XII.

Louis fe retira en France, laiffant la Marquife à Revelle, SALUCES. où elle fe défendit avec courage. On employa en France les voyes de la négociation, & fur ces entrefaites, le Duc étant venu à mourir, le Marquis fut rétabli dans la poffeffion de fes Etats , par Marie de faint Severin, Capitaine Général de Louis le More, Duc de Milan. Il fit la paix avec le fucceffeur du Duc Charle, & fuivit le Roi Charle VIII. dans fon expédition de Naples, où ayant été laiffé en qualité de Capitaine Général,il fit lever le fiége deGaëte aux Efpagnols, & reprit Trajetto & Fundi. Le Roi Louis XII. lui dona en 1500. l'Ordre de faint Michel & le gouvernement d'Afti. Il mourut quatre ans après, laiffant de fa feconde femme Marguerite de Foix-Candale, quatre fils encore fort jeunes,qui fuccéderent l'un après l'autre au Marquifat,& avec lefquels fut enfevelie la race des Marquis de Saluces. Il avoit fait ériger, l'an 1481. par Sixte IV. la Cure de Saluces en Collégiale, y ayant fondé un Doyen & dix Chanoines. MICHEL-ANTOINE demeura avec fes freres fous la tutelle de leur mere, & fous la protection du Roi, qui le fit Chevalier de faint Michel, Gouverneur d'Afti, & Capitaine de 50. hommes d'armes. Dans la guerre qui s'alluma entre la France & l'Empereur, le Marquifat de Saluces foufrit beaucoup par les ravages, qu'y comirent les Impériaux, pour fe venger de l'atachement du Marquis au parti du Roi. Après la funefte journée de Pavie, il se joignit au Duc d'Albanie, & fauva le Royaume de Naples. La Régente loüa fon zéle, & le fit Amiral de Guyenne & Lieutenant Général du Roi en Italie, où il préferva Florence de la fureur du Conétable de Bourbon. Il fut enfuite envoyé dans le Royaume de Naples, où il défit & prit prifonier Hugues de Moncade. La contagion s'étant mife dans fon armée, il se retira à Averfa, où étant affiégé, il reçut au genouil, une bleffure dont il mourut l'an 1528. fans avoir pris d'alliance. Ce fut lui qui obtint en 1511. du Pape Jule II. l'érection de l'Evêché de Saluces, où fa mere fonda en 1528. le Monaftere de fainte Claire.

La fucceffion du Marquis, apartenoit par le droit de la naissance, à fon frere JEAN-LOUIS ; mais comme c'étoit un Prince d'un esprit foible & de peu de courage, on l'avoit destiné à l'Etat Eccléfiaftique, en lui donant les Abayes

1504.

XIII.

1528.

SALUCES. de Staffarde, de Cafenave & de faint Conftance; & fa mere vouloit lui faire préférer le Prince François ; cependant ayant été tiré du château de Verzelle, où il étoit retenu par ordre de fa mere & de fon frere aîné, il fe fit reconoître Marquis de Saluces: peu après il fut arêté fur les plaintes de fa XIV. mere, & déclaré incapable de gouverner. L'on mit en fa 1529. place fon frere FRANÇOIS, qui après la mort du dernier Marquis de Montferrat,prétendit lui fuccéder,& prit quelques places avec le titre de Marquis de Montferrat. Les Ducs de Savoye & de Mantouë lui difputerent cette fucceffion, & l'Empereur voulut être le Juge du diférend. Les Marquis de Saluces, flaté par les efpérances, que lui dona Antoine de que-lui Leve, qui lui promit en même tems fa fille en mariage, quita le parti de la France, & fe mit fous la protection de l'Empereur, qui cependant ne jugea pas en fa faveur le diférend fur le Montferrat. Le Roi juftement irrité du changement du Marquis, mit en liberté JEAN-LOUIS, lequel acompagné de Gui Rangoni, Général des François, fe fit prêter ferment de fidélité par ceux de Saluces; mais il tomba peu après, entre les mains des Impériaux, & fon frere affiégeant le château de Carmagnole, y fut tué d'un coup de fouconneau l'an 1537. Les foldats de la garnison furent tous envoyez aux Galeres, & leur Capitaine Etienne Malaballa fut pendu par ordre du Marquis du Guaft.

XV.

1537.

