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lief. On ne peut lui contefter d'avoir bien deffiné le nu, de BARTHELE- donner des graces à fes figures & d'accompagner le tout d'un Mi di SAN- ton de couleur admirable.

MARCO,

L'habitude qu'il avoit contractée de peindre au bas d'une fenêtre ouverte le rendit perclus de tous les membres ; on l'en. voya aux eaux de faint Philippe, où il refta quelque-temps fans être foulage. Ayant mangé beaucoup de figues qu'il aimoit extrêmement, la fiévre le prit, & l'enleva quatre jours après dans la ville de Florence en l'année 1517. à l'âge de quarante-huit ans : on l'enterra dans l'Eglife de faint Marc.

Ses difciples font Cecchino del frate, Benedetto Ciamfanini, Gabriel Ruftici, & Fra Paolo Piftolefe.

Ses deffeins font ordinairement faits à la pierre noire rehauffée de blanc de craie. Il y en a au crayon rouge qui font plus terminés que les autres, les hachures en font toujours croifées. Il paroît que ce maître a inventé difficilement & qu'il n'eft pas toujours correct. Son goût de draper eft lourd, & n'eft pas recherché, fes figures font courtes. En voilà affez pour reconnoître les productions de sa main.

On remarque à Rome parmi les ouvrages peints par Bartholomée de San-Marco un tableau de faint Paul & un autre de faint Pierre. A Florence il a peint à fresque dans une chapelle de l'Hôpital de fanta Maria nuova un grand jugement univerfel à faint Marc une Vierge entourée de plufieurs anges d'un coloris parfait; ils foutiennent un grand pavillon; on y voit le Jefus qui époufe fainte Catherine & plufieurs faints en perfpective, entr'autres un faint George armé & un faint Barthelemi en pied avec deux enfans, dont l'un jouë du luth, & l'autre de la lire. Dans l'Eglife de l'annonciade un Sauveur avec les quatre évangéliftes qui l'entourent & deux enfans qui tiennent le globe du monde. On y voit encore deux prophétes. A faint Martin in Lucca, une Vierge aux pieds de laquelle eft un petit ange qui joue du luth avec faint Etienne & faint Jean. A faint Romain une Vierge de miféricorde fur un piedestal avec plufieurs perfonnes en pied affifes & à genoux qui regardent un Chrift en l'air. Dans la même Eglife on voit un Chrift, une fainte Catherine martyre & fainte Catherine de Sienne enlevée au ciel. Au noviciat de faint Marc il a peint une purification. Dans le couvent de faint Marc on trouve faint Grégoire & d'autres faints

avec des anges; une Vierge, le Jefus & deux faints. Saint Marc évangélifte, un faint Sébastien dans le chapitre de faint BartheleMarc. Dans l'Abbaye de Florence il y a un autre très-beau ta- MI di SANbleau de faint Bernard qui écrit & qui contemple la Vierge

& le Jefus porté par plufieurs anges. Un faint Vincent prêchant au-deffus de la facriftie du couvent de faint Marc, trèsbelle figure.

Dans l'Eglife de faint Romain des Bénédictins à Lucques, une fainte Catherine de Sienne, & une mere de miséricorde. Dans la galerie du Grand Duc une ascension.

Le Roy a deux tableaux de ce maître, une annonciation, un faint Jérôme avec faint Jean & la Madeleine peints fur bois. Il y a plufieurs eftampes gravées d'après ce maître dans le recueil des tableaux du Grand Duc, & un morceau seulement dans le deuxième vol, du recueil de Crozat,

MARCO.

ANDRÉ DEL SARTO

ANDRE' DEL SARTO.

NDRE' del Sarto étoit fils d'un tailleur d'habits dont il a pris le nom de Sarto & il est devenu un des premiers peintres de fon temps. Sa naiffance eft marquée en 1488. dans la ville de Flo

rence. Jean Baril peintre de cette ville qui le voyoit travailler chez un orfévre le prit dans fa maison & lui donna pendant trois années les premiers élémens de la peinture. Les grandes efpérances qu'il faifoit entrevoir engagérent Baril à le mettre fous la conduite de Pierre Cofimo qui étoit en ce temps-là le premier peintre de Florence. André le furpaffa bientôt, il fe fit une réputation fi brillante, qu'elle lui attira beaucoup d'emploi.

L'humeur infupportable de fon maître l'ayant obligé de le

quitter,

quitter, il fe joignit à François Bigio fon ami; logés enfem

ble ils travaillérent de concert à plufieurs grands ouvrages. ANDRE' André qui étoit naturellement humble & timide, ne faifoit DEL SARTO. pas payer les tableaux autant qu'ils le méritoient. L'état de pauvreté dans lequel il a toujours vécu en fut une fuite.

