Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'avarice, le détacha facilement du parti des alliez. (Diod. CARIE de Sicile. 1. 12. Pline 1. 36.) Il mourut la 4°. année de la CVI. Olympiade, 353 avant J. C. & laissa fon Royaume à fa femme ARTEMISE, qui étoit en même tems fa fœur. C'étoit la coutume dans la Carie, que les Rois époufaffent ainfi leurs fœurs, & que les veuves fuccédaffent à leurs maris, préférablement à leurs freres & même à leurs enfans. Cette Princeffe afin d'éternifer fon amour pour fon mari, lui fit élever cet admirable tombeau, qui a paffé pour une des merveilles du monde, & qui a fait doner le nom de Maufolée à tout ce qui fe fait grand & de magnifique dans ce genre. (Strab. 1. 14. Paufan. in Arcad... Cic. Tufc. Q. 11.) Pline en a fait la description. Aule-Gelle. (1. 20.) dit que cetteReine avoit coutume de detremper les cendres de fon mari dans la boiffon qu'elle prenoit, & qu'elle établit pour les Savans qui travailleroient à l'éloge du Roi fon époux, un prix qui fut remporté par Theopompe de Chio. Artemife ne furveçut que deux ans à fa douleur. Son frere HIDRIE'E qui lui fuccéda, l'an 351 avant l'Ere vulgaire, fut de nouveau foumis aux Perfes, aufquels il demeura fidélement ataché. Il ataqua par l'ordre d'Ochus l'Ifle de Cypre, & envoya pour cette expé-dition, 40 vaiffeaux & 8 mille Grecs. Il regna fept ans, & inftitua pour héritiere ADA fa femme & fa fœur, laquelle fut chaffée quatre ans après, par fon frere PIXODARE ou Pixodame. Celui-ci fit alliance avec Orontobate, Seigneur Perfan, qu'il affocia à fon trône, lui ayant fait époufer fa fille Ada, laquelle avoit été oferte pour femme d'Aridée.

Après la mort dePixodare,Orontobate garda la Carie, mais la Reine ADA, veuve d'Hidriée, se mit fous la protection d'Alexandre, & lui livra Alinde, ville très forte qu'elle avoit confervée. Ce genereux Conquérant, après avoir pris Halicarnaffe, fit regner Ada fur toute la Carie.

Cet Etat fut enfuite foumis aux Rois de Sirie, puis aux Romains, aux Grecs & aux Sarafins. Aujourd'hui il obéit aux Turcs.

Il faut remarquer I°. Qu'il y avoit dans la Carie une pe-tite Contrée apelle la Doride, ou étoient les villes de Cnide.

CARIE. & d'Halicarnaffe. M. Rollin s'eft trompé, lorfqu'il a placé ces deux villes dans la Doride de Grece.

II°. Que dans la Laconie il y avoit un petite contrée apelle Carye, avec une ville de même nom, que les Grecs détruifirent, pour fe venger de ce que les Caryates s'étoient joints aux Perfes, énemis déclarez de tous les Grecs. Après la prife de la ville, les hommes furent paffez au fil de l'épée, & les femmes furent emmenées captives. Pour les traiter avec plus d'ignominie, après les avoir menées en triomphe, on ne permit pas aux Dames de qualité de quiter leurs grandes robes, ni aucun de leurs ornemens, afin qu'elles euffent toujours la honte de paroître au même état, qu'elles étoient le jour du triomphe. Et pour laiffer un exemple éternel de la punition, qu'on avoit fait foufrir aux Ĉariates de leur perfidie, les Architectes de ce tems ornerent les édifices publics de ftatues, qui représentoient ces femmes; au lieu de colonnes & des plaftres, & ces ftatuës furent apellées Cariatides.

LYDIE.

Herod. 1.1.

LA

CHAPITRE I V.

Des Rois de Lydie.

