MAISON étoit dû à la grandeur de fon courage, à la gloire de fes exploits, & à l'élévation de fes fentimens. On doute fi les MALA- enfans qu'il laiffa étoient nez de fa femme Elizabeth d'Urbin, TESTA. ou de fon amie Ifabette, fille d'ObizonAldobrandin de Ra

DE

venne.

PANDOLFE Malatefta, qui fut fait Chevalier avec Charle fon frere, par le Duc de Calabre, fuccéda à Robert, fous la tutelle de fa mere, & fut confirmé dans la Seigneurie de Rimini par le Cardinal de Milan, de la part du Pape. Comme il n'eut ni la fermeté, ni les autres qualitez de fon pere, il ne fut point faire refpecter fon autorité, & la ville de Rimini fut continuellement agitée de troubles, qu'y excita la jaloufie du Gouvernement. Raimond Paci en fut une des victimes, & fut affaffiné par Pandolfe, fils de Galeot, lequel fut peu après traité de même, auffi bien que Pompée de Terentii. Malatesta lui-même fut affez imprudent que de facrifier à un foupçon mal fondé, le meilleur de fes amis, & de fe priver ainfi du plus ferme apui qu'il eut de fon autorité. Il avoit confié le comandement de fes troupes à Gui de Bogni, furnomé Guerra, à cause de sa valeur. Jean II. Bentivoglio, beau-pere de Pandolfe, lui manda qu'il avoit doné les brebis en garde au loup, & que Bogni avoit traité avec le Pape, pour remettre Rimini fous l'obéïffance du Saint Siége. Il n'en fallut pas davantage pour déterminer Malatesta à fe défaire de Bogni, & fans aprofondir fi l'avis étoit bien ou mal fondé, il convia Bogni à un feftin, & le fit poignarder à table. Il avoit convié avec lui fon ami AnAnecdotes de tiochus Tibertus, * qu'il fit en même tems arêter & mettre dans un cachot de la citadelle, les fers aux pieds & aux mains, en atendant qu'il fût mis à la question, pour lui faire révéler

Varillas

Florence.

* Tibertus étoit né à Cefene, d'où il quelque petit Prince, il paffa bientôt pour fut mené fort jeune en France par un un fameux devin chez les Aftrologues de foldat. Il étudia à Paris, & fe rendit très- Ferrare, où il fe retira. Sa réputation atihabile dans les Belles-Lettres, en Phyfi-roit chez lui un fi grand concours de que, en Médecine, & en Mathémati-monde, qu'il falloit quelquefois demeuque. Son génie le porta à l'étude de la à l'étude de larer plufieurs jours à fa porte pour atendre magie naturelle, quoique cette profeffion fon rang avant que de lui parler. Il avoit fût alors fi dangereufe, que perfone n'a- prédit à Bogni qu'il feroit affaffiné, & à voit ofe s'en mêler depuis Pierre Dupon- Malatefta, alors le plus riche Seigneur no. De retour dans fon pays, où il ne d'Italie en argent comptant, qu'il mourfalloit pour vivre en sûreté que féduire roit à l'Hôpital.

DE

les complices de la prétenduë conjuration. Cependant l'in- MAISON nocence de Bogni fut reconue, & Bentivoglio écrivit à fon gendre qu'il lui avoit doné un faux avis. Malatesta se repen- MALAtit de s'être trop hâté, & s'en alloit au cachot de Tibertus TESTA. pour l'en tirer, lorsqu'on lui vint dire, que ce devin avoit été furpris en fe fauvant : & en éfet, Tibertus avoit fi bien cajolé la fille du Geolier, qu'elle l'avoit décendu avec une corde dans le foffé, où le cliquetis de fes chaînes l'ayant trahi, il fut arêté par la fentinelle, Malatesta crut qu'il étoit criminel, puifqu'il avoit tenté cette voye pour fortir de prison, & fans autre forme de procès, il lui fit couper la tête.

