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ROIS DE te dignité, pour la doner à Nicomede. Augufte la dona CAPPA- enfuite à DYTEUTUS en recompenfe d'une action généreufe. *

DOCE.

Jofeph. Ant. XV.

Sueton. in

Dion. l.

1. 12.

$7.

Archélaus avoit époufé une très-belle femme, nomé Glaphyra, dont la complaifance pour M. Antoine, valut à fes deux fils la courone de Cappadoce, comme nous l'avons déja dit. ARCHELAUS qui la poffeda le dernier par le bienfait de M. Antoine, témoigna fa reconoiffance à son bienfaiteur, en lui amenant des troupes dans la guerre Actiaque. Il fut fi heureux, que cela ne le mit point mal dans l'efprit d'Augufte On le laiffa poffeffeur de la Cappadoce, & il fut prefque le feul, à qui on fit de pareilles graces. (Dion. Liv. 51.)

Il aida Tibere à rétablir Tigranes dans l'Armenie, & il Tiberio.c.8. obtint d'Augufte la petite Armenie & une bonne partie de la Cilicie. Tibere lui rendit de grands fervices auprès d'AuStrabon, gufte, furtout lorfque fes fujets formerent des accufations contre lui devant ce Prince. Il plaida lui-même sa caufe, & la lui fit gagner. Archélaus s'étant marié avec Pythodoris, veuve de Polemon Roi du Pont, augmenta confidérablement fa puiffance. Car comme les fils de Polemon n'étoient encore qu'enfans, il eut fans doute l'administration de leur Royaume conjointement avec leur mere.

Son regne fut fort long & fort heureux jufqu'aux dernieres années, qui furent fort triftes pour lui. Ses malheurs furent un efet de la vengeance de Tibere. Pendant le fejour qu'il fit à Rhodes, où il s'étoit comme relegué lui-même; Archélaus, qui n'en étoit qu'à 5 ou 6 lieües, puifqu'il faisoit fa résidence ordinaire dans l'île d'Eleufis, ne lui

*DYTEUTUS étoit le fils aîné d'Adja- comme on les menoit au lieu du fuplice, torix Tetrarque de Galatie. Adjatorix fon fils puîné dit aux foldats qu'il étoit avoit obtenu de M. Antoine la partie de l'aîné. Dyteutus foutint le contraire, & la ville & du territoire d'Heraclée, que il s'éleva entre ces deux freres une conles habitans acorderent à la colonie que teftation admirable. Leurs pere & mere les Romains y envoyerent. Il fut fi per- la finirent en perfuadant à Dyteutus de fide qu'il fe rua de nuit fur les Romains céder; puis qu'ayant plus d'âge il feroit & les maffacra; il dit enfuite que Marc-plus en état de fervir de patron à sa mere Antoine lui en avoit doné la permiffion. & à fon autre frere. Ainfi Adjatorix fut Après que ce Triumvir eut été vaincu à tué avec le puîné. Augufte ayant fçû ces Actium, Adjatorix tomba entre les mains chofes, regreta ceux qui avoient péri d'Augufte, & fut condamné à la mort & pour faire du bien à ceux qui reftoient, avec fon fils aîné. Lui, fa femme & fes il éleva Dyteutus au Pontificat de Comaenfans furent menez en triomphe, & ne. Strabon, l. 12. Bayle; Dict. Crit.

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C. 42.

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ávoít rendu aucun honeur, * oubliant les grandes obliga- ROIS DE tions qu'il lui avoit. Au contraire, quand le jeune Celar CAPPApetit-fils d'Augufte fut envoyé dans l'Armenie par fon DOCE. ayeul, Archélaus qui le regardoit comme le futur fucceffeur de l'Empire, lui rendit toutes fortes d'honeurs, & fe Tacite distingua par la maniere empreffée dont il fit fa cour. Ti- Annot. 1. 2. bere eut toujours fur le cœur cette préference injurieuse, d'autant plus qu'elle marquoit dans Archélaus un fonds d'ingratitude. Îl le fit bien fentir, après qu'il fut devenu le maître. Archelaus fut cité à Rome, comme s'il avoit entrepris d'exciter quelques troubles dans la Province. Il s'y rendit, fur l'efpérance que Livia lui avoit donée, d'obtenir fon pardon, & fut mis en juftice. Dion affûre qu'Archélaus acablé de vieilleffe, évita l'arêt de mort en contrefaifant l'infenfé. Mais l'âge, la goûte, & l'indignité du traitement qu'on lui fit foufrir, mirent bien-tôt fin à fes malheurs. Il mourut dans la 52°. année de fon regne, l'an du monde 4020, & la 17°. de l'Ere vulgaire, & 770 de

Rome.