Après la mort du Marquis François, le Roi inveftit du Marquifat GABRIEL de Saluces, le dernier de fes freres, qui étoit alors Evêque d'Aire, & qui peu après fut pris par les Impériaux, mais par la paix conclue avec la France, il fut mis en poffeffion de fon pays. Il en jouit peu de tems. Devenu fufpect aux François, il fut arrêté à Revelle, pár Jaque Caraccioli, Prince de Melfe, & par Pierre Strozzi, & conduit à Pignerol, où il mourut d'apoplexie l'an 1549. en mangeant un melon ; & non fans foupçon de poifon.

Il reftoit pour dernier perfonage de la tragédie, le Marquis JEAN-Louis. Comme il étoit parmi les Impériaux, peu aimé des peuples, ils députerent au Roi Henri II. Auguftin de la Chicza, pour le prier, de les recevoir fous fon obéïffance, & de ne les point foumettre à un autre Prince. Le Roi accepta l'ofre, & leur acorda les mêmes privileges,

défaite des énemis. Il l'avoit même déja renfermé dans Sa- RorS DE mofate, l'an 39 avant J. C. & il l'y affiégeoit. M. Antoine SIR 1 E. lui enleva cette guerre, le renvoya à Rome, & il continua le fiége. Le Roi Antiochus avoit ofert mille talens pour avoir la paix de Ventidius, il fit les mêmes ofres à Antoine, qui les refufa. Le fiége n'eut pas le fuccès qu'il atendoit, les habitans fe défendant en défefpérez, de forte qu'ils l'obligerent à un acomodement, par lequel AntioJofephe, chus lui dona un tiers de ce qu'il avoit ofert au comence- Ant. XIV. ment: encore Antoine fut-il heureux de trouver ce moyen c. 27. de finir avec honeur un fiége, qu'il auroit été obligé d'abandoner honteusement.

Ce fut dans cette conjoncture,que MITRIDATES,frere d'Antiochus,fe fit reconoîtreRoi de Comagene. Plutarque & Dion parlent d'un Roi de ce nom,qui dona du fecours à Antoine contre Augufte. Antiochus fit affaffiner Mithridate, & pour cette action, il fut cité à Rome par Augufte, qui lui fit couper la tête, l'an3962, & dona le Royaume de Comagene à MITRIDATES II. probablement fils de celui qui avoit été affaffiné. On ignore fes actions & la durée de fon regne. Il eut pour fucceffeur ANTIOCHUS II. qui remonta fur le trône de fon pere, & qui mourut fousl'Empire de Tibere.

ger

Après fa mort la Nobleffe & le Peuple fe diviferent en deux factions. Les Nobles vouloient que leur païs fut gouverné en forme de Province libre, & le peuple demandoit un Roi. L'Empereur Caligula auquel il s'adreffa pour jude leur differend, leur dona un Roi. Ce fut ANTIOCHUS III. dont il augmenta le Royaume d'une partie de la Cilicie. Les Nobles toujours entétez du gouvernement libre, fe fouleverent contre Antiochus & le chafferent. Le Roi foutenu de la protection de l'Empereur Claude, fut rétabli & aida de fes troupes Vefpafien contre les Juifs. Enfin ayant été acufé par Cefennus-Poetus Gouver neur de Sirie, d'avoir fait alliance avec les Parthes, ennemis des Romains, il fut ataqué par ceux-ci, & obligé de fe remettre entre leurs mains avec fa femme & fes enfans, Il fut envoyé à l'Empereur, qui lui permit de fe retirer à Lacédémone, d'où il eut permiffion d'aller vivre à Rome en perfone privée.

ANTIOCHUS, furnomé Epiphanès, qui s'étoit distingué au service d'Othon contre Vitellius, & avoit comandé les troupes envoyées à Vefpafien devant Jerufalem, fuivit la fortune de fon pere. Il l'acompagna à Rome, où il paffa le refte de ses jours en perfone privée. Il refusa d'époufer Mariamne Drufille, fille d'Agrippa, Roi des Juifs, , parce qu'il ne put fe réfoudre à foufrir la circoncifion, qui étoit une des conditions du mariage. Sa fœur Jotape, fut femme d'Alexandre, Roi de Lafis en Cilicie, lequel étoit de la famille d'Herode le Grand.

La Sirie, qu'on apelle aujourd'hui Sourie, fut conquife dans les VII. & VIII. fiécles fur les Empereurs de Conftantinople par les Sarafins, qui la laifferent aux Soudans d'Egipte. Elle eft à préfent une partie de l'Empire Ottoman, depuis Selim, qui mit fin à la domination des Soudans d'Egipte.

