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fomption qui lui eft tout-à-fait contraire. Le vrai mérite n'est guère fufceptible que de modeftie, comme l'orgueil n'eft ordinairement qu'un tiffu de petiteffes. N'y a-t-il pas beaucoup de gens qui ne font, ou qui n'ont été que les prête-noms de leurs Ouvrages è On fait que plufieurs Auteurs, foit par crainte foit

par modeftie, ne voulant point faire paroître leurs Pièces fous leur propre nom, les mettoient fous celui de quelque Comédien. Champinêié, la Thuilerie, Dancourt & plufieurs autres, en fourniffent des exemples. D'ailleurs, il n'y a pas, dit-on, de fumée fans feu; & ces bruits injurieux ayant couru, du vivant même de Baron, il eût été de fon honneur de chercher à les détruire, dans le temps, par d'autres preuves plus convaincantes, que ce qu'il dit dans la Préface de l'Andrienne, où il fe borne à fe comparer modeftement à Térence, fous prétexte que celui-ci a été dans le même cas. Comparaifon n'eft pas raifon, & il en falloit une autre beaucoup plus folide & moins équivoque, &c. Raifons plaufibles de part & d'autre, pourroit-on dire; mais non fuffifantes pour décider la question: & adhuc fub judice lis eft.

Anecdote. On dit que la derniere fois que ce même Baron parut fur la Scène (à cette feconde retraite comme à la premiere, ce fur par la Tragédie de Venceflas), il s'arrêta court à ce Vers: fi proche du cercueil où je me vois defcendre.... foit qu'alors il fe fentit oppreflé par fon afthme; foit plutôt par une triste réflexion fur fon grand âge, ce qui pouvoit fort bien lui donner à fonger, car il mourut effectivement trois mois après.

Son père étoit mort plus de 68 ans auparavant, d'une blessure qu'il fe fit au pied, en repouffant l'épée que le Comte de Gormas fait tomber à Dom Diégue dans le Cid. La gangrene s'y étant mife, on lai propofa de lui couper la jambe ; mais il n'y voulue point confentir en difant: Il feroit beau de voir un Roi de Théâtre avec une jambe de bois !.... On prétend que fa femme étoit fi belle, que, lorfqu'elle paroiffoit à la Toilette de la Reine, le Roi s'écrioit pour fe divertir: Mefdames, voici la Baron; & qu'auffi-tôt elles prenoient toutes la fuite.

FIN.

1

J'AI
'Ar lû, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un
Ouvrage intitulé: Obfervations fur l'Art du Comédien, &c. lequel
m'a paru bien fait, pouvoit être utile & mériter par conséquent
le débit, ne renfermant rien d'ailleurs qui puiffe l'en empêcher.
A Paris, ce 15 Avril 1776. Signé, D'HERMILLY.

PRIVILEGE DU ROI.

PAR LA GRACE DE DE FRANCE ET DE

NAVARRE; à nos anés & féaux Confeillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Confeils Supérieurs, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra; SALUT. Notre amé le fiear D'HANNETAIRE, Nous a fait expofer qu'il defiroit faire imprimer & donner au Public, Obfervations fur l'Art du Comédien, de la compofition, s'il nous plaifoir lui accorder nos Lettres de permiflion pour ce nécessaires: A ces causes, voulant favorablement traiter l'Expofant, Nous lui avons permis & permettons par ces préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera, & de le faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de trois années confécutives, à compter du jour de la date des préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéif fance; à la charge que ces préfentes feront enregistrées tout au long fur le Regifre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles: que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caractères ; que l'Impétrant se conformera en tout aux réglemens de la Librairie, & notamment à celui du Avril 125, à peine de déchéance de la présente permission; qu'avant de l'expofer en vente, le manufcrit qui aura servi de copie à l'impreffion dudit Ouvrage, fera remis dans le même état où l'approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier, Garde des Sceaux de France, le Sieur DE MAUPEOU; qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle dudit Sieur DE MAUPEOU; le tout à peine de nullité des préfentes. Voulons, &c. Car tel eft notre plaifir. DONNÉ à Paris le 29e jour du mois de Juin, l'an de grace 1774, & de notre Règne le premier. Par le Roi en fon Confeil. LEBEGUE. Regiftré fur le Regifire XIX. de la Chambre Royale Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No.... Folio 270, conformément aux Réi glemens de 1723. A Paris le 4 Juillet 1774.