On ne connoît point affez en France le mérite d'André del Sarto; on n'y voit de fa main que des Vierges & des faintes familles en demi-figures. Mais à Florence on admireroit les grands fujets de la vie de S. Jean-Baptifte qu'il a peint fur les murs du veftibule de la confrairie del Scalfo, & la vie de faint Philippe Benizzi dans la premiére cour du couvent de l'Annonciade. En voyant ces tableaux, on rendroit toute la juftice qui eft dûë à André del Sarto, & l'on ne pourroit fe défendre de le mettre au rang des premiers peintres. Sa penfée étoit moins élevée que celle de Raphael & de Michel-Ange dont il avoit étudié la maniére ainfi que celle de Leonard de Vinci. Grand deffinateur, grand colorifte, il a fait des carnations, des mains & des enfans auffi beaux que ceux de Raphaël. Ses têtes roient être plus variées & plus gracieuses; fouvent même fes Vierges n'ont pas la nobleffe que demande leur caractére. Il aimoit la manière d'Alberdurer & prenoit de lui plufieurs chofes qu'il rédigeoit enfuite felon fon goût.

pour

Sur le grand bruit que faifoient à Rome les ouvrages de Michel-Ange & de Raphaël, André voulut en juger par luimême. Il les examina avec foin, il en tira un profit confidérable, il ne négligea pas les antiques, & s'il fût demeuré plus long-temps en cette Ville, il feroit devenu le plus grand peintre de l'univers. Ses derniers ouvrages, fuivant cette remarque, font les meilleurs, & l'on s'apperçut de ce changement à fon retour à Florence.

Quelque temps après il époufa une jeune veuve qu'il aimoit depuis long-temps. André qui tiroit un prix modique de fes tableaux, vivoit à fon aise étant garçon, marié, à peine trouva-t-il dequoi fubvenir aux frais du ménage. La jaloufie fe mit de la partie, il aimoit fi éperduëment fa femme, que toujours préfente à fon idée, il la peignoit dans fes tableaux, c'eft la caufe d'une certaine uniformité qu'on remarque dans fes têtes de Vierges.

André travailloit facilement & très vîte; fon goût de def sein & son coloris vigoureux tant à fresque, qu'à l'huile, sont

M

eftimés de tout le monde; on y trouve une belle dégradation ANDRE' de couleurs, une fonte admirable, & des draperies peintes DEL SARTO. avec une facilité de pinceau qui enchante. Son humeur froide, & fon imagination peu vive, ne lui ont pas fait repandre dans fes tableaux ce feu fi néceffaire pour en animer les figu res; il s'eft même fouvent répété.

Ce peintre fut appellé en France par François I. & il y fit plufieurs ouvrages. Le Roy & toute fa cour se faifoient un plaifir de le voir travailler & de lui faire des préfens. Il peignit le Dauphin, une charité & un faint Jerôme.

Quelques lettres de fa femme jointes à un peu de jaloufie l'engagérent à demander permiffion au Roy de retourner à Florence, & il offrit fes fervices pour acheter en Italie des tableaux & des figures antiques; le Roy pour cet effet lui fit donner une fomme considérable & promettre de revenir dans peu de temps.

Dès qu'il fut arrivé à Florence, il ne fongea plus qu'à fe réjouir avec fa femme & fes amis; il dépenfa, non feulement tout ce qu'il avoit pu gagner en France, mais encore l'argent que le Roy lui avoit donné pour faire fes commiffions. Cette raifon & le terme qu'il avoit pris pour fon retour étant expiré l'empêchérent de revenir en France; ce qui piqua le Roy qui s'étoit fié fur fa parole. Cependant quelques tableaux qu'il envoya au grand maître de la maison du Roy, entr'autres un faint Jean-Baptifte, & le facrifice d'Abraham, lui obtinrent fon pardon, mais ce Monarque ne voulut plus le voir; ainsi André qui pouvoit faire une fortune confidérable, retomba dans fa premiére misére & n'en fortit plus.

Ce fut en ce temps-là qu'il acheva les peintures du vestibule de la confrairie del Scalfo qu'il avoit commencées il y avoit long-temps, il fit encore plufieurs autres ouvrages ; enfin pendant le fiége de Florence, ayant beaucoup fouffert, il tomba dangereufement malade & la pefte qui furvint, l'enleva en 1530. dans fa quarante-deuxième année, abandonné de fa femme & fans prefque aucun fecours. On l'enterra dans l'Eglife de l'Annonciade avec une épitaphe que l'on voit à l'entrée du veftibule & fon portrait en marbre que l'on a placé au milieu de fes ouvrages. Jacques Pontorme, François Salviati, George Vafari, Andrea Squazzella, Domenico Conti ont été fes difciples.

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