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URBIN fident de Thou, font de même sentiment, qui fe trouve LA fortifié par l'aveu que le Pape Jule II. faifoit lui-même, ROVERE. Comme le raporte le Bandel, d'avoir dans fa jeuneffe fouvent conduit à Genes une petite barque chargée d'oignons. (Le Bandel. Nouv. XXXI.1. Part. fol. 219.) Guichardin, dans fon Histoire Généalogique de la Maifon de Savoye, dit que Sixte IV. pour faire croire qu'il étoit de l'anciene famille des Roveres, Seigneurs de Vineuf en Piémont, écrivit aux habitans de Turin le 23. Mars 1482. qu'il ne vouloit point oublier le lieu de la naiffance de fes ancêtres, qu'il vouloit embellir leur ville, & lui acorder de grands privileges. Il fit Cardinal Chriftophe de la Rovere, Archevêque de Tarentaife, qu'il préfupofoit fon parent, & honora de la même dignité Dominique de la Rovere fon frere, qui fut apellé le Cardinal de Saint Clement.

Table

II.

page 484.

Quoiqu'il en foit, il eft certain que cette famille de la Rovere doit fon élévation, & une partie de fon luftre au Pape Sixte IV. Il s'apellort FRANÇOIS de la ROVERE. Il étoit né le 22. Juillet 1414. à Cella, bourg de la riviere de Genes, & étant entré chez les Cordeliers, fa fience & fa piété l'éleverent par toutes les charges, jusqu'au Généralat de fon Ordre. Il fut nomé Cardinal à la recomandation du Cardinal de Beffarion, qui étoit charmé de fon érudition & de fon éloquence, & fut élû le 9. d'Août 1471. fucceffeur de Paul II. Il n'oublia dans fon élevapas tion ceux de fon Ordre, & l'amour des Lettres. Il acorda aux Cordeliers de grands privileges, & établit la Bibliotheque du Vatican, dont il confia l'Intendance au docte Platine, qu'il chargea d'écrire la vie des Papes. Cet Auteur lui done de grands éloges pour fa libéralité envers les pauvres, pour la fience, & le foin qu'il prit de réparer les ruines de Rome & de l'embellir de plufieurs édifices, mais il ne diffimule pas les défauts dont on le blâmoit. La haine qu'il conçut contre les Médicis & contre les Vénitiens leurs alliez, ou plutôt l'envie qu'il avoit de procurer à fa famille la Souveraineté de Florence, le fit entrer dans la conjuration des Pazzi, comme nous l'aprenent Onuphre & Machiavel, & lui fit entreprendre des guerres injuftes. Sa paffion, pour l'agrandiffement de sa famille, ne fut pas plus excufable,

LA

Varillas

Florence.

Onuphre

Ciacconius..

Il avoit dix neveux, favoir, fix du nom de la Rovere, URBIN & fils de fes frores, déja morts, & quatre, qui portoient le nom de Riario, de Baffo, & de Sanfoni, qui etoient trois ROVERE. familles, où fes foeurs & une de fes niéces étoient mariées. La plus forte paffion de Sixte fut toujours en faveur des Riaires. PIERRE RIARIO, qui étoit Cordelier, fut fait Cardinal par fon oncle au mois de Décembre 1471. le Anecdotes de même jour que Julien de la Rovere, mais il eut l'avantage. d'être déclaré Cardinal neveu. Sixte IV. lui conféra en même l'Evêché de Trevile, & le noma Patriarche de Conftantinople. Il lui conféra en divers tems les Archevêchez de Seville & de Florence, & plufieurs autres Bénéfices importans, il le noma en 1475. Légat de l'Ombrie, puis de toute l'Italie. Cette élévation fit oublier à Riario la baffeffe de fa naiffance, & l'entraîna dans le luxe. Il égaloit la magnificence des Rois, dans fon train, dans fa dépenfe, & dans les fêtes qu'il donoit, mais les débauches dans lesquelles il fe plongea, afoiblirent tellement fa fanté, qu'à vingt-cinq ans il n'avoit plus l'ufage des parties les plus néceffaires. Il mourut dans la vingt-ncuviéme année de fon âge, avec des fentimens très-chrétiens, le 3. Janvier 1474. Onuphre. Ciacconius. Fulgofe.