A. P. LOTTIN jeune, Adjoint.

POUR maintenir & fortifier de plus en plus l'ardeur

& la confiance des jeunes Candidats du Théâtre en faveur de cet Ouvrage, contre toute autre impreffion contraire; le Libraire, chargé de cette édition, a joint, au Volume, ces Extraits de quelques Journaux. On ne peut guère en effet donner, à un Commençant, une meilleure idée ni une fûreté moins équivoque des principes d'un Art qu'il n'a point encore exercé, que d'après la décision & l'autorité des véritables Connoiffeurs.

Extrait de la Gazette Littéraire, des Sciences & des Arts, du 16 Juillet 1774.

CET Ouvrage eft plein d'Observations judicieuses & de détails

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très-lumineux, dont la lecture ne peut qu'être utile, même aux Acteurs qui ont le plus de réputation. C'eft fur cette matière un des Ouvrages les plus étendus & les plus variés qui foient fortis de la plume d'un homme de l'Art.... L'Auteur, dans le Dif cours préliminaire, ( les difpofitions de la nature admifes & fuppofées dans un Acteur,) commence par établir & par prouver la néceffité des Ecoles Dramatiques, qu'il réduit à une forme toute mple; c'eft de nommer & d'autorifer dans chaque Troupe, un Chef expérimenté, tant pour donner des leçons ou des confeils, que pour préfider à chaque répétition; corriger l'un, ranimer, contenir l'autre, & en général mettre de l'ensemble dans le jeu des Acteurs, & les conduire, en dépit de l'amour-propre. dans les fentiers de la nature & de la vérité ; au lieu de fouffrir, dans cette Profeffion, cette espèce d'anarchie ou chacun ne veut avoir de règle que foi..... L'Auteur entre enfuite dans le détail des principes les plus recherchés de fon Art, en réunifant, aux meilleurs extraits, une foule de notes ou d'obfervations les plus juftes, qu'il a foin d'égayer par des Anecdotes théâtrales, relatives à chaque objet. Il offre ainfi au Lecteur de toutes les claffes, plus d'un genre d'amufement, & dans le plaifir de juger les talens & les défaurs des Acteurs qu'il voir tous les jours fur la Scène, & dans la variété d'Anecdotes très-piquantes qui y font recueillies, & qui interrompent de tems en tems l'uniformité des réflexions, & des préceptes, &c. &c.

Extrait du Journal Encyclopédique, du premier
Novembre 1774• .

DE tous les Arts de goût, celui du Comédien paroît le plus à

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la mode. Les Acteurs de profeffion voient chaque jour leurs talens imités & enviés dans un grand nombre de Sociétés, même du plus illuftre rang, où l'on s'occupe des amusemens dramatiques ; enforte que l'Ouvrage que M. d'Hannetaire femble ne proposer qu'à de jeunes Adeurs & Attrices, eft d'une utilité plus étendue qu'il ne l'annonce modeftement, puifque la Capitale & les Provinces ont plus que jamais les rêves Abdéritains, Abderitana fomnia gentis habent.

M. d'Hannetaire, après avoir longtems, & avec fuccès, exercé fon Art, a cru devoir être utile encore, en faisant part au Public des réflexions toujours folides & fouvent très-fines, qu'il a faites fur fa profeffion..... Il s'étend fur beaucoup d'objets, qu'il difcure en homme très-inftruit & bien fait pour être un de ces Maîtres dont l'établissement feroit néceffaire. Il oppose des raifons judicieuses à toutes les objections qu'on pourroit lui faire. De-là, il paffe à un abregé de l'Ouvrage eftimé de M. Remond de Sainte-Albine, intitulé le Comédien: Ouvrage qui fe trouve aujourd'hui difficilement, & auquel, pour lui fervir de supplé ment, il joint des Notes très-étendues, qui lui donnent occafion d'entrer dans le dérail de tous les principes de fon Art. Il a foin. de parfemer fes préceptes, les vues & fes obfervations, d'Anecdo tes théâtrales relatives à chaque objet; ce qui rend la lecture de cet ouvrage auffi variée, qu'utile & agréable.