L'an. 1500. Pandolfe fe voyant menacé par Céfar de Borgia, Duc de Valentinois, qui avoit formé le dessein de fe rendre maître de la Romagne, ne l'atendit pas, & fe retira fecrétement à Cervia & de là à Venife. Jean d'Oliviero, Capitaine Efpagnol, & Gouverneur de Cefene, vint auffitôt prendre poffeffion de Rimini, pour Céfar de Borgia, qui y fit peu de jours après fon entrée. Borgia ayant perdu en 1503. fon apui en perdant le Pape Alexandre VI. fon pere, Pandolfe & Charle Malatesta fon frere, vinrent avec quelques troupes, & rentrerent dans Rimini, mais voyant la dificulté de s'y maintenir, & ne pouvant compter fur l'afection des peuples, ils traiterent avec les Vénitiens, aufquels ils céderent Rimini. Pandolfe eut en échange Citadella avec fon territoire dans le Padoüan, & le Sénat dona à fa femme 500. ducats de penfion, & autant à Charle Malatesta. Les Vénitiens garderent Rimini jufqu'en 1510. qu'ils la rendirent au Pape Jule II. par le Traité qu'ils firent avec ce Pontife après leur défaite à la journée d'Agnadel. Pandolfe Malatestà mourut à Rome, & fut enfeveli dans l'Eglife de Sainte Marie, ou felon d'autres, abandoné de fes propres enfans, parce qu'il cffayoit de les divifer; il erra quelque tems de ville en ville & eut pour derniere retraite, l'Hôpital de Boulogne, où if mourut de mifere, après s'être vû le plus riche Prince d'Italie en argent comptant.

Il laiffa quatre fils, favoir, SIGISMOND, qui continua la lignée, GALEOT, qui s'établit à Ferrare, & y fut affaffiné l'an 1543. un foir qu'il fortoit de chez une Dame pa

MAISON rente du Duc; ROBERT, qui fe trouvant à Petigliano en DE 1546. lorfque les habitans fe fouleverent contre le Comte MALA- Jean-François des Urfins fon parent, fut tué en voulant

TESTA,

prendre fon parti; & MALATESTA, qui s'atacha au fervice de la France, & fervit cette Courone en qualité de Général dans la guerre de Piémont, contre la Maifon de Savoye. Il paffa depuis au fervice de la République de Venife, qui lui dona le gouvernement de Pefchiera, & enfuite celui de Trevife, où il mourut.

SIGISMOND Malatefta foutint par fa valeur la gloire de fes ancêtres, & la grandeur de fon nom. Il fe remit deux fois en poffeffion de Rimini, & deux fois il se trouva obligé de l'abandoner. Pendant la vacance du S. Siége, après la mort du Pape Leon X. il s'introduifit dans cette ville, déguisé en paysan, portant un fagot d'herbes, & fit foulever le peuple en la faveur ; mais après l'élection d'Adrien VI. il fut contraint de l'abandoner l'an 1522. Cinq ans après la fortune fembla lui préfenter une nouvelle ocafion de recouvrer le domaine de fes ancêtres, pendant que le Pape Clement VII. étoit affiégé dans le château Saint Ange par les Impériaux. Malatefta ne manqua pas à la fortune, mais la fortune trahit Malatesta, & forcé d'abandoner une feconde fois Rimini, il se retira à Reggio, où il mourut de pleurefie, laisfant de Julie Pic de la Mirandole, ROBERT & HERCULES Malatesta, héritiers de la valeur de leur pere. Le premier eut des emplois honorables au service du Pape, de l'Empereur & de la République de Venife. Il fe trouva à la guerre de Hongrie, où combatant fous les enfeignes du Roi Ferdinand d'Autriche, & fous les ordres de Sforce Pallavicini fon Général, il fut fait prifonier par les Turcs. Son frere, qui n'avoit que douze ans à la mort de leur pere, fuivit auffi le parti des armes, & fe trouva dans toutes les guerres qui fe firent de fon tems en Italie, en Hongrie, & en France. Il fut en 1570. à l'armement que la République de Venife fit contre le Turc, & à fon retour, il fut envoyé par le Sénat, à la défense de Famagoufte, en qualité de Général de l'Infanterie. Il y fut bleffé & pris par les Turcs, qui l'enfermerent dans le château des fept Tours, d'où il se fauva deux fois, & deux fois fut repris, & traité avec beau

coup

coup de dureté. La République le racheta à la fin, & lui MAISON dona des emplois & des apointemens confidérables. Il étoit

DE

en 1582. Gouverneur de Retino, dans le Royaume de MA LA

Candie.

