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LYDIE. pofée à cet afront, ou de fe préparer à perdre la vie. Gigès prit le dernier parti, & par le meurtre de Candaule, il demeura le maître & de fa femme & de fon trône, qui paffa ainfi de la famille des Heraclides dans celle des Mermmades. Il y a dans ce récit d'Herodote un merveilleux qui paroît peu croyable. Car on a peine à concevoir, comme le remarque judicieusement M. Freret, dont. j'emprunte cette réfléxion: qu'un homme privé, fans crédit, fans emploi, qu'un fimple Garde du Roi, qui avoit été feulement confident des plaifirs qu'il goûtoit avec la Reine, eût trouvé le fecret de s'emparer fans coup férir d'un trône, dont il y avoit des heritiers légitimes, foutenus d'un parti puiffant. Ce qu'il y a encore de plus fingulier dans ce récit, ajoûte M. Freret, c'est qu'Herodote nous dépeint la Reine de Lydie comme une femme trèsvertueufe & fi chafte, que par principe de pudeur, elle fait poignarder fon mari, époufe le meurtrier, &le fait monter fur le trône au préjudice des heritiers aufquels il apartenoit. Plutarque raconte l'ufurpation de la courone de Lydie, d'une maniere plus vraisemblable. Il dit que GIGES s'étant révolté contre Candaule, fe ligua avec Arfelis de Mylaffe en Carie, qui lui amena un corps confiderable de Cariens. Candaule fut défait & tué dans le combat. Les Lydiens, pour terminer plus. promptement cette guerre, s'en raporterent à la décifion de l'Oracle de Delphe : elle fut favorable à Gigès, qui. avoit eu foin de la préparer par des préfens confiderables. Gigès, maître du Royaume, forma le deffein d'en étendre les bornes. Il ataqua Milet, Smirne, & Colophon; mais il ne réuffit que contre la derniere de ces Villes. ARDYS ne fut pas moins ambitieux que fon pere, il ataqua & prit la ville de Prienne. Mais pendant qu'il étoit ocupé contre les Milefiens, les Cimmeriens, fous la conduite de Lygdamis, entrerent dans fes Etats, & prirent la ville de Sardes, excepté la citadelle. La défaite de Ligdamis en Cilicie procura la paix aux Lidiens, qui fe releverent de leurs pertes fous le régne de SADIATE, Ce Prince épris des charmes de fa propre fœur, l'enleva à fon mari dans un facrifice, & en fit fa femme. Son goût

pour les plaifirs ne l'empêcha pas de déclarer la guerre LYDIE aux Milefiens. Son fils HALIATE, la poursuivit vivement, & remporta fur eux deux victoires; cependant defefperant de prendre la ville, qui demeura affiegée onze ans, fix fous le pere, & cinq fous le fils, il fit la paix avee Thrafibule, Tiran de Milet.

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Haliate prit enfuite Smirne & Clazomene, & se broüilla avec Ciaxare, Roi des Medes pour avoir doné retraite à quelques Scithes de fa Cour, que Ciaxare. avoit pour chaffeurs. La guerre dura cinq ans & la fixième année il se dona une bataille mémorable, dans laquelle il furvint une éclipfe, qui obligea les armées de fe féparer. Sinnefis, Roi de Cilicie, & Labineth, Roi de Babilone, fe fervirent adroitement de la conjoncture de cette éclipse pour engager les Medes & les Lidiens à terminer leur querelle par un traité de paix. Arienis, fille d'Haliate, en fut le lien & fut mariée avec Aftiage, fils de Ciaxare. (Herodote, liv. 1.)

CRESUS, qui lui fucceda l'an 3441, fut un des plus riches & des plus puiffans Princes de fon tems. Il ajoûta à fes Etats la Phrigie, la Mifie, la Paphlagonie, la Bithinie, la Pamphilie,& rendit tributaires les Grecs de l'Afie Mineure. Son inclination pour la guerre ne l'empêcha pas d'avoir du goût pour les Lettres & les Sciences. Sa Cour devint le fejour ordinairé de ces Savans fi conus dans l'Antiquité, fous le nom des VII. Sages de la Gréce. Crefus, qui mefuroit le bonheur par les richeffes, ayant fait voir à Solon tous fes tréfors, lui demanda ce qu'il penfoit de fa gloire & de fa magnificence, & s'il croyoit qu'il y eût perfone plus heureux que lui. Le Philofophe lui répondit: que la vie de l'homme étant fujete à une infinité de viciffitudes & de changemens, il ne faloir point juger de fa félicité par le cours de quelques années, mais par la fin de fa vie. Le Roi qui traita cette maxime de févérité Philofophique, ne fut pas long-tems fans en éprouver la verité. Il avoit deux enfans, dont l'un né muet, étoit pour lui un fujet continuel de douleur ; l'autre nommé Atys, qui fe diftinguoit par toutes fortes de bonnes qualitez, & faifoit fa confolation, lui fut enlevé

LYDI E. par un accident qui le fit périr à une partie de chaffe de la main d'Adrafte, à qui Crefus en avoit confié lesoin, & qui de defefpoir se tua depuis fur le tombeau d'Atys. Herodote liv. I.

Enfin Crefus s'attira le dernier des malheurs par la guerre, qu'il entreprit contre Cirus, avec le Roi de Babilone; car ayant été défait en plufieurs rencontres, dont la derniere fut la bataille de Thymbrée l'an 3456, il fut pris dans fa capitale avec tous fes tréfors.

Crefus étant un Prince pieux à la maniere du Paganifme d'alors, ne s'étoit point engagé dans cette guerre fans avoir premierement confulté tous les dieux & leur avoir demandé ce qu'il en devoit atendre. Il en avoit reçu deux réponses qui avoient beaucoup contribué à le Herod. 1. 1. porter à cette malheureufe expédition, qui lui coûta la Cirop.1. 6. perte de fon Royaume. L'une étoit que Crefus devoit fe croire en danger, lorfqu'un Mulet régneroit fur les Médes. L'autre que quand il pafferoit le fleuve. Halys pour faire la guerre aux Medes, il détruiroit un grand Empire. Le premier de ces Oracles lui fit conclure, que vû l'impoffibilité de la chofe, il étoit en fureté. Le fecond lui fit croire que l'Empire, qu'il devoit renverfer, s'il paffoit le fleuve Halys, étoit celui des Medes. C'eft principalement ce qui l'engagea à cette expédition, malgré l'a-vis du plus fage de tous fes amis, qui fit tous fes éforts pour l'en détourner. Mais voyant que les chofes avoient. tourné autrement, que ces Oracles le lui avoient fait efperer, il envoya avec la permiffion de Cirus, des exprès. au temple de ces Dieux, qui l'avoient fi indignement. trompé, pour , pour leur en faire des reproches. La réponse qu'il eut, fut que Cirus étoit le Mulet dont l'Oracle avoit voulu parler; parce qu'il étoit né de deux diférents Peuples, étant Perfan par fon pere, & Mede par fa mere.. Qu'à l'égard de l'Empire qu'il devoit renverfer, s'il paffoit le fleuve Halys, ce n'étoit pas celui des Medes, mais le fien propre. C'est par ces fortes d'Oracles faux & trom

Adrafte étoit fils de Midas, petit-fils de Gordius, Roi de Phrigie. Ayant tué fon frere par imprudence, il vint en Lydie à la cour de Crefus, qui le reçut avec bonté:

.

DE

SAVOY E.

& lui confia en 1588. la conduite de fes troupes, à la tête MAISON defquelles il fe faifit de Carmagnoles & de Saluces. Les Princes de Loraine l'engagerent dans le parti de la Ligue, d'où les confeils de fa mere le retirerent pour le faire rentrer dans l'obéiffance & dans les bonnes graces du Roi, qui lui dona le gouvernement de Dauphiné. Il obtint l'an 1600. permiffion de se retirer à Aneci, pour ne pas prendre part â la guerre contre le Duc de Savoye. Sur quelques mécontentemens qu'il en eut, il prit lui-même en 1615. les armes contre le Duc, avec lequel la France le racomoda, l'annéefuivante, par l'entremise du Marquis de Bellegarde. L'alliance qu'il prit en 1618. avec Anne de Loraine, fille & héritiere de Charle, Duc d'Aumale, fit entrer dans fa Maison les Duchez d'Aumale & de Chartres.

- LOUIS de Savoye fon fils & fucceffeur fut enlevé, l'an 1641. par une mort prématurée à l'âge de vingt ans, étant au fiége d'Aire. Ses titres pafferent à fon frere CHARLEAME', qui foutint par de grandes qualitez la réputation de fes ancêtres. Après avoir fervi volontaire à plufieurs fiéges, il fut en 1646. Colonel Général de la Cavalerie Légere de France, & fervit en cette qualité aux fiéges de Courtrai & de Mardick, il fut blessé à la jambe dans ce dernier. Durant les troubles qui agiterent la minorité de Louis XIV. il reçut à l'attaque du Fauxbourg Saint Antoine en 1652. neuf moufquetades dans fes armes, dont deux le blefferent à la main. Il avoit amené des Pays-Bas les troupes du Prince de Condé avec le fecours des Efpagnols. La jaloufie du commandement de ces troupes, jointe à une jaloufie d'amour, fit naître entre le Duc de Nemours & le Duc de Beaufort fon beau-frere, une querelle, qu'ils voulurent terminer par un duel à coups de pistolet. Il fe fit à la porte de Richelieu, & le Duc de Nemours y fut tué le 30. Juillet 1652. Il ne laissa que deux Princesses, savoir, Marie-Jeanne-Baptifte, mere du feu Roi de Sardaigne ; & Marie-Françoife-Elifabeth, qui a été Reine de Portugal.

Comme il ne reftoit de cette branche que leur oncle HENRI de Savoye, qui étoit Archevêque de Reims fans être engagé dans les Ordres, il quita l'état Eccléfiaftique pour se marier, afin de continuer la poftérité de cette

MAISON branche ; mais fon mariage avec Marie d'Orleans-Longueville DE ayant été ftérile, elle s'éteignit en fa perfone, le 14. Janvier 1659. Ses deux niéces furent ses héritieres: elles vendirent en 1689. le Duché de Nemours au Roi, qui le dona pour partie d'apanage, à Philipe de France fon frere.

SAVOYE

LE pays;

Branche de Vaud.

de VA U D eft fitué dans la Suiffe, & faifoit autrefois partie du Royaume de la Bourgogne Tranf jurane, d'où il passa fous la domination des Comtes de Bourgogne,après l'extinction de race masculine des Rois de Bourgogne, demeurant cependant fous la fouveraineté des Empereurs de la Maifon de Franconie, héritiers de ce Royaume, aufquels ils faifoient homage, non en leur qualité d'Empereurs, mais à cause de celle des Rois de Bourgogne. Cependant l'Empereur Lothaire, quoique d'une autre famille, voulut exiger cet homage de Renaud III. Comte de Bourgogne, qui l'ayant refufé, l'Empereur le déclara déchu de tous fes Etats, & dona le titre de Comte de Bourgogne à Conrad Zeringhen, avec tout ce qui étoit entre le MontJura & les Alpes, & par conféquent le pays de Vaud, qui y eft compris. Berthold IV. fils de Conrad, par l'acomodement qu'il fit avec l'Empereur Fréderic Barberouffe, qui avoit épousé Béatrix, fille & héritiere de Renaud, Comte de Bourgogne, obtint de ce Prince, en renonçant au titre de Comte de Bourgogne, celui de Vicaire de l'Empire fur les Evêchez de Genêve, de Laufane & de Sion, avec le Fr. Aug. de la pays de Vaud, qui avoit été doné à fon pere. Son fils BerChieza, Cor. thold V. étant mort en 1218. fans enfans, fes deux fœurs Real. de Sa- Agnès & Anne de Zeringhen partagerent la fucceffion frater

voye.

nelle. La premiere eut les biens fitucz dans le Brifgau & dans la forêt noire; & la feconde eut le pays de Vaud, Laufanc & le Valais. Elle avoit époufé Wernier, Comte de Kibourg, duquel nâquirent Wernier II. & Herman. Ces deux freres vendirent l'an 1225. à Aimon, Seigneur de Faucigni, la Baronie de Vaud, avec l'Avoüerie ou protection de la ville de Laufane, & ce qui leur apartenoit en

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