DE rard, fe vengea en lui ôtant la vie l'an 1350. Jacomo avoit CARRARA beaucoup d'efprit, de valeur, de grandeur d'ame, il étoit libéral, aimoit les fiences, & favorifoit les gens favans ; il PADOUE. fit furtout beaucoup de bien au fameux Petrarque, mais l'ambition de dominer le porta à des violences, qui ternirent l'éclat de ces belles qualitez. lui FRANÇOIS, dit le Vieux, fils aîné de Jacomo, fuccéda, & après quelques diférends avec fon oncle JACOPINO, il partagea avec lui le gouvernement : mais s'étant aperçu que l'ambition de fon oncle fouffroit avec peine un compagnon, & qu'il lui dreffoit des embuches, pour fe défaire de lui, il prévint fes deffeins, le fit arêter, & l'enferma dans le château de Moncelice, où il finit fes jours. François demeuré feul maître du gouvernement, fit achever le vieux château de Padouë, comencé par Ezzelin de Romano, afin d'avoir une retraite fûre, en cas de befoin, & s'apliqua à embellir la ville par plufieurs beaux édifices, & à s'affurer de l'affection de fes fujets par fa douceur, son équité & fa libéralité. Il eut diférend avec les Vénitiens au fujet d'un fort qu'il avoit fait bâtir proche les Salines, Alf. Lofchi. qui donoit de la jaloufie au Sénat, de forte qu'il fut obligé de le faire démolir, pour avoir la paix. Au lieu de jouir tranquillement des douceurs qu'elle lui ofroit, parmi un peuple dont il étoit aimé, il eut la témérité d'entreprendre la guerre contre Jean-Galeas Visconti, Prince de Milan en faveur de Barnabon Visconti, qui avoit été arêté par fon neveu, & auquel il vouloit procurer la liberté. Ses forces fe trouverent trop inégales à celles du Visconti, il fut obligé de fe remettre avec fa femme, entre les mains du vainqueur, & fut envoyé prifonier dans la fortereffe de Côme, d'où Jean-Galeas le fit enfermer dans celle de Monza, où il finit miférablement fes jours l'an 1393. Padouë tomba de cette maniere au pouvoir de Jean-Galeas, qui y mit un Podeftat pour la gouverner en fon nom. Les Vénitiens jaloux de fon agrandiffement, & qui redoutoient le voifinage de ce Prince ambitieux, aiderent FRANÇOIS de Carrara, dit le jeune, fils aîné de François le vieux, à le chaffer de cette ville. François après le malheur de fon pere, étoit paffé en Allemagne, & de là Bbbb Vers l'an 1385. DE CARRARA en France, pour mandier quelque fecours, & étant revenu en Italie, il paffa par Florence & par Boulogne, & obtint PADOUE. de ces Républiques des troupes, qui jointes au fecours des Vénitiens, firent réüffir les intelligences qu'il avoit pratiquées dans Padoue, où l'on ne foufroit qu'avec peine le joug trop dur de la domination Milanoife, & le remirent en poffeffion de la Seigneurie de cette ville l'an 1386. Il y ajouta quelques années après celle de Verone, après la mort de Guillaume de la Scala, qu'il avoit lui-même aidé à s'en mettre en poffeffion. Le Corte Hiftorien de Verone dit qu'on le foupçona d'avoir lui-même empoifoné Guillaume de la Scala, pour s'emparer de fa Seigneurie. Cette augmentation de puiffance ne fit qu'augmenter l'ambition de François de Carrara ; il tenta de s'emparer de Brefce & n'ayant pas réüffi dans cette entreprise, il alla mettre le fiége devant Vicenze, qui s'étoit foumife depuis quelque tems à la République de Venife. Le Sénat lui fit représenter l'injuftice de fon procédé à l'égard d'un Etat auquel il avoit tant d'obligations, mais François se moqua des représentations qu'on lui fit, & l'on dit même qu'il traita indignement les Députez Vénitiens, & qu'il leur fit couper le nez & les oreilles : d'autres affurent que ce fut à fon infçu, que fes fils fe porterent à une action fi indigne. Quoiqu'il en foit, le Sénat juftement irrité jura la perte de François, & de toute fa Maifon, & envoya le Marquis de Mantouë, Général des Armées de Saint Marc, affiéger Verone, où étoit François de Carrara. La ville fut prife en peu de jours, & François fe retira à Padouë, laiffant dans le château de Verone fes fils Guillaume & Facomo-Ubertino, qui voulurent se sauver en habit déguifé, mais ayant été découverts & reconus, ils furent arêtez. Leur pere fut poursuivi dans Padouë par Gonzague, qui le pressa si vivement, qu'il l'obligea à lui remettre la ville le 2. Janvier 1406. François s'étant ensuite retiré à Venise, fans prendre de fauf-conduit pour fa fûreté, le Sénat le fit étrangler avec deux de fes fils, qui étoient prifoniers. Il en avoit un troifiéme apellé Marfilio, qui fe fauva en Tofcane avec fon frere naturel Etienne, Evêque de Padouë. Le premier fit en 1435. une tentative pour rentrer en poffeffion de cette ville, & étant tombé entre les mains des Vénitiens, CARRARA ils lui firent couper la tête. C'est ainfi que Padouë tomba fous le pouvoir de la République de Venife, qui en eft toujours demeurée en poffefsion. Après la bataille d'Agnadel elle ouvrit fes portes à l'Empereur Maximilien I. qui ne la garda que quelques jours: il vint enfuite l'affiéger, mais elle fe défendit si bien, qu'après dix-fept jours de fiége, Maximilien se retira. En 1634. Alexandre Carrara, Gentilhomme Mantoüan, Saint Noailles, Ambaffadeur à Michel par M. le Comte de Rome, avoit reçu l'ordre du Roi. Cabinet de M. Clerembaut. DE PADOUE. Bbbb ij CHAPITRE XXVI. Des Seigneurs de VERONE, de la Maifon de la SCALA. Léandre Al berti, Defcript. de l'Italie. par les ERONE, ville Epifcopale d'Italie, fituée fur l'Adige, |