Sa fille nomée Glaphyra, époufa fucceffivement deux fils d'Herode le Grand. La fierté de cette Princeffe infatuée de la nobleffe de fa naiffance, qu'elle fe vantoit de tirer par fon pere de Temenus décendant d'Hercule, & de Darius Hiftafpes Roi de Perfe, du côté de fa mere, lui infpira pour la fœur, & les femmes d'Herode, un mépris qui les aigrit contre elle, & qui fut l'une des caufes de la perte d'Ålexandre fon premier mari. (Jofephe de Bello. Jud. L. I chap. 17.)

Après la mort d'Archélaus, la Cappadoce fut réduite en Province de l'Empire Romain.

La Cappadoce abondoit en chevaux, en ânes & en mulets. Elle fournissoit auffi quantité d'efclaves & de faux témoins. On dit que les Cappadociens s'acoutumoient dès

Tibere étoit alors regardé comme un homme difgracié, dont Archelaus croyoit dangereux de paroître ami; mais il fut la dupe de fa politique. Il y auroit eu bien plus de prudence & de fageffe pour lui, comme le remarque M. Rollin, de ménager habilement deux Princes,

qui pouvoient tous deux parvenir à l'Em.
pire, comme on l'a remarqué dans Pom-
ponius Atticus, qui pendant toutes les di-
vifions qui déchirerent la République en
diférens tems, fut toujours fe rendre
agréable aux chefs des deux partis. Rol-
lin, tom. 9. pag. 611.

l'enfance, à résister aux tourmens, & qu'ils fe donoient la question les uns aux autres, pour s'endurcir contre les peines, à quoi leurs faux témoignages pouroient un jour les expofer. Ces gens là enchériffoient fur la Nation GreCicer. pro que, quoiqu'elle cut porté ce vice à de grands excès, fi l'on s'en raporte à Ciceron, qui lui atribuë d'avoir doné lieu à cette façon de parler; Prétez-moi votre témoignage, je vous le rendrai.

Flacco. n.9.

***

DES ROIS
DU PONT.

Table
XXII.

CHAPITRE XIII,

Des Rois du Pont.

E PONT ainfi nomé à cause de sa situation le long du Pont Euxin *apellé aujourd'hui Mer noire, eft une grande region de l'Afie Mineure, qui comprenoit, felon Strabon, fept Peuples, entr'autres les Paplagoniens, & les Cappadociens. Les limites du Pont ne peuvent être fixées; les plus anciens comme Xenophon, le comprenent c. 19. Diodore de Sicile, liv. XIV. c. 31. Bayle Dict. Crit.

Parmi les peuples qui habitoient le long du Pont Euxin, Strabon fait mention de deux, dont les coutumes étoient tout-à-fait fingulieres ; c'étoit les M oSYNIENS, OU MOSYNOE CIENS, & les TIBARENIENS, Les premiers fe logeoient fur des arbres, ou dans quelques tours de bois. Leurs coutumes étoient fi contraires à celles des autres nations, qu'ils faifoient à la vûë du public, ce que l'on fait ailleurs dans la maifon, & fe cachoient dans leurs logis pour les chofes que l'on fait ailleurs publiquement. Leur Royaume étoit électif, & ils tenoient en tout tems leur Prince fous la chaîne & fous une forte garde. Leur plus haute tour fervoit de demeure au Roi Prince míférable; car il faloit qu'il terminât tous leurs diférends, comme Juge; & s'il lui arivoit de mal juger, on ne lui fourniffoit aucun aliment. Ils fe nourriffoient de gland & de la chair des bêtes fauvages, & ils dreffoient des embuches aux voyageurs, & traitoient très-mal les étrangers. Ils fe faifoient des marques par tout le corps. Strabon, liv. XII. Xenophon, Cyrop. I.V. Pomponius Mela liv.I./

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ils

Les TIBARENIENS n'étoient pas moins barbares, ils avoient une loi, qui ordonoit de précipiter les vieilles gens : ils l'abrogerent lorfqu'ils reçurent l'Evangile, felon le témoignage de Theodoret, Serm. 9. Ils avoient parmi eux une pratique affez impertinente: dès que leurs femmes étoient délivrées du travail d'enfant, ils s'alloient mettre dans le lit, y faifoient les malades, & ils y recevoient d'elles tous les fervices qu'on rend ailleurs aux acouchées. Diodore de Sicile, liv. V, c. 14. Apollonius-Argonaut, liv. II. v. 1032. & Valerius-Flaccus, Argon. 1. V. v. 148. parlent de cette derniere coutume, qui étoit auffi en ufage dans l'île de Corfe. M. Colomiez, dans fes mélanges hiftoriques, page 25. dit que cette plaifante coutume s'obfervoit autrefois dans le Bearn, & croir qu'elle venoit des Espagnols. Il ajoûte que cela étoit en ufage chez les Tartares, au témoignage de Marc-Paul Venitien au chapitre 41 du 2 livre de fes Voyages.

