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avoir été marié. Il avoit pour oncles Laurent Strozzi, Cardi- MAISON nal, & Archevêque d'Aix, & Robert Strozzi, Chevalier des Ordres du Roi, & Chevalier d'honeur de la Reine Ca- MEDICIS. therine de Médicis.

COSME après avoir ruiné le parti des défenfeurs de la liberté, , par une rare faveur de la fortune, il fe maintint dans la Souveraineté avec autant de courage que de prudence. Il s'infinua dans l'amitié de Charle-Quint, dont il ménagea fi bien l'efprit, que la Principauté de Piombino, & l'Isle d'Elbe furent ôtées aux Apiani, qui les tenoient en fief de l'Empire pour les lui doner, fous prétexte qu'il pouvoit mieux les fortifier, & les défendre contre les invafions des François. Dans la guerre de Siene, dont la France vouloit défendre la liberté, Côme fe déclara pour la Maison d'Autriche, & cette ville ayant été foumife & donée par Charle-Quint à fon fils Philipe, en fief de l'Empire, le Duc de Florence, qui avoit prêté à l'un & à l'autre des fommes confidérables d'argent, fit fi bien que, Philipe ne pouvant le rembourfer, & craignant qu'il ne s'alliât avec la France, lui cěda l'an 1557. malgré lui-même, pour remboursement, la Souveraineté de l'Etat de Siene. En quoi on ne fait fi l'habileté de Côme fut plus admirable que fon bonheur. Par-là, il établit plus folidement fa domination, & éteignit même en un moment la guerre allumée dans le fein de fon Etat. Le Roi d'Espagne fe réserva dans l'Etat de Siene, Orbitello, Porto-Hercole, Telamone & Monte-Argentaro, & exigea que Côme rendroit aux Apiani, Piombino, & l'Ifle d'Elbe. Le Duc reprit enfuite Saona, ville du Sienois, dont les Urfins s'étoient emparez, & employa heureusement fes foins à pacifier l'Italie, & à faire fleurir ses Etats. Il fe forma en 1559. une dangereuse conspiration contre fa vie, mais il eut le bonheur de la découvrir.

Dans le deffein qu'eut ce Prince de mettre les côtes maritimes de Toscane, à l'abri des courfes des Pirates, & Thou 1. 26′ d'avoir toujours une flotte pourvûë non feulement de toutes les choses néceffaires pour ataquer les Turcs, mais qui fut montée par des hommes courageux & habiles dans le métier de la mer, il créa l'an 1561. un Ordre militaire, dont l'inftitution avoit assez de raport à celle des Chevaliers de saint

Tacite,

ROIS DES Pharafmane Roi d'Iberie, ataqua en même tems l'Armenie PARTHES. par ordre de Tibere, & Artaban vaincu, & ne fe croyant plus en fureté au milieu de fes fujets fe retira en Hircanie. Tiridate apuyé des troupes Romains s'avança en Mefopotamie, y reçut les homages de plufieurs Seigneurs, & le Ann. 1. 6. diadême dans Ctesiphon féjour des Rois des Parthes durant l'hyver. Mais au lieu d'aller dans les pays, qui ne l'avoient pas encore reconu, il s'amuse à affiéger un château où Artaban avoit laiffé ses tréfors, & pendant ce tems-là, fon énemi revient à la tête d'une armée de Daces, de Saces & d'autres barbares, & étoit proche de Seleucie, que Tiridate déliberoit encore s'il iroit le combatre, ou s'il tireroit la guerre en longeur. Abdagese fon premier Miniftre, lui confeilla de fe retirer en Méfopotamie pour y ramaffer fes forces, & fa timidité naturelle en lui faifant. prendre ce parti, sembla afranchir fes fujets de la honte de le trahir, de forte qu'Artaban vainquit fans peine,& fe rendit plus redoutable à Tibere qu'il n'avoit été. Il s'empara même de l'Armenie, felon que Dion paroît le dire & Caligula qui fucceda à Tibere, dona ordre à Vitellius de faire la paix avec les Parthes. Il la fit à l'avantage des Romains, & Artaban envoya à l'Empereur en ôtage Darius. un de fes fils, avec de magnifiques préfens.

L'an 47. de J. C. Jofephe, Ant, 1.-20.

*

བྱ་

Quelque-tems après, Artaban se vit réduit à implorer le fecours d'Izate Roi de l'Adiabene contre fes fujets, qui l'avoient chaffé, & qui avoient mis fur le trône un nomé Cinname. Izate le reçut avec toute forte d'honeur, lui promit de le rétablir dans fon Royaume, ou de lui céder le

L'ADIA BENE étoit une contrée de l'ancienne Affirie, dont elle avoit ellemême porté le nom. Elle étoit tributaire du Royaume des Parthes, & a eu quelques Rois, dont Jofephe fait mention, raporte la converfion au Judaïfme d'Helene, Reine d'Adiabene, & de fon fils Izate. Elle étoit toute ensemble foeur & femme de MONOBAZE, Roi d'Adiabene, felon la malheureufe coutume de ces Païs. Elle en eut deux fils Monobaze & Izate. Monobaze aimoit ce dernier plus que tous les enfans qu'il avoit de plufieurs femmes, & déclara qu'il vou

