit fait bâtir, il peignit des ROMAIN. tableaux pour différentes villes & fut l'architecte de plufieurs palais. Le Comte Caftiglione l'invita d'aller à Mantouë, attiré par les promeffes du Duc il fe rendit en cette ville; on le reçut avec diftinction, on lui donna un beau logement, une penfion, une table pour lui & pour fes domeftiques, le Prince lui envoya même fon plus même fon plus beau cheval, avec lequel il se rendit au palais du T, qui eft aux portes de Mantouë.

(4) Mare Antoine Raymondi.

Ce voyage lui épargna la punition qu'auroient pû lui attirer les vingt eftampes obfcenes qu'a gravé Marc Antoine, connues fous le nom des figures de l'Aretin; tout l'orage tomba fur le (a) graveur qui étoit à Rome.

Le bâtiment du T n'étoit rien dans fon commencement, Jules le rendit recommandable par l'architecture & par les peintures dont il l'orna. Quoiqu'il n'y eût en ce lieu que des briques pour bâtir, il en forma des colonnes, des chapitaux, des corniches, & autres ornemens qui charmérent le Duc de Mantouë.

Rinaldo Mantuano, & Benedetto Pagni fes difciples peignirent à frefque dans une falle les chevaux & les chiens du Prince, que Jules avoit deffinés d'après nature. On voit dans un falon à quatre angles, le mariage de l'amour & de Pfyché peint avec tant d'adreffe, que les figures qui n'ont que la longueur du bras, paroiffent vûes en deffous avoir trois fois autant de hauteur. Les avantures de Pfyché y font représentées dans les angles, avec des amours voltigeans de tous cô tés. Le foleil y paroît dans fon char avec zéphyre qui fouffle d'agréables vents, Silene eft peint fur la cheminée, foutenu par deux fatyres portés par une chèvre que deux enfans tétent.

A l'exemple de Raphaël, Jules Romain faifoit sur ses deffeins ébaucher & terminer ces morceaux par fes difciples, & il repaffoit par tout. Dans le plafond du vestibule on trouve l'histoire d'Icare avec les douze mois de l'année, indiqués par les divers travaux qui leur conviennent,

L'ouvrage le plus confidérable de ce palais eft un falon où les géans paroiffent foudroyés par Jupiter, tous les Dieux font en mouvement, les vents peints dans les quatre coins foufflent de tous côtés, les Graces y paroiffent étonnées, les géans écrasés fous les rochers, Briaré feul dans une caverne

eft enfeveli fous une montagne, la cheminée fur laquelle est peint Pluton dans fon char fuivi des Furies, quand on y fait du feu, fait paroître toutes ces figures dans le royaume de ce Dieu. Les fenêtres, la voûte en tour creufe, les portes & la cheminée font ruftiquées par de groffes pierres qui femblent tomber, le plancher même eft pavé de petits cailloux ronds dont la continuation eft peinte au bas des murs à la hauteur d'un pied pour furprendre davantage, & leur poliment fait réfléchir les peintures ce qui fait paroître ce lieu plus grand. Enfin tout fe reffent du génie d'un si rare homme.

Jules peignit à Mantouë dans le palais du Duc la guerre de Troie; il donna encore des preuves de fon habileté dans les maisons de plaifance du Prince, & dans les embellissemens de Mantouë dont les rues élevées par fes foins furent un rempart contre les inondations du Pô. Le Duc le nomma Surintendant de ses bâtimens, & le protégea contre les bourgeois qui murmuroient de ce qu'on abattoit leurs maisons.

Les libéralités du Prince augmentérent beaucoup la fortune de Jules; il fit bâtir une maison pour fa famille où il avoit formé un cabinet d'antiques & de curiofités; on y voyoit le portrait d'Alberdurer, qu'il avoit hérité de Raphaël, tous les deffeins des bâtimens antiques, & les modernes qu'il avoit compofés. Jules Romain devint un grand architecte : on voit de lui aux portes de Rome la Vigne Madame qu'il a ornée de peintures, ainsi qu'un petit palais fur le Mont Janicule. Dans ce temps-là François I. le voulut avoir pour fon Château de Fontainebleau ; Jules qui ne pouvoit quitter les ouvrages commencés à Mantouë, fit agréer le Primatice à fa place. Au paffage de Charles V. en cette ville, il fit tous les arcs de triomphe, & d'admirables décorations de théâtre.

Après la mort du Duc, Jules voulut quitter Mantouë pour retourner à Rome, le Cardinal Gonzague régent, le retint auprès de lui; le befoin qu'il en avoit pour reftaurer la grande Eglife, fon efprit agréable & enjoué en furent les principaux motifs. Il lui fit faire les cartons pour la Chapelle du palais où il a représenté faint Pierre & faint André, qui de pêcheurs deviennent apôtres. Ces morceaux ont été peints par Fermo Guifoni un de fes éléves. On le manda à Bologne pour la façade de l'Eglife de fainte Petrone, fon deffein fut préféré à quantité d'autres & très-bien récompenfé,

JULES ROMAIN.

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