Son frere JEROME Riario, furnomé de la Rovere, fur lequel le Pape avoit jetté les yeux, pour en faire fon principal héritier, étoit plus févere dans fes mœurs, & tenoit de fon oncle, fon activité & son efprit remuant & ambitieux. La Souveraineté de Forli, qui avoit été achetée bien cher, pour lui, ne fervit qu'à le dégoûter davantage de la vie privée, & lui fit naître le deffein d'avoir un Royaume. Il porta fes vûës fur l'Ombrie & fur la Romagne. Il falloit des troupes & de l'argent ; fon oncle en trouva dans la vente des Ofices de la Chancellerie qui avoient été jufqu'alors le prix du mérite, & dans la création de nouveaux impôts, & de nouveaux Ofices dans: la Chambre Apoftolique. On mit fur pié une armée dont le Cardinal Julien accepta la Légation, & Frederic d'Urbin le Généralat. On prit Lodi, Spolette, Citta di Caftello 3 toutes les autres villes auroient fuivi le même fort, fi Laurent de Médicis n'avoit fait naître des obstacles aux projets

LA

URBIN des Riario ; ce qui irrita le Pape, & le fit confentir au complot que Pazzi lui comuniqua alors contre les MédiROVERE. Cis. Son reffentiment l'engagea dans une guerre, dont le mauvais fuccès fit mourir le Pape, & renverfa les vastes projets de Jerôme Riario, auquel il avoit fait époufer Catherine Sforce, fille naturelle de Galeas-Marie Sforce, Duc de Milan. Elle lui avoit aporté en dot la Seigneurie d'Imola, dont fon pere s'étoit rendu le maître l'an 1472. fur les Manfredi. Jerôme fut tué l'an 1488. dans une confpiration, & laiffa cinq enfans, entr'autres, OCTAVIEN Riario de la Rovere, qui eut la Seigneurie de Forli & d'Imola, fous la tutelle de fa mere. Il en fut dépouillé l'an 1500. par Céfar de Borgia, qui en fut investi par fon pere Alexandre VI. Après la mort de ce Pape, on les remit au Saint Siége. Varillas Anecdotes de Florence.

L'inclination extraordinaire de Sixte, pour Jerôme & Pierre Riario, laquelle a fait tous les malheurs de fon Pontificat, & la préférence qu'il leur dona fur les neveux de fon nom, ne feroit pas une bizarerie d'efprit, comme l'en taxe Varillas, mais feroit une chofe fort naturelle, s'il étoit vrai, qu'il leur eût doné la vie, comme le préHift. de Flo- tendent quelques Ecrivains. Machiavel dit que tout le monde étoit perfuadé que Pierre & Jerôme Riario n'étoient apellez neveux de Sixte, que parce qu'on vouloit cacher fous ce nom honête, la relation de paternité. Jean-Michel Brutus affure dans fon Hiftoire de Florence 1. 8. que Sixte étant Cordelier, avoit eu ces deux enfans, & que pour cacher fa faute, il les éleva fous le titre de neveux.

rence 1. 8.

Sixte ne négligea pas cependant l'avancement des neyeux de fon nom. Il fit LEONARD de la Rovere, Duc de Sora, & Préfet de Rome, & l'allia à la Maison d'Aragon, en lui faifant époufer une fille naturelle de Ferdinand, Roi de Naples, dont il n'eut point de poftérité. Il dona à CHRISTOPHE & à DOMINIQUE de la Rovere, de belles terres fur la côte de Genes, & à JEAN-MARIE de la Rovere le Duché de Senigaglia, avec la Charge de Préfet de Rome, lorfqu'elle vint à vaquer par la mort de Leonard. Celui-ci avoit encore deux freres, favoir, JuLIEN & BARTHELEMI de la Rovere; Sixte fit le der

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nier

LA

nier Evêque de Ferrare, & Patriarche d'Antioche, & dona URBIN à l'autre le chapeau de Cardinal fous le titre de Saint Pierre aux liens, & le pourvut des Evêchez de Carpentras, de Boulogne, ROVERE & de celui d'Avignon érigé en Archevêché. Julien alla l'an 1480. Légat en France, où leRoiLouisXI. lui dona plusieurs Bénéfices. Il trouva fous le Pontificat d'Alexandre VI. un azile dans ce Royaume, contre les perfécutions de ce Pontife, dont il fut élû Succeffeur le 3 1. Octobre 1503. fous le nom de JULE II. qu'il prit, à ce que prétendent quelquesuns, en mémoire de Jule-Céfar.

