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Cette nouvelle Edition a été augmentée de quantité de Réflexions & d'Anecdotes qui ne font point dans la précédente. Ces Hiftoriettes, dont l'idée & le confeil font primitivement dus à un homme de Lettres diftingué, (M. de la Harpe) ces Hiftoriettes, quoique connues pour la plupart, peuvent, nonfeulement égayer le férieux des préceptes; mais, en leur donnant de plus la force de l'exemple, fe rajeunir ellesmêmes en quelque façon; fur-tout étant placées rélativement à chaque objet, fans que l'acceffoire nuife au principal. Aussi n'est-ce que fous cet afpect qu'il faut ici les envisager.

Outre ces augmentations, outre quel ques articles qu'on a cru devoir élaguer, on s'eft de plus attaché à fupprimer les longueurs & a lier un peu moins les phrases l'une à l'autre, felon la remarque

que de la part des Spectateurs, qui font à-peu-près de même par-tout.... Pour donner à la Réimpreffion de cet Ouvrage un nouveau vernis d'intérêt, on a eú foin d'y inférer tout ce que ces deux Théâtres onţ pu fournir d'agréable & d'instructif,

& l'avis d'un Critique très-renommé *. Lorsqu'un homme éclairé veut bien indiquer les défauts d'un Livre, le plus court eft de les corriger, fans alléguer d'inutiles excufes que le Public admet rarement.

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Malgré cela, il y auroit encore beaucoup à defirer, & le Lecteur appercevra peut - être même des négligences qui auront échappé à l'attention de l'Auteur. « Or, un mauvais terme, dit Vaugelas, » parce qu'il eft aifé à remarquer, fait quelquefois plus de tort qu'une fauffe penfée, quoiqu'il n'y ait non plus de » comparaifon des chofes avec les mots, » que de l'arbre avec l'écorce ». Mais s'il éft vrai, comme le dit Monfieur de Voltaire, que tout homme qui veut bien écrire, doit châtier fes ouvrages toute fa vie, on ne peut que regretter de s'y être pris trop tard, & de n'avoir plus affez de temps pour effectuer ce principe avec quelque fuccès.

Une autre confidération décourageante

Année littéraire 1774, Tome V, page 145.

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pour un Ecrivain peu exercé, c'est aus jourd'hui la quantité de Livres fupérieurement écrits en tout genre, & dont à peine on a lû quatre pages, qu'auffitôt la plume vous tombe des mains. Alors, fi on a quelque talent, on fent qu'il s'éclipfe, dit M. Diderot, au » fujet de Moliere: on refte des jours " entiers fans rien faire; on fe déplaît à » foi-même, & le courage ne revient » qu'à mesure qu'on perd la mémoire » de ce qu'on a lû, & que l'impreffion » qu'on en a reffentie, fe diffipe ». Tel eft le cas où l'Auteur de cet Ouvrage s'eft trouvé plus d'une fois.

il

Cependant, parmi tant de gens de la Profeffion qui fe taifent, peut-être n'estpas inutile que quelqu'un fe hasarde à parler. Souvent, par une gradation ordinaire à tous les Arts, les idées les plus étroites dans le principe, se font étendues & perfectionnées, à la longue, avec le plus grand fuccès; & tel a vû une chaîne entière ou d'autres à peine avoient apperçu quelques anneaux.....

Raifon fuffifante pour publier ces Obfervations, dans l'efpérance qu'une autre plus habile pourra un jour les étendre & les perfectionner, & même les enrichir de nouvelles découvertes. Ce font des matériaux pour qui voudra les mettre en œuvre ou en meilleur ordre

A l'égard de quelques traits defectueux, affez remarquables chez certains Comédiens, moins vraisemblablement à leurs propres yeux qu'à ceux du Public; vainement protesteroit-on contre toute application perfonnelle. On

A l'exception des deux petits Traités des fieurs Riccoboni, pere & fils, fondus dans ce Recueil aucun Comédien, que l'on fçache, ne s'étoit avisé d'écrire fur cette matière. Effectivement, on a toujours beaucoup plus écrit fur l'Art de faire des Pièces, que fur l'Art de les repréfenter. Cependant on n'a pas moins befoin de lumières pour exercer l'un, que pour pratiquer l'autre. Le Génie même, qui feul peut fuffire pour le premier, n'eft pas fuffifant pour le fecond: mais, généralement parlant, la plupart des Artiftes ne fe piquent guères d'être Ecrivains. Quelquefois ceux qui pourroient écrire, ne font pas. inftruits; ou ceux qui font inftruits, fouvent ne favent pas écrire.... Double écueil, auquel fans doute on ne fe flatte pas d'avoir échappé.

auroit beau affurer que le feul but eft d'instruire & non pas d'offenser; malgré toutes les précautions qu'on a prifes, on ne détourneroit point les foupçons, ni les malignes interprétations que quelques gens voudront donner à l'intention de l'Auteur, fur-tout dans le Pays où cet Ouvrage a été compofé. Ainfi l'on se contentera de faire obferver qu'il n'est guères poffible de traiter d'un Art, dans la vue d'être utile, fans parler des imperfections des Artistes; image toujours plus propre à corriger que le tableau même de leurs qualités. D'ailleurs, s'il y a, par hafard, dans cet Effai, quelques portraits un peu reffemblans, les Originaux n'en font pas moins communs à un Théâtre qu'à un autre; ni les reffemblances plus relatives à celui-ci qu'à celui-là. Il en eft de ces portraits, comme de tant de caractères, dont les ridicules repréfentés chaque jour fur la Scène, ne font jamais tellement applicables à quelqu'un, qu'ils ne puiffent l'être également à quelqu'autre, & dont, par cette

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