A Lidie, dont Sardes étoit la Capitale, eft un païs confidérable de l'Afie Mineure, qui a eu le nom de Meonie, & eft apellé aujourd'hui Carefie. Les Auteurs prophanes difent, qu'elle tire fon nom de Lidus, un de fes anciens Rois; mais Jofephe & S. Jerôme, eftiment que les Lidiens font décendus de Lud, fils de Sem. Les Lydiens ont été les premiers peuples, qui ont comencé à batre de la monoye d'or & d'argent pour le comerce, & ont été auffi les premiers qui ont tenu des cabarêts, & qui fe font mêlez de marchandise. On dit auffi qu'ils ont inventé les jeux, qui font comuns avec les Grecs.

Le Royaume de Lidie fut fondé vers l'an du monde 2520, 300 ans avant la prise de Troye, & fes Rois sont diftinguez en trois races.

La re. eft des Atyades, qui a regné 261 ans,

La

.

DE

Ce dernier Prince étoit né fourd & muet, mais la nature MAISON
avoit en quelque forte réparé ce défaut, par une fagacité
d'efprit extraordinaire. Un Espagnol nommé Ramire de SAVOY E.
Carion trouva le moyen de le faire parler, mais avec une
très-grande difficulté. Le Duc de Savoye fit ce Prince Che-
valier de l'Anonciade, Gouverneur & Lieutenant Général
du Comté d'Afti. Il mourut à l'âge de foixante-dix-huit
le 25. Avril 1709. laiffant entr'autres enfans VICTOR-
AME', Prince de Carignan, Colonel Général des Gardes
de Savoye, Général des Places dans le Milanois, apartenantes
au Roi de Sardaigne; il fut créé Chevalier de l'Anonciade
en Décembre 1696. Il eft actuellement en France, & a fait
en 1734. la campagne fur le Rhin en qualité de Lieutenant
Général des Armées de France & de Savoye, & y a doné
des preuves de fon habileté dans l'Art militaire.

ans,

E

Branche de Soiffons.

UGENE-MAURICE, troifiéme fils du Prince Thomas, étoit destiné pour l'Eglife, mais après la Table V. mort de son frere Jofeph-Emanuel, il quita l'an 1656. cet page 101. état & prit le titre de Comte de Soiffons, du chef de fa mere, héritière de cette branche de Bourbon; ce qui l'atacha à la France, qu'il fervit avec gloire, en qualité de Lieutenant Général des Armées du Roi. Ses fervices lui firent obtenir la Charge de Colonel Général des Suiffes & des Grisons, avec le Gouvernement de Champagne & de Brie.

*Elle eft fituée dans le pays de Lu

Ce fut en fa faveur, que le Roi érigea l'an 1662. la Terre d'Yvoy * en Duché fous le nom de Carignan. Il avoit époufé en 1657. Olympie Mancini, niéce des Cardinaux, FrançoisMarie Mancini, & Jule-Mazarini, laquelle fut faite Surinten- xembourg. dante de la Maison de la Reine. Après la mort du Prince fon époux, qui ariva le 7. Juin 1673. elle fe retira à Bruxelles, où elle eft morte le 10. Octobre 1708. mere de trois Princeffes & de cinq Princes, dont l'un mourut en 1676. à quatorze ans, & le fecond, favoir PHILIPE de Savoye, entra dans l'Ordre de Malthe, & fut pourvû par Roi des Abayes de S. Pierre de Corbie, de S. Médard de Soiffons, & de N. D. du Gard. Ce Prince mourut à Paris

le

[ocr errors]

LYDIE.

La 2. des Heraclides, qui a poffedé le Royaume 505 ans, fous 22 Rois.

La 3°. eft celle des Mermmades, dans laquelle la courone eft demeurée 170 ans.

Ainfi la durée de ce Royaume eft de 936 ans.