ROIS DE

NIE,

CHAPITRE X.

Des Rois de Bithinie.

A Bithinie eft une Province de l'Afie mineure vers la Mer Noire & l'Archipel, aujourd'hui dans la NatoBIT HI- lie. Elle a été apellée diféremment fuivant les diférens Peuples qui l'ont habitée, Mifie, Mygdonie, Babrycie. Il eft probable qu'elle a pris le nom de Bithinie d'une anciene ville nomée Bithinium, dont Etienne de Bizance fait mention, & qui étoit une colonie de Mantinée,ville d'Arcadie, fuivant Paufanias liv. 8. Ses autres villes les plus confiderables, étoient Nicée, Nicomédie, Calcedoine, Apamée,&Burse. La Bithinie avoit ancienement fes Rois particuliers, dont le dernier fut PRUSIAS, qui, fuivant Strabon, fut vaincu avec toute fa nation par Ĉrefus. Mais Herodote ne met la fin de cet ancien Royaume, que fous Cirus, qui foumit les Bithiniens à l'Empire des Perfes. Ils fervirent contre la Gréce fous les Rois Xercès & Artaxercès Mnemon. Il y a aparence qu'ils profiterent des défordres qui ariverent dans l'Empire des Perfes pour recouvrer leur liberté. Strabon leur done depuis pour Roi DIDALSUS, mais fans nous aprendre coment il s'éleva. Il fut pere de BOTERAS,

Table

XIX.

fon

MASSE

RAN.

entreprirent fur la fin du XIV. fiécle, à la priere du Pape, FERREROréduifit fous fon obéiffance, l'Attique & la Béotie, avec une partie de la Phocide, & pour s'affsurer la poffeffion de sa nouvelle Principauté, il fit alliance avec les Genois, qui tenoient l'Ifle d'Eubée, autrement de Negrepont, & époufa la fille de Philippin Doria, comme le raporte Laonic Chalcondile, 1.4. de rub. Turc. Il n'en eut que deux filles, dont il maria l'aînée à Theodore Paléologue, frere d'Emanuel II. du nom Empereur de Conftantinople, & lui dona pour dot la ville de Corinthe. Il maria la cadette à Charle Tocco, Prince d'Acarnanie & d'Etolie. Rainier avoit un fils naturel apellé Antoine, auquel il dona la Béotie, ayant laiffé Athenes aux Vénitiens. Antoine peu content de cette difpofition, déclara la guerre aux Vénitiens, affiégea Athenes, & l'ayant forcée à fe rendre, par la défaite de ceux qui étoient venus la fecourir, il fut déclaré Prince d'Attique & de Béotie. Se voyant fans enfans, il fit venir de Florence, fon parent Neri Acciajoli, qui lui fuccéda, par l'apui des plus puiffans de la ville, contre les deffeins de la veuve d'Antoine, qui vouloit faire paffer le Duché d'Athenes, à Chalcondile, pere de Laonic, fur la foi duquel ceci est raporté. Après la mort de Neri Acciajoli, fa femme qui avoit deux enfans en bas âge, retint la Principauté d'Athenes, que cependant le Sultan Mahomet II. lui ôta, pour la doner à François Acciajoli, fils d'Antoine, frere de Neri. Mais peu après, c'est-à-dire, l'an 1455. celui-ci en fut dépouillé par Mahomet, qui joignit Athenes à fes autres conquêtes. Chalcondile 1. 6. & 9. rer. Turci.

où

Une autre branche des Acciajoli ne fe rendit gueres moins confidérable dans le Royaume de Naples Nicolas Acciajoli fut élevé à la dignité de Grand Sénéchal du Royaume, par la Reine Jeanne I. qui lui dona les Comtez de Satriano, Melfi, Terlizzi & Gerace. Leonard Aretin, dans fon quatriéme livre de l'Hiftoire de Florence, parle de Nicolas, comme d'un perfonage d'un grand mérite, qui gouverna plufieurs années le Royaume de Naples, avec autant de fageffe que d'autorité. Il laiffa trois fils, savoir, Ange Benoit & Laurent. L'aîné fuccéda aux honeurs de fon pere, mais leur poftérité mafculine s'éteignit bientôt. Ferdinand della Mura delle famigl. Neap.