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Je ne veux point accroître mes dégoûts,

Du vain regret d'un plus aimable époux,
Que loin de moi cet Euphemon, ce traître,
Vive content, foit heureux (s'il peut l'être :)
Qu'il ne foit pas au moins deshérité;
Je n'aurai pas l'affreufe dureté,
Dans ce contrat où je me détermine,
D'être fa fœur pour hâter fa ruine;
Voilà mon cœur, c'eft trop le pénétrer,
Aller plus loin, feroit le déchirer.

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LISE, MARTHE, un LAQUAIS. un LA QUAI S.

A bas, Madame, il eft une Baronne.

Le Croupillac.

LISE.

Sa vifite m'étonne.

le LAQUAI S.

Qui d'Angoulême arrive juftement,

Et veut ici vous faire compliment.

Hélas fur quoi ?

LISE

MARTHE.

Sur votre himen fans doute,

LISE.

Ah, c'est encor tout ce que je redoute,

Suis-je en état d'entendre ces propos,
Ces complimens, protocole des fots,
Où l'on fe gêne, où le bon fens expire?
Dans ce travail de parler fans rien dire ;
Que ce fardeau me péfe & me déplaît !

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On dit qu'elle eft affez grande époufeuse,
Un peu plaideufe & beaucoup radoteuse.

LISE.

Des fiéges donc. Madame... pardon fi....
Mc CROUPILLAC.

Ah Madame!...

LISE.

Eh Madame !

Mc CROUPILLAC.

Il faut auffi.

LISE.

S'affeoir Madame.

Me CROUPILLAC affife.

En vérité, Madame,

Je fuis confufe, & dans le fonds de l'ame

Je voudrois bien....

LISE.

Madame?

Mc CROUPILLAC
Ah! je voudrois

Vous enlaidir, vous ôter vos attraits;
Je pleurs hélas ! vous voyant fi jolie.

LISE.

Confolez-vous, Madame.

Me CROUPILLA C.
Oh! non, ma Mie,

Je ne fçaurois, je vois que vous aurez
Tous les maris que vous demanderez;
J'en avois un, du moins en espérance;
Un seul hélas ! c'est bien peu, quand j'y pense;
Et j'avois eu grand peine à le trouver;
Vous me l'ôtez, vous allez m'en priver;

Il est un tems; ah! que ce tems vient vîte,
Où l'on perd tout, quand un Amant nous quitte,
Où l'on eft feule, & certe il n'eft pas bien,

D'enlever tout à qui n'a prefque rien.

LISE.

Excufez-moi fije fuis interdite

De vos difcours & de votre vifite;
Quel accident afflige vos efprits?
Qui perdez-vous, & que vous ai-je pris?

Mc. CROUPILLAC.

Ma chere enfant, il eft force bégueules,
Au teint ridé, qui penfent qu'elles feules
Avec du fard & quelques fauffes dents,
Fixent l'amour, les plaifirs & le tems.
Pour mon malheur hélas ! je fuis plus fage,

Je vois trop bien que tout paffe, & j'enrage.

LISE.

J'en fuis fâchée, & tout est ainfi fait ;

Mais je ne puis vous rajeunir.

Me CROUPILLAC.

Si fait :

J'efpere encore ; & ce feroit peut-être
Me rajeunir, que me rendre mon traître.

LISE.

Mais de quel traître ici me parlez-vous ?

Mc CROUPILLAC.

D'un Préfident, d'un ingrat, d'un époux,
Que je pourfuis, pour qui je perds haleine
Et fùrement qui n'en vaut pas la peine.

Eh bien, Madame ?

LISE.

Me CROUPILLAC

Eh bien, dans mon printems,

Je ne parlois jamais aux Préfidens,
Je haïffois leur perfonne & leur ftile;
Mais avec l'âge on eft moins difficile.

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Mc CROUPILLA C,

Je vis dans Angoulême,

Veuve & pouvant difpofer de moi-même; Dans Angoulême en ce tems Fierenfat, Etudioit apprentif Magiftrat ;

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me lorgnoit, il fe mit dans la tête,

Pour ma perfonne un amour mal-honnête,
Bien mal-honnête hélas ! bien outrageant
Car il faifoit l'amour à mon argent 3
Je fis écrire au bon-homme de pere,
On s'entremit, on pouffa bien l'affaire,
Car en mon nom fouvent on lui parla,
Il répondit qu'il verroit tout cela:
Vous voyez bien que la chofe étoit füre,

Oh oui.

LISE.

Mẹ CROUPILLAC

Pour moi j'étois prête à conclure;

De Fierenfat alors le frere aîné,
A votre lit fut, dit-on, destiné.

LISE.

Quel fouvenir!

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