Comme Jule avoit moins les qualitez d'un Evêque que les inclinations d'un foldat, fa conduite ne fut pas toujours celle du Pere comun des Fideles. Son humeur guerriere lui fit quelquefois oublier cette qualité, & on le vit au fiége de la Mirandole, bravant à l'age de près de foixante-dix ans, la rigueur de la faifon, & les plus grands dangers, animer les foldats par l'efpérance du pillage. Il s'étoit ligué à Cambrai avec l'Empereur & le Roi de France, pour dépouiller les Vénitiens de plufieurs villes, qu'ils tenoient dans la Romagne, mais lorsqu'il eut recueilli le fruit de la victoire d'Agnadel, gagnée par les François, il fit la paix avec les Vénitiens, & tourna ses armes fpirituelles & temporelles contre ceux qui étoient auparavant fes alliez. L'Empereur & le Roi de France également mécontens de Jule, affemblerent contre lui le Concile de Pise, auquel il opofa celui de Florence, & une ligue, qu'il apella la la Sainte Union, & qu'il apuya des foudres du Vatican. Elles n'empêcherent point les François de vaincre son armée à la bataille de Ravene, dans laquelle fon Légat Jule de Médicis fut fait prifonier. Jule mourut le 23. Février de l'année suivante, rempli de vaftes deffeins. L'abus afreux, dit l'Auteur de l'Hiftoire de la ligue de Cambrai que fit Jule II. du pouvoir des clefs, caufa de grands maux brail. IV. p. dès fon Pontificat, & il paroît avoir été la principale oca- 263. fion du défastre, qui ariva fous le Pontificat fuivant. Car on ne peut difconvenir, qu'en employant, comme il fit pour faire valoir des prétentions purement temporelles des armes deftinées feulement à la défenfe de la Foi, & de la difcipline Eccléfiaftique, il n'ait beaucoup diminué la ter

PPP

11. Avril 1512.

Hift. de la > ligue de Cam

URBIN reur que ces armes infpiroient auparavant aux Chrétiens, & la vénération, qu'ils avoient pour les Souverains Pontifes. ROVERE. Jule fe voyant dangercufement malade en 1511. fit fur l'election de fon fucceffeur, une Bulle, qu'il renouvella

liv. 7.

LA

peu

avant que de mourir,dans laquelle il défendoit fous les peines les plus féveres,& même fous celles de nullité dans l'Election, Guichardin aucune paction, convention ou promeffes telles qu'elles puiffent être entre les Cardinaux dans le futur Conclave. Jule étoit très-capable de bien ftatuer là-deffus, lui qui conoiffoit mieux que perfone le mal auquel il vouloit apliquer un remede. Si Jule n'édifia pas l'Eglife, on peut dire au moins que le Saint Siége lui a de grandes obligations, par les avantages qu'il lui procura; il remit sous fon obéiffance, Ravenne, Boulogne, Forli, Imola, Faenza, Rimini.

I V. Duc d'Urbin.

1508.

Il avoit pour fille naturelle Dona Felice de la Rovere, mariée à Jean Jourdain des Urfins. Elle étoit fœur uterine de Gui de Montefalcone, pour lequel elle demanda à Jule mourant, le chapeau, qu'il lui refufa.

Son neveu FRANÇOIS-MARIE de la ROVERE, qu'il avoit fait adopter dans la Maifon de Montfeltro, par le Duc d'Urbin fon oncle maternel, fuccéda l'an 1508. à celui-ci dans l'Etat d'Urbin & de Montfeltro, auquel il joignit, du chef de fon pere, les Duchez de Sora, & de Senigaglia, avec la Préfecture de Rome, & la Seigneurie de Pefaro, par le don que lui fit Jule II. le 20. Février 1512.. de ce fief dévolu à l'Eglife. Il dona par fes grandes qualitez. un nouvel éclat à fa famille déja illuftrée par deux Papes & par plufieurs Cardinaux. A l'âge de dix-huit ans, il fut fait Général des troupes de l'Eglife par le Pape Jule II. dans la guerre contre les Vénitiens, puis contre le Duc de Ferrare & fes alliez, & y dona des preuves de cette valeur & de cette habileté, qui l'ont fait regarder comme un des premiers Capitaines de fon tems.

Le Cardinal de Pavie, * qui étoit Légat de l'armée Ec

Il s'apelloit François Alidofio de CaftelRio, & fon ayeal avoit poffedé la Seigneurie d'Imola. Il avoit été fait Cardinal en 1505. par le Pape Jule II. qui l'employa dans les afaires les plus importan

tes, & l'honora des Légations de Vi terbe & de Bologne. C'étoit un hommede mérite, qui édifioit mal l'Eglife, l'on en croit Guichardin, mais qui la fervoit bien.

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