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CHIGI. & prit le nom d' ALEXANDRE VII. Depuis fon élection Pontificat, il n'oublia rien de tout ce qui pouvoit fervir à la propagation du Chriftianisme. Il dona des fecours d'argent & de troupes aux Vénitiens, & fit de grandes largesfes au peuple de Rome, que les fléaux de la pefte & des inondations avoient désolé.

L'infolence des Corfes de fa Garde, lui atira une fâcheufe afaire. Le 20. Août de l'an 1662. ils infultetent deux ou trois François de la fuite du Duc de Créqui, Ambassadeur de France, qui fe défendirent, après avoir reçu quelques blessures & avoir auffi de leur côté bleffé un de ceux qui les avoient ataquez.

Les Corfes qui avoient commencé la querelle, n'en demeurerent pas là ; ayant assemblé toutes leurs compagnies, qui confiftoit en 400. hommes, ils marcherent en armes vers le Palais de l'Ambaffadeur, tambour batant & Enfeignes déployées, & menez par leurs Oficiers comme à un affaut ; ils fe faifirent des avenues, & l'Ambaffadeur ayant paru au bruit fur un balcon, on tira plufieurs coups de carabines du côté qu'il étoit. Ce ne fut pas encore tout. Ces furieux ayant vû le caroffe où étoit l'Ambaffadrice, qui fe promenoit par la Ville, firent feu deffus, & tuerent un Page qui avoit fa main fur la portiere. L'Ambaffadeur eut lieu de croire qu'une infulte fi pouffée ne s'étoit point faite fans l'ordre fecret de Dom Mario, frere du Pape & Général de fes troupes, ni fans la participation du Cardinal Impériali Gouverneur de Rome. Il fut confirmé dans fon foupçon lorfqu'il fut qu'ils avoient apris cette nouvelle fans beaucoup s'en émouvoir, & fans fe metre fort en peine de châ

tier cet atentat.

L'Ambaffadeur de France fe retira en Tofcane, & de là revint en France, d'où le Nonce Piccolomini fut renvoyé fous la garde de cinquante Cavaliers, qui l'efcorterent jufques fur la frontière de Savoye, parce que le Pape ne vou loit pas, malgré les follicitations de l'Espagne & de la République de Venise, doner au Roi la fatisfaction qui lui étoit dûë, & avoit même envenimé la playe en nomant Légat de la Romagne le Cardinal Impériali, que le Duc de Crequi regardoit comme l'auteur de l'infulte des Corfes.

Cependant fix mille hommes de pié & deux mille chevaux CHIGI. fous les ordres du Maréchal du Pleffis-Praflin, étant prêts d'entrer dans l'Etat Ecléfiaftique, le Pape prit le parti de prévenir une guerre ruineufe par un acomodement. Il fut négocié & conclu le 12. Février de l'an 1664. & il fut arêté que le Cardinal Chigi,neveu du Pape, iroit en France en qualité de Légat, pour faire des excufes au Roi de tout ce qui s'étoit paffé; qu'il protefteroit que ce n'avoit point été l'intention du Pape d'ofenfer le Roi ni fon Ambaffadeur; ; que ni lui ni aucun de sa maison n'avoient point

eu part à l'atentat.

Que le Cardinal Impériali viendroit en France pour fe juftifier auprès du Roi de ce qui avoit été fait à Rome.

Que Dom Mario, frere du Pape, fortiroit de Rome, & s'en tiendroit éloigné, jufqu'à ce que le Légat eût eu fa premiere Audience; qu'il déclareroit auffi par un écrit de sa main, acompagné d'un Bref du Pape pour le confirmer, qu'il n'avoit point eu de part à tout ce qui s'étoit passé au fujet de l'infulte des Corfes.

Que Dom Auguftin Chigi, autre neveu du Pape, iroit au-devant du Duc de Crequi,lorfqu'il retourneroit à Rome à fon Ambaffade, & lui témoigneroit le déplaifir que le Pape fon oncle avoit de l'accident qui étoit arivé.

Que le Barigel feroit privé de fà Charge, & chassé de Rome.

A l'égard des Corses, qu'on déclareroit toute la Nation incapable de fervir jamais dans Rome, & dans tout l'Etat Ecléfiaftique,

Qu'enfin, il feroit élevé à Rome une pyramide vis-àvis l'ancien corps de garde des Corfes, avec une infcription qui devoit contenir en fubftance le Décret rendu contre la Nation Corse. *

* Le Roi

cet:e Pyrami

Tous ces articles ayant été exécutez, le Roi remit, fous permit que l'obéiffance du Pape, le Comtat d'Avignon qui s'étoit vo- de fût démolontairement foumis à lui.

