Me CROUPILLAC

C'étoit un fou, ma chere,

Qui jouiffoit de l'honneur de vous plaire,

Ah!

LISE.

Me CROUPILLAC

Ce fou-là s'étant fort dérangé,
Et de fon pere ayant pris fon congé,
Errant, profcrit, peut-être mort, que fçai-je ?
(Vous vous troublez) mon Héros de Collége,
Mon Préfident fçachant que votre bien
Eft, tout compté, plus ample que le mien
Méprise enfin ma fortune & mes larmes;
De votre dot il convoite les charmes,
Entre vos bras il eft ce foir admis;

Mais penfez-vous qu'il vous foit bien permis
D'aller ainfi courant de frere en frere,

Vous emparer d'une famille entiere;

Pour moi déja par protestation,

J'arrête ici la célébration ;

J'y mangerai mon château, mon douaire,

Et le procés fera fait de maniere,

Que vous, fon pere & les enfans

que j'ai,

Nous ferons mort avant qu'il foit jugé.

LISE.

En vérité je fuis toute honteuse,

Que mon himen vous rende malheureuse,

Je fuis peu digne hélas de ce courroux,

Sans être heureux on fait donc des jaloux !
Ceffez, Madame avec un œil d'envie,

De regarder mon état & ma vie ;
On nous pourroit aisément accorder,
Pour un mari je ne veux point plaider.

Eft-il poffible?

Me CROUPILLA C.

LISE.

Oui, je vous l'abandonne.
Me CROUPILLA C.

Vous êtes donc fans goût pour fa perfonne ;

Vous n'aimez point?

LISE.

Je vois très-peu d'attraits,

Dans l'himénée, & nul dans les procès.

SCENE IV.

Mc. CROUPILLAC, LISE, RONDON.

RONDON.

H, oh, ma fille, on nous fait des affaires,

OH,

Qui font dreffer les cheveux aux beaux-peres;

On m'a parlé de protestation,

Et vertubleu, qu'on en parle à Rondon;

Je chafferai bien loin ces créatures.

Me CROUPILLAC

Faut-il encor effuïer des injures?
Monfieur Rondon, de grace écoutez-moi

Que vous plaît-il?

RONDON,

Me CROUPILLAC.

Votre Gendre eft fans foy

C'eft un fripon d'efpéce toute neuve,
Galant, avare, écornifleur de veuve
C'eft de l'argent qu'il aime.

RONDON.

Il a raison.

Me CROUPILLA C.

Il m'a cent fois promis dans ma maifon
Un pur amour, d'éternelles tendreffes.

RONDON.

Eft-ce qu'on tient de femblables promeffes? Me CROUPILLAC

Il m'a quittée, hélas ! fi durement?

RONDON.

J'en aurois fait de bon cœur tout autant.

M: CROUPILLA C.

Je vais parler comme il faut à fon pere.

RONDON.

Ah! parlez-lui plûtôt qu'à moi.

Mc CROUPILLAC

- L'affaire

Eft effroyable, & le beau fexe entier
En ma faveur, ira par tout crier,

Mc CROUPILLAC.

Il me faut un époux,

Et je prendrai lui, fon vieux pere, ou vous

SCENE V.

RONDON, FIERENFAT, LISE
RONDON & Life

E voudrois bien fçavoir auffi pourquoi,

JE

Vous recevez ces vifites chez moi ?

Vous m'attirez toujours des algarades;

Et vous,Monfieur, (à Fierenfat) le Roi des pédans fades, Quel fot démon vous force à courtifer

Une Baronne afin de l'abufer?

C'est bien à vous, avec ce plat vifage,
De vous donner les airs d'être volage;
Il vous fied bien, grave & trifte indolent,
De vous mêler du métier de galant?
C'étoit le fait de votre fou de frere:
Mais vous, mais vous !

FIEREN FÀ T.

Détrompez-vous, beau-pere;

Je n'ai jamais requis cette union;

Je ne promis que fous condition,
Me refervant toujours au fond de l'amé,
Le droit d'avoir une plus riche femme,
De mon aîné l'exhérédation,
Et tous les biens en ma poffeffion,

A votre fille enfin m'ont fait prétendre.

Argent comptant fait & beau-pere & gendre.

RONDON.

Il a raifon, ma foi, j'en fuis d'accord,

LISE.