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loit l'avoir pour fon fucceffeur. Cette préférence excita la jaloufie de tous fes freres contre lui, & le pere pour en prévenir les éfets, l'envoya à Abennerie, Roi de Carax-Spafen, païs fur le Tigreà la tête du Golfe Perfique. Au bout de quelque tems Monobaze le pere fe voyant près de mourir, manda Izate, & le fit Seigneur d'un païs, que Jofephe apelle Ceron, & où il dit que l'on montroit encore les reftes de l'Arche de Noé. Ainfi ce païs pouvoit être dans l'Armenie & il étoit affez éloigné de l'Adiabene. Pendant qu'Izate y étoit allé, fon pere

fien, dit Jofephe : & en éfet il négocia fi bien avec les Par- ROIS DES thes, qu'ils confentirent à rétablir Artaban, & Cinname PARTHES., même lui mit fur la tête le diadême qu'il portoit. Artaban pour reconoître la générofité d'Izate, lui ceda le païs & la ville de Nifibe * lui dona encore le privilege de coucher fur un lit d'or, & de porter la thiare droite, ce qui étoit, dit l'histoire, le droit fingulier des Rois des Parthes. Artaban jouit peu de fon rétablissement & mourut bien-tôt après par le crime de GOTARZE fon frere, felon Tacite, (Ant. Liv. 11.)ou plûtôt fon fils, comme l'affûre Jofephe. Gotarze fit encore mourir la femme,& un fils d'Artaban, X X. pour regner avec plus de fureté, & ce fut fa perte. Car fa Vers l'an cruauté le faisant hair & craindre, les Parthes eurent recours à BARDANE ou VARDANE fon frere, qui vint avec Tacite, tant de diligence, qu'il furprit Gotarze & le chaffa. Mais Ann. 1. 11.

En

mourut vers l'an 38. de J. C. & auffitot Helene ayant affemblé les Grands, elle les porta à reconoître Izate pour Roi, comme fon pere l'avoit fouhaité. atendant néanmoins qu'il vint; Helene même courona Monobaze fon fils aîné, dont il faut dire que la modération étoit bien extraordinaire & bien reconuë. Les autres freres furent enfermez, de peur qu'ils n'excitaffent du trouble, & même on vouloit les faire mourir, dit Jofephe, fi Helene ne l'eût empêché.

pere

IZATE averti de la mort de fon vint en diligence, & Monobaze lui remit le diadême. Le nouveau Roi, tira fes freres de prifon, & pour fa fureté, il les enroya comme en ôtage, partie à Artaban Roi des Parthes, dont il étoit vaffal, partie à l'Empereur des Romains. Pendant qu'Izate étoit chez Abenneric, un Juif nomé Ananie, lui aprit à lui & aux femmes du Roi, à adorer & fervir Dieu, fefon les coutumes des Juifs. Lorfqu'il fut fur le trône, il fe fit circoncir, la mere avoit auffi embraffé le Judaïfme. Monobaze & fes autres parens voulurent imiter l'exemple d'Izate. Ce changement de Religion fit foulever quelques Seigneurs du païs, qui fufciterent contre Izate, Abia Roi d'une partie des Arabes. Izate défit Abia & les méconkens, & continua à régner avec beau

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coup de profperité. Il mourut en l'an 61.
après un régne de 24 ans. Il laiffa 24 fils,
& néanmoins il voulut queMonobaze fon
frere aîné, qui lui avoit confervé la cou-
rone avec tant de fidelité, fût fon fuc-
ceffeur. Il paroît que Monobaze régnoit
encore lorfque Jerufalem fut prife en l'an
70. Quelques-uns des enfans & des fre-
res d'Izate fe trouverent enfermez dans
cette ville, lorfqu'elle fut affiégée. Tite
leur dona la vie, mais les emmena pri-
foniers pour lui tenir lieu d'otages. La
Reine Helene voyant fon fils paifible
dans fon Royaume alla à Jerufalem dans
le tems de la grande famine, qui ariva
vers l'an 44. dans laquelle elle fignala
fa liberalité. Elle y demeura jufqu'à la
mort d'Izate, qu'elle retourna dans l'A-
diabene, & y mourut au bout de quel-
que tems. Monobaze envoya fes os à Je-
rufalem avee ceux d'Izate, & les fit en-
terrer dans le maufolée qu'elle avoit fait
faire à trois lieues de la ville. L'ouvrage
en étoit fi admirable, que Paufanias l'a
remarqué avec celui de Maufole dans la
Carie, comme les deux plus beaux tom-
beaux qu'il eût vâs. Jofephe Antiq. Liv.
XX. c. 3.

* Nifibe apellée par les Grecs Antiochia-
mygdonia, avoit apartenu auparavant au
Roi d'Armenie; Artaban la lui avoit
ôtée.

47.

c. 8.