MÆON ou MANES, eft le plus ancien Roi de Lidie, qui foit venu à notre conoiffance. Manefium, ville de Phrigie, qui étoit du domaine de Manes, étoit vraisemblablement l'ouvrage de ce Prince, dont le fils COTYS remplit le Trône après lui. Celui-ci eut deux fils, ASIES & ATYS. Au premier, qui, fuivant Herodote, dona fon nom à l'Afie, échurent les Provinces de la Lidie, voisines du Mont Tmolus: à quelque d'instance de-là, se voyoit une ville que les anciens nomoient Afia, & l'on convient affez généralement que ce Prince en fut le fondateur. Il gouverna avec beaucoup de gloire fes Etats, que fon frere ATYS réunit aux fiens. Sous le regne de celui-ci, la famine comença à défoler cet Empire. Alors furent inventez les jeux, fuivant Herodote, comme le moyen le plus propre, de dérober au peuple le fentiment de fa mifere; mais coment s'imaginer, dit M. l'Abbé Sevin, que les plaifirs foient fortis du fein de la difete, eux qui ont toujours marché à la fuite de l'abondance & de l'oifiveté. Cette famine dura 18 ans, & les peuples reduits à l'extremité, sẹ partagerent en deux portions égales, fous le comandement de LYDUS & de TIRRHEMUS fon frere. Celui-ci par la décision du fort, fut obligé d'abandoner fa patrie & de s'embarquer. Il alla felon Herodote, fonder une Colonie en Toscane. Denis d'Halicarnaffe prétend au contraire, que les Lidiens ne font jamais venus en Italie.

Atys bâtit fur la fin de fon regne la ville d'Attalyde, Ouvrage auquel LIDUS eut la gloire de metre la dernie

re main.

ALCIME un de fes fucceffeurs, joignit à beaucoup de tendreffe pour fes fujets, une piété folide. Il fut ayeul de TMOLUS époux d'o MPHALE, célébre par l'empire que fes charmes lui aquirent fur Hercule. Elle avoit fuccedé à fon mari dans le gouvernement de la Lidie, lors qu'Hercule vint à fa Cour, & y perdit sa liberté. On dit

qu'il

[ocr errors]

qu'il y demeura 3 ans, & qu'il eut de la Reine plufieurs LY DIE. enfans. Cléarque nous aprend, qu'Omphale fe confola du départ de fon amant, avec les étrangers qui arivoient à fa Cour; mais que pour dérober au public la conoissance de fes defordres, elle faifoit égorger les malheureux qui avoient eu quelque part à fes bonnes graces. Leur mort fut vengée par un Seigneur Lydien, qui maffacra cette Reine, fi peu digne de comander. On ne fait pas précifément quel fut le fucceffeur d'Omphale, ni quels événemens firent paffer le pouvoir fouverain de la maison des Atiades dans celle des Heraclides, vers l'an 2781. ARGON fut le premier de ces Rois Heraclides, qui régnerent 505 ans en Lydie. Herodote lui done pour pere Ninus, pour ayeul Belus, & pour bifayeul Alcée, fils d'Hercule &d'une efclave d'Omphale Reine de Lydie, qu'Hellanicus nome Malis. Cette généalogie me paroît fufpecte, en ce qu'elle eft tout-à-fait contraire à la Chronologie; car il ne fe trouveroit que 28 ans pour trois générations. La premiere année de l'efclavage d'Hercule chez Omphale, comença dans fa 34° année, qui tombe à l'an du monde 2753, & fa 35° fut celle de la naiffance d'Alcée, qui fut l'an 2754. Quand on ne doneroit que 14 ans à Alcée lorfque naquit fon fils Belus, & 14 à celui-ci, quand il engendra Ñinus, on trouveroit que ce dernier pere d'Argon, n'étoit pas encore né l'an 2781, que l'on affigne comunément pour le comencement du régne d' Argon en Lydie. Ainfi je crois que l'on peut retrancher de cette généalogie Belus & Ninus. On ne conoît que les quatre derniers Rois de cette race, qui finit l'an 3286 en la perfone de CANDAULE. Ce Prince folement amoureux de fa femme, en vantoit les charmes à tout le monde il voulut même que fon favori Gigès en jugeât par fes propres yeux, & l'ayant fait cacher dans la chambre de la Reine, il fe dona cette bifare fatisfaction, qui lui couta la vie car la Reine qui aperçut Gigès comme il se retiroit, conçut tant de chagrin d'avoir été exposée nuë aux yeux d'un étranger; action qui la rendoit infame, fuivant les mœurs des Lydiens, qu'elle fit proposer à Gigès cette alternative, ou de tuer le Roi, qui l'avoit ex

Roi

;

« AnteriorContinuar »