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LISE.

Avoir ainfi raifon, c'eft un grand tort.
RONDON.

L'argent fait tout. Va, c'eft chofe très-füre;
Hâtons-nous donc fur ce pied de conclure,
D'écus tournois foixante pefans facs,
Finiront tous malgré les Croupillacs;
Qu'Euphemon tarde, & qu'il me défefpere?
Signons toujours avant lui.

Lís E.

Non, mon pere,

Je fais auffi mes proteftations,

Et je me donne à des conditions.

RONDON.

Conditions! toi, quelle impertinence!

Tu dis, tu dis?

LISE.

Je dis ce que je penfe."

Peut-on gouter le bonheur odieux,

De fe nourrir des pleurs d'un malheureux ?......... Et vous, Monfieur, dans votre fort prospére, Oubliez-vous que vous avez un frere?

FIEREN FAT.

Mon frere? Moi? Je ne l'ai jamais vû,
Et du logis il étoit difparu,

Lorsque j'étois encor dans notre école,
Le nez collé fur Cujas & Bartole,
J'ai fçû depuis fes beaux déportemens:
Et fi jamais il reparoît ceans,

C

Confolez-vous, nous fçavons les affaires,
Nous l'enverrons en douceur aux galeres.

LISE.

C'eft un projet fraternel & chrétien ;
En attendant vous confifquez fon bien,
C'est votre avis; mais moi je vous déclare,
Que je détefte un tel projet.

RONDON.

Tarare,

Va, mon enfant, le Contrat eft dreffé,

Sur tout cela le Notaire a passé.

FIEREN FAT.

Nos peres l'ont ordonné de la forte, En Droit écrit leur volonté l'emporte ; Lifez Cujas chapitre cinq, fix, fept: » Tout libertin de débauches infect, » Qui renonçant à l'aîle paternelle, » Fuit la maison, ou bien qui pille icelle, Ipfo facto de tout dépossédé,

כל

» Comme un bâtard il eft exhéredé.

LISE.

Je ne connois le Droit ni la Coutume
Je n'ai point lû Cujas, mais je préfume,
Que ce font tous des malhonnêtes gens,
Vrais ennemis du cœur & du bon fens ;
Si dans leur Code ils ordonnent qu'un frere
Laiffe périr fon frere de mifere;

Et la nature & l'honneur ont leurs droits,
Qui valent mieux que Cujas & vos Loix.

RONDON.

Ah! laiflez-là vos Loix & votre Code,
Et votre honneur, & faites à ma mode,
De cet aîné que t'embarraffes-tu?

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Qu'il foit puni: mais au moins qu'on lui laiffe
Un peu de bien, refte de droit d'aîneffe
Je vous le dis, ma main ni mes faveurs
Ne feront point le prix de fes malheurs;
Corrigez donc l'article que j'abhorre,
Dans ce Contrat, qui tous nous deshonore ;
Si l'intérêt ainfi l'a pû dreffer,

C'est un opprobre, il le faut effacer.

FIEREN FAT.

Ah !qu'une femme entend mal les affaires.

RONDON.

Quoi ! tu voudrois corriger deux Notaires?

Faire changer un Contrat ?

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Je n'ai pas grand ufage

Jufqu'à préfent du monde & du ménage ;

CH

Mais l'intérêt, mon cœur vous le maintient,
Perd des maifons autant qu'il en foutient;
Si j'en fais une, au moins cet édifice
Sera d'abord fondé fur la juftice.

RONDON.

Elle eft têtue, & pour la contenter,
Allons, mon gendre, il faut s'exécuter;

Ça, donne un peu.

FIERENFA T...

Oui, je donne à mon frere. ...

Je donne... allons...

RONDON.

Ne lui donne donc guére.

SCENE VI.

EUPHEMON, RONDON, LISE..

A

RONDON.

H! le voici le bon-homme Euphemon;
Viens, viens, j'ai mis ma fille à la raifon ;
On n'attend plus rien que ta fignature,
Preffe-moi donc cette tardive allure,
Dégourdis-toi, prens un ton réjoui,
Un air de nôce, un front épanoui;
Car dans neuf mois je veux, ne te déplaife,
Que deux enfans: je ne me fens pas d'aife;

Allons, ri donc, chaffons tous les ennuis;

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Quelle rage eft la vôtre ?

Quoi? tout le monde eft-il devenu fou?

Chacun dit non: comment ? pourquoi? par où?

EUPHEMON.

Ah! ce feroit outrager la nature,"

Que de figner dans cette conjoncture.

RONDON.O

Seroit-ce point la Dame Croupillac

Qui fourdement fait ce maudit micmac ?

EUPHEMON.

Non, cette femme eft folle, & dans fa tête,
Elle veut rompre un himen que j'apprête ;
Mais ce n'eft pas de ces cris impuiffans
Que font venus les ennuis que je fens.

RONDON.

Eh bien, quoi donc ? ce, béquillard du coche
Dérange tout, & notre affaire acroche?

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