ROIS DES

durant qu'il s'amusoit à vouloir forcer la ville de Seleucie, PARTHES, fur le Tigre, Gotarze rassembla de grandes forces. Vardane marcha au-devant de lui dans la Bactriane, & lorfqu'on les croyoit prêts à fe batre, ils s'acorderent entr'eux, ne pouvant s'affûrer ni l'un ni l'autre de la fidélité de leurs troupes. Gotarze céda la courone à Vardane, & fe retira en Hircanie.

L'an 49.

Id. c. 10.

XXI.

l'an 49.

fd. liv. 12.

C. 12. 13.

XXII.

Gotarze fe repentit bien - tôt d'avoir cédé la courone, & les Parthes mêmes, qui fe plaignoient que Vardane les traitoit avec trop de dureté, rapellerent fon frere d'Hircanie. Il se dona divers combats, où Vardane ayant l'avantage, s'avança en pouffant fon frere plus loin qu'aucun des Arfacides n'avoit jamais fait. Il ne s'areta que quand les foldats furent las de vaincre, & revint comblé de gloire, mais fier & infuportable.

Comme les Parthes n'avoient point encore apris de l'Evangile à respecter l'Ordre de Dieu dans les Princes, tels qu'ils foient, ils ne purent foufrir plus long-tems Vardane, & le tuerent, Prince qui dans la fleur de fa jeuneffe, égaloit déja la gloire de ceux qui ont regné le plus long-tems, s'il avoit eu autant de foin de fe faire aimer de fes peuples, de fe faire craindre de ses énemis.

que

Par la mort de Vardane, GOTARZE demeura maître de l'Etat des Parthes; mais comme l'exemple de fon frere ne lui avoit point fait oublier fon anciene cruauté, les Parthes députerent fecretement à Rome pour prier Claude de leur envoyer MEHERDATE fils de Vonones, & petit-fils de Phraate, Roi des Parthes du tems d'Augufte. Ce Meherdate étoit alors à Rome en ôtage, & encore fort jeune, C. Caffius Gouverneur de Sirie, eut ordre de conduire Meherdate jufqu'à Zeugma fur l'Eufrate, où il le mit entre les mains des Seigneurs Parthes de fon parti. Quoiqu'il eut été abandoné d'Izate Roi d'Adiabene, & d'Acbare Roi d'Edeffe, qui avoient paru le favorifer, il hazarda une bataille, où il fut défait & ayant été pris, Gotarze pour fe moquer des Romains, lui fit couper les oreilles & le laiffa vivre.

le

Gotarze mourut bien-tôt après de maladie, ou par crime de ses sujets, felon Jofephe. VONONES II. Prin

les intrigues de fes enemis n'ont fervi qu'à augmenter fa MAISON gloire & fes richeffes. Mais il eut enfin le fort ordinaire de DE prefque tous les grands hommes, c'eft qu'après avoir tenu MEDICIS. ferme, contre tous les traits de l'adverfité, il se laiffa vaincre par la profpérité.

Lorfqu'il fe vit en pleine paix, il comença à fe relâcher de la vie fobre & tempérée, qu'il avoit menée jufqu'alors. Ce changement eut bientôt afoibli fes forces & ruiné fa fanté. Sa paffion pour les plaisirs, lui fit faire des chofes indignes de la fageffe & de la modération qu'on avoit admirées en lui. Il féduifit Eléonore d'Albizzi, fille de Louis Patrice de Florence, & dans l'emportement de sa jaloufie, il tua d'un coup de poignard Sforce Almeni, Noble de Peroufe, quoi. qu'il fût fon ami. Il eut d'Eléonore un fils naturel apellé JEAN, qui s'est rendu illuftre par fes belles qualitez & par fa valeur dont il dona des preuves dans les guerres de Hongrie & de Flandres. La feconde alliance que fit Côme avec une Camille Martelli, après la mort de fa femme Eléonore de Tolede, eft encore une des chofes, qui font le moins d'honeur à fa mémoire, quoiqu'il l'eût époufée, dit M. Thou, pour s'atirer dans l'efprit du Pape Pic V. la réputation d'un Prince plein de piété & de religion. Au refte, il faut avouer qu'il fit d'abord quantité de belles actions, qui adoucirent beaucoup ce qu'une nouvelle domination a prefque toujours d'odieux; car il montra un zéle ardent pour la juftice, le bon ordre & le bien de fes peuples. fl fe déclara le protecteur des gens de Lettres, il établit à Pife une célebre Académie de Peinture, d'Architecture & de Sculpture, où il atira par fes libéralitez, les plus excellens Maîtres. Il imita dans fon petit Etat la fortune de l'Empereur Augufte, il prit comme lui le Capricorne pour fa devife, & le fit graver dans beaucoup de maifons, qu'il bâtir avec une magnificence digned'un Roi. H pouffa cette imitation jufqu'à vouloir faire dire de lui, qu'il avoit reçu une ville de pierre, & qu'il l'avoit laiffée de marbre. Et afin, continue M. de Thou, qu'il ne lui manquât aucun trait de reffemblance avec Augufte, fa maifon, de fon vivant & après fa mort, fut comme celle de cet Empereur, acablée de malheurs domestiques.

Il cut le chagrin de perdre, l'an 1562. de la maniere la

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