Nous ne fuivrons pas M. d'Hannetaire, pied à pied: nous nous bornerons à choisir, parmi les différentes réflexions, celles qui nous auront offert quelque chofe de plus neuf & de plus piquant. A l'égard des Anecdotes, qui font très-nombreuses dans ce Code dramatique, nous en choifirons de même quelques-unes, par lefquelles nous terminerons notre Extrait: & nous n'oublierons pas d'appuyer notre fentiment fur cette production, du fuffrage de M. de Marmontel. Voici ce qu'a dit cet Académicien fur la première Edition. L'Auteur a réuni, dans fon Ouvrage, tout ce qu'on a écrit de mieux fur l'Art du Comédien, & les Notes qu'il y a jointes, ne le cédent à aucun de ces morceaux, ni pour la justeffe, ni pour la finesse des obfervations. On regrette feulement qu'un Obfervateur fi judicieux, n'ait pas eu affiduement devant les yeux Théâtre de Paris; il n'auroit pas mieux vû, il n'auroit pas mieux dit; mais il auroit vû & dit plus de chofes, & fon Livre eft du petit nombre de ceux dont le défaut eft d'être trop court. Or, c'est dans ces augmentations defirées, que confifte principalement le mérite & la différence de cette nouvelle Edition.

le

Extrait de l'Année Littéraire, No. 23; 1774. L'AUTEUR de cet Ouvrage paroît être un homme d'un grand

3 fens, à qui trente années d'expérience & l'habitude de réfléchir, ont donné le droit de publier les observations sur un Art qu'il ne peut avoir exercé qu'avec fuccès. Il a rassemblé, dans ce Volume, d'excellens Extraits des meilleurs Traités qui ont paru fur le même sujet. Tous ces Extraits font accompagnés de longues remarques, fouvent plus curieuses & prefque toujours plus appro fondies que le texte même. L'Ouvrage entier eft précédé de Lettres très-judicieufes, fervant de Difcours Préliminaire, où l'Aureur commence par établir, contre le fentiment d'un grand nombre de fes Confrères, la néceffité d'un bon Maître, pour faire des progrès fürs & répides dans l'Art du Comédien ; & il réfute, par des raifons fans replique, l'opinion de ceux qui prétendent qu'on ne doit pas enfeigner la Comédie, & qu'il faut, pour la bien jouer, n'avoir recours qu'à la natute & à la propre intelligence, &c. &c. &c. Et, après une analyse de vingt-cinq pages concernant cet Ouvrage, le Journaliste ajoute: ces obfervations doivent être mises entre les mains de toutes les perfonnes qui se destinent au Théâtre, & de celles qui n'ont deffein que de fe faire un amusement de l'Art de la déclamation. C'est le meilleur Ouvrage qui ait paru fur cet Art difficile; c'eft en même-tems le plus complet, puifqu'il renferme tout ce que les autres Ecrivains ont écrit de mieux fur cette matière. Les Anecdotes, dont il est semé, en rendent la lecture très-agréable. Enfin la fineffe, la nouveauté, la justelle & la multitude des obfervations, peuvent faire mettre ce Recueil au nombre des meilleurs Livres Elémentaires.

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Autre Extrait du même Journal de 1775, No. 11. p. 62.

J'ai parlé fort au long, l'année dernière, de la feconde édition de ce Livre, que je regarde, d'après la troisième que j'annonce comme parfait dans fon genre. Quoiqu'il foit particulièrement destiné aux jeunes Acteurs, il n'est point d'homme du monde, d'Homme de Lettres, de Citoyen obligé de parler en public, qui ne puiffe en profiter & qui ne le life avec le plus grand plaifir.

Extrait du quatrième Supplément du Journal des Beaux Arts, 1774.

LE Théâtre a une influence fi directe fur les mœurs & fur le goût, que nous n'aurions pas tardé fi long-tems à rendre compte de cet Ouvrage, fi nous nous étions bornés, comme la plupart de ceux qui en ont parlé, à rapporter quelques-unes des Anecdotes qu'on y trouve. Ce font les principes de l'Art qui méritent l'attention du Lecteur. Quoique ces Obfervations aient été faites en Province, (c'est dans le Pays Etranger,) nos Acteurs de la Capiale ne peuvent mieux faire que d'y puifer des leçons. Ils n'y

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