fous

MATHIEU qui étoit l'aîné, ne furvécut que deux ans à fon MILA Noncle, & comme il mourut fans poftérité masculine, il laiffa VISCONTI. fa fucceffion à fes freres GALEAS II. & BARNABON, aufquels l'Empereur Charle IV. avoit acordé en 1356. le titre de Vicaires de l'Empire, dans la Lombardie & dans la Gaule Cifalpine. Il fe forma contre les deux freres une puiffante ligue, entre les Florentins & les Marquis de Montferrat de Ferrare, & de Mantouë, mais l'union des Visconti rendit inutiles les éforts de leurs enemis. Le fuccès qu'ils eurent contre l'armée des Florentins, compofée d'Allemans & de Bohemiens, ne leur laiffa d'autres enemis à combatre, que le Marquis de Montferrat; ils reprirent Albe, Pavie & Novare, & firent une paix glorieufe en 1358. Galeas employa le loifir qu'elle lui dona, à orner fon pays de magnifiques ouvrages, à y faire fleurir les Arts, ayant fondé pour cela, l'an 1361. l'Univerfité & la belle Bibliotheque de Pavie, & à procurer à fa Maison des alliances, qui en fiffent & l'honeur & le foutien, telles que celles de France pour fon fils Jean Galeas, & d'Angleterre pour fa fille Yoland, il la maria l'an 1368. avec Lionel, Duc de Clarence, auquel il dona en dot 200. mille florins d'or, avec Albe & Montreal. Son gendre étant mort l'année fuivante, Odoard qui étoit Gouverneur de ces places, refufa de les rendre à Galeas, & fe mit fous la protection d'Othon, Marquis de Montferrat, ce qui fut le fujet d'une guerre, laquelle fut terminée par le mariage d'Yoland avec le Marquis. Peu après mourut Galeas l'an 1378. âgé de cinquante-neuf ans, laiffant de Blanche de Savoye, fille d'Aimon, Comte de Savoye, JEAN GALEACE fon fucceffeur.

& haïr

Son frere BARNABON, qui lui furvéquit, tint une conduite moins fage. Sans ménagement, ni pour fes voifins, ni pour fes fujets, il fe fit craindre des uns par fon ambition, qui les réunit tous contre lui des autres par fa cruauté & les extorfions, qu'il faifoit pour fournir à fes folles dépenfes & à fon luxe. Il avoit une meute de cinq mille chiens, qu'il faifoit nourir par fes fujets, aufquels il avoit défendu la chaffe fous de rigoureufes peines. Un paysan ayant tué un liévre, il le lui fit manger crû avec la peau,

&

,

MILAN- en fit pendre un autre pour avoir tué un fanglier. VISCONTI. Ses fils, aufquels il partagea, l'an 1379. les villes de fon obéiffance, fe trouvant chacun fort petits Seigneurs, en comparaifon de leur coufin Jean Galeas, formerent avec leur pere, le deffein de le faire périr, pour avoir fes Etats; mais celui-ci qui vivoit dans la défiance, & fous les dehors d'une piété ftupide, les prévint: car ayant atiré à Pavie Barnabon, qui s'y rendit avec deux de fes fils, Louis & Raoul, il les fit arêter, & pérír en prifon l'an 1385. On dona à Barnabon le feptiéme mois de fa prifon, un breuvage empoisoné, dont il mourut entre les bras de Donina Porri, fa chere amie, étant âgé de foixante-fix ans. On trouva dans fon Palais 700. mille écus d'or, & la charge de fept chariots de vaiffelle d'argent & de meubles précieux. Outre quinze enfans légitimes, nez de fa femme Beatrix de la Scala, favoir, cinq fils & dix filles, qu'il eut la fatisfaction de marier tous dans les premieres Maifons de l'Europe, telles que celles d'Autriche, de Baviere, de Nuremberg, de Gonzague, &c. il eut encore treize enfans naturels,dont deux laifferent poftérité, que l'on peut voir dans les Tables ci jointes. Corio. Part V. Ripamont liv. 3. Paul Jove, vie de Barnabon,

CHARLE VISCONTI, Seigneur de Parme & de Creme, ayant apris la détention de fon pere & de fes freres, fe fauva en Baviere, d'où étant repaffé en Italie, il s'acorda l'an 1391. avec Jean Galeas, auquel il céda tous fes droits, pour une pension alimentaire de mille florins par mois. Bernard Comte d'Armagnac, dont Charle avoit époufé en fecondes nôces la fœur Beatrix, veuve de Gafton-Phoebus, Comte de Foix, vint en Italie avec une nombreuse armée, pour rétablir fon beau-frere, mais Jean de Vermi, Capitaine du Duc de Milan, défit les troupes du Comte, qui fut bleffé, & tomba entre les mains de fes enemis. MASTIN, frere de Charle, fut fauvé par quelques foldats, & mené à Brixen, d'où il paffa chez les Grifons, & vécut à Coire. L'an 1404. il fit donation à l'Eglife de Coire & à l'Evêque Hartman de la Valteline, que fon pere lui avoit affignée pour partage, comme le raporte Galerus dans l'Hiftoire des Gri

▲ons.

JEAN GALEAS portoit du vivant de fon pere, le

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