Quant aux Comtes de Sogliano, de la Maifon de Malatefta, Sanfovino leur done pour Auteur RAMBERT, dit aufli ROBERT Malatefta, qu'il dit fecond fils de Charle le Guerrier. Je ne vois dans les branches précédentes aucun Charle, qu'on puiffe lui doner pour pere, fans choquer la chronologie. Henninges ne paroît pas l'avoir beaucoup confultée, lorsqu'il lui done pour pere Charle, troifiéme fils de Robert le Magnifique. Ce Charle, qui ne nâquit, felon lui-même, qu'en 1480. pouroit-il être bifayeul d'un autre Charle, qu'il done pour petit-fils de Rambert, & dont il marque la mort en 1478. Ainfi l'arriere - petit- fils feroit mort deux ans avant la naissance de fon bifayeul.

RAMBERT Malatefta fervit la République de Venise dans la guerre contre les Turcs, & fut tué à la défense de Scutari, où il foutint le fiége pendant plufieurs mois. Son fils PANDOLFE, auquel le Comte d'Urbin enleva plufieurs châteaux, s'atacha, à l'exemple de fon pere, au fervice des Vénitiens, & aprit le métier de la guerre fous Jaque Piccinino; il défendit pendant trois mois la ville de Bresce contre les troupes de François Sforce, & fut établi Gouverneur de Cefene par Malatesta Novello, auquel CHARLE fon fils, rendit d'importans services, en récompenfe defquels il reçut le château de Montegrutio, avec Villalta & Gaggi. Robert fervit auffi la République de Venife, contre PhilipeMarie, Duc de Milan, & mourut en 1478. laiffant deux fils, favoir, ROBERT & MALATESTA. L'aîné, qui fut Comte de Sogliano, se distingua, fur tout par fon favoir, & par les grandes conoiffances qu'il avoit de la Philofophie & de l'Aftrologie. Il s'engagea auprès du Pape Paul III. à travailler à la réformation du Calendrier Julien. Il fut dépouillé par Obizon & Alidofio, mais fon cousin Malatesta le fit rétablir par le Pape Jule II. Il fut pere de CHARLE, Gouverneur de Crême, pour la République de Venise lequel laiffa deux fils.

MALATESTA, frere de Robert, avoit d'abord pris

TESTA

DE

,

il

MAISON l'habit Eccléfiaftique, & s'étoit ataché au Cardinal Raphael Riario puis s'étant marié avec Laure Ubaldini MALA- fuivit la profeffion des armes dans laquelle il aquit de TESTA. la réputation, & le furnom de Guerrier. Il fervit les Florentins, puis paffa au fervice des Vénitiens, où il fut Général de l'Artillerie. Il mourut en 1428. laiffant deux fils, favoir, LEONIDE & SIGISMOND, lefquels foutinrent la réputation que leur pere s'étoit aquife. Le dernier, qui étoit Seigneur de Montegrutio, fervit fous fon pere la Répu blique de Venife, puis dans les guerres de Lombardie fous. Pierre Strozzi. Il fut depuis Ambaffadeur d'Hercule II. Duc de Ferrare auprès de l'Empereur Charle V. & mou-rut à Ferrare en 1541.

Son frere LEONIDE fervit le Duc de Florence dans la guerre de Sienne, puis le Pape Paul IV. dans celle que ce Pontife eut contre la Maifon d'Autriche, & mourut en 1557. Son fils JAQUE Malatesta s'étant diftingué en plufieurs ocafions dans la guerre de Sienne, fous Afcagne de la Cornia, fut fait Lieutenant Général de Côme I. Duc de Florence, dans l'Etat de Piombino, & Gouverneur de l'Ifle d'Elbe, qu'il défendit contre les entreprifes des Turcs.. Il fut arêté fous le Pontificat de Pie IV. & mis en prison, comme partifan des Caraffes, & ayant été élargi, il entra au service de la République de Venife., qui le fit Gouverneur du Royaume de Cypre, d'où étant revenu, il fut Capitaine de la Garde du Pape Pie V. qui le fit Marquis de Roncofredo, & Gouverneur Général d'Ancone, & de toutes les villes maritimes, pour les défendre contre les en-treprises des Turcs. Lorfque Selim eut rompu avec les Vénitiens, le Pape envoya Malatesta servir la République, qui le fit Gouverneur Général d'Albanie. Ayant été blessé dans une ocafion, il tomba entre les mains des Turcs, qui l'envoyerent à Conftantinople. Le Pape obtint fa liberté par la recomandation du Roi de France, & il fut fait Gouverneur de Bergame..