Imágenes de páginas
PDF
EPUB

raifon, qui que ce foit ne s'avife de fe formalifer perfonnellement *.

Au refte, en fe permettant même quelques perfonnalités dans un Ouvrage de cette nature, on se croiroit d'autant moins repréhensible, que tel est le fort des Comédiens de n'être pas moins expofés à la Cenfure qu'à la Louange. Ce font des Victimes volontaires, dévouées par état aux amusemens du Public; &

* « Le plus grand tort, peut-être, feroit de faire » des portraits qui ne reffembleroient à rien: en ma» tière grave, dit M. Paliffot, l'attentat eft dans celui

qui fait les applications, & il n'appartient à per>>fonne de deviner le fecret d'un Auteur. Le même » Ecrivain obferve ailleurs, qu'il n'eft pas poffible de » bien peindre un perfonnage, fans qu'on lui trouve » une infinité de Copies. Souvent, dit-il, le véritable » Original, qui a fervi de modèle, échappe à l'ap»plication, tandis qu'elle va fe partager fur des gens >> auxquels l'Auteur n'avoit jamais pensé. Or, toute application ainfi divifée, ceffe par-là d'être offen>> fante, &c. >>

que

La méprife, à cet égard, a été pouffée fi loin, quelques Lecteurs ont eu la mal-adreffe, ou la mauvaife foi, d'adapter à un Acteur du plus rare talent (M. Molé) ce qui n'avoit été dit que de fes infidèles Imitateurs. Comme fi la différence d'une mauvaise Copie à un bon Original, n'étoit pas trop fenfible pour devoir s'y méprendre.

faites par conféquent pour être immolées au Goût, à la Vérité, & au progrès des talens qui en dépendent : car le Goût & la Vérité ont leurs droits, & la crainte de déplaire ne fournit point un motif fuffifant pour les facrifier *. Il est même du devoir de démafquer le faux mérite en tout genre, & de le faire connoître ainfi que la fauffe monnoie. Enfin l'on critique tous les jours les Auteurs les plus célèbres, qui, fans contredit, valent bien les Comédiens.....

Seroient-ils donc des Dieux qu'on ne pût attaquer? C'est dire affez avec quelle docilité, à plus forte raison, celui qui écrit fe foumet à la Cenfure publique, en reconnoiffant de droit chaque particulier pour fon Juge.

Suppofé, après cela, contre toute attente, que quelques Acteurs ou A&tri

*

Malgré ces droits, néanmoins, on s'eft toujours fait une loi de ne nommer aucun Acteur vivant, que lorsqu'on a eu du bien à en dire: Sublato jure nocendi.

ces aient affez de modeftie, ou affez peu d'aveuglement, pour se reconnoître ici dans leurs propres défauts, on leur confeille, non de fe plaindre, mais de se corriger. Dès-lors, tous ces portraits ne feront plus les leurs; & cette juftice héroïque qu'ils fe feront rendue à euxmêmes, sera certainement plus glorieuse pour eux, qu'une mauvaise honte ou une opiniâtre perfévérance. Il est vrai que c'eft-là une espèce de réforme auffi difficile qu'extraordinaire, & à laquelle on doit d'autant moins s'attendre, que, dans cette fière Profeffion, rarement on s'attribue à foi-même des imperfections, qu'on ne s'imagine voir que dans les autres. Un Avare ne prend guère pour lui tout ce qu'on dit de l'avarice, ni un Glorieux ce qu'on dit de l'orgueil :

On fe voit d'un autre œil qu'on ne voit fon prochain. Ce feroit même beaucoup, (on le dit d'après l'expérience) fi, de tant de Comédiens, la dixième partie daignoit lire un Ouvrage comme celui-ci. Ils en fen

tiroient l'utilité, qu'à peine en voudroient-ils profiter; ou, s'ils en profitoient, à peine auroient-ils le courage d'en convenir; au contraire, plus ils en tireroient parti, plus ils affecteroient de le méprifer. Telle est l'injustice ou l'indifférence altière de la plupart de ces Meffieurs fur ces fortes de chofes, principalement lorfqu'elles viennent de quelqu'un de leur état. On diroit qu'en général ils ont une répugnance naturelle à être éclairés : femblables à ces Oifeaux nocturnes dont la prunelle fe contracte au moindre rayon de la lumière..... Auffi cet Effai ne futil jamais destiné à des Comédiens de cette espèce *.

* Dans le nombre, il ya fans doute des exceptions; & il feroit injufte d'appliquer à tout le Corps la comparaison & le reproche.... Cependant, pour montrer qu'on n'exagere point, il eft bon de citer, entr'autres, la Lettre d'un Libraire de Dijon fur l'Edition précédente : « Monfieur, j'ai fait tout ce que »j'ai pu pour le débit de votre Ouvrage; mais les » Acteurs de la Comédie, auxquels je me fuis adreffé » particulièrement, m'ont dit que votre Livre, quoi» que très-bon d'ailleurs, renfermoit des Anecdotes » connues, pour la plupart, de forte que je ne leur

La feule ambition que l'Auteur ôfe donc se permettre, se borne à deux objets. Le premier eft de retracer & de détailler au Public les régles & les fineffes d'un Art qu'il paroît affectionner plus que jamais. C'est à lui qu'il appartient d'en faire les applications directes & d'adreffer aux différens Acteurs les leçons perfonnelles qui peuvent leur convenir. En un mot, c'est le feul Maître qui ait le droit & le pouvoir de fe faire écouter des Comédiens.

Le fecond objet eft d'être utile à de jeunes Commençans, modeftes, dociles, & non encore infectés de la contagion; foit en réunissant, fous un feul point de

»en ai vendu qu'un feul Exemplaire, &c. figné » Capel. Il eft clair que ces Meffieurs font moins Amateurs de préceptes, que Curieux d'Anecdotes..... Ne femble-t-il pas voir des enfans, plus occupés des images d'un livre, que des chofes utiles qu'il peut contenir? «Ceux qui reprochent à l'Auteur de cet Ouvrage, dit le Journal des beaux Arts, que la plupart de ces Anecdotes font connues, décelent » une grande ftupidité qui ne leur permet guère de » fentir le mérite des préceptes.....» On laiffe au Lecteur les autres réflexions.

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »