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DE

SAVOYE.

MAISON fes deux fils, ne dégénérerent point de la valeur de leur pere. L'aîné qui avoit été pris à la bataille de Pavie, fut relâché pour venir chercher la rançon de fon pere. A l'âge de quatorze ans, il fut pourvû en 1520. fur la démiffion de René, des Charges de Grand-Sénéchal, & de Gouverneur de Provence & d'Amiral des Mers du Levant. Il rendit de notables ferviccs au Roi, dans la guerre, que Charle-Quint fit en Provence. Il étoit Général des Suiffes, à la prise de Veillane en Piémont, par le Dauphin Henri. Sa premiere femme Marie de Chabanes, lui aporta le Comté de Sommerive. Il fut rétabli dans les biens de fon pere, & le Duc Emanuel-Philibert, par fes Lettres Patentes donées à Rivoles le 22. Février 1562. & vérifiées en 1563. le déclara lui & fes fucceffeurs capables de fuccéder au Duché de Savoye, au défaut des Princes légitimes. Il effuya dans le même tems quelque chagrin de la Cour de France. On l'y avoit rendu fufpect, à caufe de fon ménagement pour les Religionaires, & ce qui fortifioit les foupçons, c'est que fa feconde femme Françoife de Foix, faifoit profeffion ouverte de leurs fentimens, dans lefquels elle avoit fait élever fa fille Anne de Savoye, & l'avoit mariée à Jaques de Saluces, Marquis de Cardet, qui leur étoit favorable. La Cour noma en 1562. Gouverneur de Provence sous lui, fon fils aîné, le Comte de Sommerive, que le Marquis de Garces, de la Maison de Pontevez, avoit détaché de lui. Le Comte de Tende trouva plus d'atachement dans fon gendre le Marquis de Cardet, & dans fon autre fils Rene' de Savoye, Baron de Cipierre, qu'il aimoit plus tendrement, parce qu'il lui reffembloit davantage par la douceur de fon caractere. Celui-ci au retour d'un voyage qu'il avoit fait en Savoye, fut tué à Frejus l'an 1568. de plufieurs coups de poignard, parce qu'il paroifsoit favorable aux Calviniftes. M. Guichenon le dit fils de Marie de Chabanes, & M. de Thou, de Françoife de Foix.

Son frere aîné HONORAT I. de Savoye, Comte de Tende & de Sommerive, mit tous fes foins à maintenir la tranquillité, & en même tems l'autorité du Roi dans fon Gouvernement de Provence, où il fe fit également craindre & aimer. Il ramaffa les troupes que fon pere avoit congédiées, en forma une petite armée, & prit Orange & Sifteron,

malgré

&

que lui & fes descendans y regnerent plufieurs fiécles. ROIS DE D'autres qu'il fe retira en Thrace, ou en Macédoine. De- TROYE. nys d'Halicarnasse, dit qu'au partir de la Troade, il ariva en Thrace, au quartier de Pallene, où il fonda une ville qui de fon nom fut apellée Anas Stéphanus eft de même opinion, & ajoûte qu'il enfevelit fon pere dans fa nouvelle ville, qu'il nomma Eniades.

Quelques-uns ont cru qu'Enée fit fa retraite en Arcadie, Strabon (1.7.) en parle ainfi. Les autres difent qu'il fonda la ville de Capyes, en Arcadie, empruntant ce nom de Capys Troyen. Mais la plus comune opinion eft qu'Enée parvint jufqu'en Italie, & qu'il y finit fes jours, comme témoignent tous les Auteurs, qui ont parlé de l'origine des

Romains.

L

GHAPITRE V I.

Des Rois de Phénicie, ou de Sidon & de Tyr.

APHENICIE eft une partie de la Sirie, elle tire fon PHENICIE, nom de la nature du païs, qui eft fertile en palmiers, car Phenis eft un nom Grec, qui fignifie Palme. C'est la conjecture de Reinerus-Reineccius (Hiftoria julia.) qui rejette l'opinion des Grecs, lefquels tiroient le nom des Pheniciens de Phenix fils d'Agenor.

L'origine des Pheniciens, doit fe raporter à Canaam fils de Belus qui regna à Babilone, comme Eusebe l'a dit après Alexandre-Polyhiftor. Car Jofephe (Antiq. l. 1.c. 7.) nous aprend que Sidon & Arade villes de Phenicie, furent bâties par Sidon & par Aradens fils de Canaam, & petits fils de Cam. Les Pheniciens avoient un idiôme fort aprochant de la langue Hébraique, & il ne faut pas oublier fur leur religion, qu'il avoient la circoncifion, & qu'ils s'abftenoient de manger de la chair de pourceau (Herod. L. 1. Herodien. 1. 5.)

Les Pheniciens étoient extrêmement adroits en toutes fortes d'ouvrages, on leur atribuë l'invention des Lettres, de l'écriture, & des livres. Ils ont trouvé les premiers l'art

SIDON. de la navigation, de doner des batailles fur mer & de faire le verre. (Strabon. 1. 16. Lucain, Pharfale, 1. 3.)

La Phenicie avoit au comencement prefqu'autant de petits Rois qu'elle avoit de villes, qui dans la fuite furent foumifes à celui de Sidon, cette ville doit comme nous l'avons déja dit, fa fondation à SIDON, fils aîné de Chanaam. Elle devint auffi puiffante par fes richeffes & fon comerce, que célebre par fa magnificence, & par l'industrie de fes ouvriers. Strabon l'apelle la maitreffe des arts & des Philofophes.

On ne conoît point les fucceffeurs de Sidon jufqu'à AGENOR, qui étoit contemporain de Jofue ; il fut pere de PHENIX qui lui fucceda & de CAD MUS. Celui-ci fonda la ville de Thebes, à l'occafion que nous raporterons dans fon lieu. Du tems de la guerre de Troye, on trouve dans le parti des Grecs PH ALLIS Roi des Sidoniens, qui avec les Tiriens, & les autres Pheniciens furent foumis par Apriès Roi d'Egipte. Ces peuples furent ensuite affujettis au Royaume des Perfes; puis fe trouvant oprimez par ceux que le Roi envoyoit pour les gouverner, ils fe révolterent, firent ligue avec Nectanebus Roi d'Egipte, & chafferent les Perfes de la Phenicie, avec le fecours de quatre mille Grecs & de Mentor le Rhodien. Mais Artaxercès Ochus étant venu à la tête d'une armée de 300 mille hommes, la tête tourna à Mentor. Il envoya fecretement faire fon acomodement, & engagea TENNES Roi de Sidon dans la même trahison; & de concert, ils livrerent la ville au Roi Ochus. Quand les Sidoniens fe virent trahis, de défespoir ils fe renfermerent dans leurs maisons, & y mirent le feu. Quarante mille hommes fans compter les femmes & les enfans périrent de cette maniere, vers l'an du monde 3643, & 331 avant J. C. Le fort de Tennès ne fut meilleur, car Ochus n'ayant plus befoin de lui le fit mourir. ( Diod. de Sicile 1. 16.)

pas

La ville fut rétablie, & elle avoit pour Roi STRATON, lorfqu'elle fut prife par Alexandre le Grand, qui ôta la courone à Straton, & la dona fuivant Q. Curce à ABDOLOMINE, qui étoit de la race Royale, & cependant dans une fi grande pauvreté, qu'il étoit réduit pour vivre, de

travailler à la journée dans un jardin hors la ville. On ne fçait quand finit ce Royaume, on aprend feulement de Diodore (l. 19.) que les Pheniciens eurent leurs Rois, après la mort d'Alexandre.

Quant à la ville de TYR, elle eft fans contredit une colonie des Sidoniens. Elle fut bâtie felon Q. Curce (liv. 4.) par Agenor pere de Phenix, & de Cadmus, vers l'an du monde 2549, fuivant la chronologie d'Uflerius. Mais Jofephe (Antiq. 1. 8. c. 11.) la fait moins anciene, & dit que ce fut feulement 240 ans avant la conftruction du Temple de Salomon,* ce qui revient à l'an du monde 2752, 68. ans avant la ruine de Troye, ce qui eft conforme au fentiment de Justin (liv. 18. c. 3.) qui dit que Sidon ayant été prise par les Philistins d'Afcalon, plufieurs de fes habitans. s'étant fauvez dans leurs vaiffeaux, allerent fonder la ville de Tyr, avant que celle de Troye eut été détruite. C'est pour cela que cette ville eft apellée dans Efaye (23-12.) la fille de Sidon. Mais elle furpaffa bien-tôt fa mere en gran-deur, en richeffes & en puiffance, qu'elle dût à fon comerce, par le moyen duquel plufieurs de fes citoyens étoient devenus autant de Prince en richeffes, & en magnificence, (Efaye. 23-8.)

Il eft affez probable que Tyr fut au comencement foumife au Royaume de Sidon, que fes difgraces affujettirent enfuite à la ville de Tyr. Celle-ci devenue riche & puissante tint long-tems fous fa domination la mer voifine & envoya plufieurs colonies en divers endroits de l'Univers, Utique & Carthage en Afrique, & Carpafie dans l'Isle de Cypre, durent leur fondation aux Tyriens.

On ne conoît point dans l'histoire de plus ancien Rois des Tyriens qu'ABIBAL, qui vivoit au tems de Saul, premier Rois des Hébreux, & qui regna 35 ans. Il eut pour fucceffeur, l'an 2981, fon fils HIRAM, ou HIROM, qu'Eufebe (liv. 9. c. 4.) apelle Roi de Tyr, de Sidon & de Phenicie. Il rechercha l'amitié de David, & fit alliance avec

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TYR.

fon fils Salomon. Il lui préta 120 talens, lui acorda des cedres du Liban pour la construction du Temple, & lui fournit des matelots pour la flotte que Salomon envoya à Ophir, d'où elle raporta pour ces deux Rois une quantité prodigieufe d'or, d'argent, & d'yvoire. (Jofephe Ant. liv. 7. c. 3. Rois II, 5-3, 5-9. Paralip. 14. 2.) Hiram, fut, felon Eutichius, le premier des Rois qui porta la pourpre. L'invention en fut trouvée sous fon regne, par une avanture affez bizare. Un berger ayant un jour conduit son troupeau du côté du rivage de la mer, fon chien y trouva par hazard un coquillage rempli d'un poiffon; il le brifa & le mangea, fa gueule en étant reftée toute rouge, le Berger l'effuya avec de la laine, & elle lui parut d'une fi belle couleur, qu'il s'en fit une courone. Ceux qui le virent au foleil, crurent que des rayons de feu fortoient de fa tête. Hiram averti de cette avanture, comanda qu'on lui amenât ce berger, & ayant admiré cette courône éclatante, en voulut avoir une pareille. Ses Teinturiers allerent au bord de la mer, & fe fervirent de ces poiffons pour faire la pourpre, qui fut depuis en fi grande eftime, & dont l'ufage s'eft enfin perdu, de même que le coquillage, qu'on ne trouve plus en cet endroit.

BALEASTRATE fucceda à fon pere, & laiffa en l'an du monde 3022, la courone à fon fils.

ABDASTRATE qui après 9 ans de regne, fut détrôné par les quatre fils de fa nourice, dont l'aîné regna 12

ans.

ASTARTE, fils de Baleaftrate recouvra le Royaume, l'an 3044, étant âgé de 44 ans, & le laiffa en mourant à fon frere ASTARIM, qui 9 ans après fut tué par PHALLES fon cadet. Celui-ci fix mois après, perdit le Royaume avec la vie, par le même crime qui le lui avoit aquis, & qui dona la courone, l'an 3066, à ITHOBAL I. Prêtre de la Déeffe Aitarte, & que Reinecoius croit avoir été fils d'Aftarim. Sous fon regne ariva une grande fecheresse, pendant laquelle il ordona des prieres publiques, qui fe terminerent par un orage de pluie & de tonerre. Il faut attribuer ce miracle au prophete Elie, qui, l'an du monde 3096, fous le regne d'Achab Roi d'Ifraël, contemporain

&

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