EUPHEMON. Ce qu'il a dit doit retarder du moins L'heureux himen, objet de tant de foins. LISE. Qu'a t-il donc dit, Monfieur ? A t-il appris ? FIERENFAT. Quelle nouvelle EUPHEMON. Une, hélas ! trop cruelle : De vers Bordeaux cet homme a vû mon fils Sans doute, hélas! il eft mort à préfent. FIERENF AT. Ah! Monfieur, la páleur De fon vifage efface la couleur. RONDON. Elle eft, ma foi, fenfible; ah ! la friponne; Puifqu'il eft mort, allons, je te pardonne. FIERENFAT. Mais après tout, mon pere, voulez-vous? EUPHEMO N. Ne craignez rien, vous ferez fon époux; Par une joie indifcrete, infenfée Ah! oui, Monfieur, j'approuve vos doulė, Il m'eft plus doux de partager vos pleurs, Que de former les noeuds du mariages. Eh! mais mon pere FLEREN FAT, RONDON. Eh, vous n'êtes pas fage! ་ Quoi! différer un himen projetté, Pour un ingrat cent fois deshérité, EUPHEMON. Dans ces momens un pere eft toujours pere, RONDON. Réparons-la, donnons-nous aujourd'hui Mais.... EUPHEMON. RONDON. Mais morbleu, ce procédé me bleffe; De regretter même le plus grand bien, C'eft fort mal fait; douleur n'eft bonne à rien; Ce fils aîné, ce fils votre fleau, Vous mit trois fois fur le bord du tombeau; Eut tôt ou tard abrégé votre vie ; Soyez tranquille, & fuivez mes avis, C'eft un grand gain que de perdre un tel fils. f EUPHEMON. Oui, mais ce gain coûte plus qu'on ne pense, Je pleure, hélas ! fa mort & fa naiffance, RONDON à Fierenfat. Va, fuis ton pere, & fois expéditif, Prend ce Contrat, le mort faifit le vif; à Life. Et toi, ma fille, attendons à ce foir, Tout ira bien, LISE. Je fuis au defefpoir. Fin du deuxiéme Alte. A CTE III. SCENE PREMIERE. monde, UI, mon ami, tu fus jadis mon maître, Ce Chevalier fi pimpant dans le monde, Tout eft au diable; éteins dans ta mémoire, Le fouvenir d'un bonheur qui n'eft plus |