Trois ans après le Pape mourut, le 22. de Mai 1667. âgé de 68. ans, ayant fiégé 12. ans & fix femaines. Son frere MARIO CHIGI, qu'il avoit fait Général de fes troupes, ne lui furvécut que cinq mois, laiffant un fils unique, favoir

Nnnn ij

lie fous le Pon

tificat d'Inno

cent XII.

M. A N

ΤΟ ΙΝΕ

ris mêmes, & croyoit ne pouvoir trouver d'ocupation digne d'elle , que dans l'administration des afaires publiques. TRIUMV. Elle prit les armes contre Octavius Cefar & les fit prendre à fon beau-frere ; mais ayant été chaffée d'Italie, elle passa en Grece pour aller trouver fon mari & mourut à Sicione l'an 714 de Rome.

Plut.

in Ant.

La mort de Fulvie dona lieu à un acomodement entre Antoine & Cefar, qui étoient prêts à en venir aux mains, La paix fe fit & Octavie fut le gage de cette paix, par le mariage qu'elle contracta avec Antoine. Elle étoit fœur d'Augufte & veuve de Marcellus; mais quoique sa beauté furpaffàt celle de Cleopatre, & que fa vertu fut égale à fa beauté, Antoine fe livra de nouveau à fa paffion aveugle pour Cleopatre, & on croit qu'il l'avoit épousée même du vivant de Fulvie. Octavie quoique fenfible à ce mépris, arrêta autant qu'elle put la vengeance de fon frere; elle alla trouyer Antoine en Grece pour le ramener, & de retour avec peu de fatisfaction, elle continua de demeurer dans la maison de fon mari, comme s'il eut été prefent, & elle éleva avec beaucoup de foin, non-seule-ment les enfans qu'il avoit eu d'elle, mais encore ceux qu'il avoit eu de Fulvie. Et quand Antoine envoyoit quelques-uns de fes amis à Rome, pour y briguer les charges. & les emplois, ou pour y pourfuivre des afaires particu lieres, elle les recevoit & follicitoit pour eux auprès de fon frere, pour leur faire obtenir ce qu'ils demandoient; & par cette conduite, elle fit, fans le vouloir, un très-grand tort à Antoine, car les injuftices qu'il faifoit à une femme d'un fi grand mérite & d'une fi grande vertus lui atirerent la haine de tout le monde, qui fut fuivie de fa perte.

M. Antoine eut d'Octavie deux filles du nom d'Antonie, defquelles fortirent trois Empereurs, comme fi la fortune eut voulu par là dédomager cette vertueule femme, de l'empire qu'elle avoit ôté à fon mari. Il avoit eu de Cleopatre deux fils & une fille qui furent menés à Rome pour orner le triomphe d'Augufte. La fille nomée du nom de fa mere, fut mariée à fuba qu'Augufte fit Roi de Mauritanie.

Antoine eut de Fulvic deux fils, ANTILLUS l'aîné reçut Ja robe virile l'an 724 de Rome & avoit été fiancé avec

L

TRIUMV.

Julie fille d'Augufte, mais après la mort de fon pere, qu'il M. AN-
avoit acompagné en Egipte, Augufte crut qu'il ne falloit TOINE
pas le laiffer aux Egiptiens, qui pouroient le regarder
comme un homme fait, & le fit maffacrer. Le fecond no-
mé M. JULE ANTOINE trouva grace de telle forte devant
Augufte, qu'il fut avancé aux charges de degré en degré
& enfin au Confulat l'an de Rome 744. Il époufa Marcella
fille d'Octavie, & par ce moyen, étant devenu gendre de
la fœur d'Augufte, pour laquelle ce Prince avoit une ex-
trême confidération, il tint le premier rang dans la faveur
après Agrippa gendre d'Augufte & après les fils de l'Im-
peratrice. Mais il païa d'ingratitude fon bienfaiteur, puif-
qu'il fut un des premiers qui corrompirent fa fille Julie, ce
qui joint à quelques foupçons de conjuration le fit condam-
ner à la mort. Velleius Paterculus I. 2. c. roo, dit qu'il fe
tua lui-même pour prévenir l'infamie de fon Arrêt. Îl laiffa
un fils qui étoit encore extrêmement jeune, & qui s'apel-
loit JULE ANTOINE. L'Empereur le relegua à Marseille fous
le spécieux prétexte de l'y faire étudier, & il fut le dernier
de l'anciene & puiffante famille Antonia, dont Tacite dit
qu'elle avoit été illuftre mais malheureuse, Auguste fit or-
doner par le Sénat que fes os feroient portés dans le tom-
beau des Octaviens.

§. IV.

De l'Empereur AUGUSTE.

Table X I.

I.

C.OCTAVIUS, qui prit le nom de CESAR & fut furnomé AUGUSTE, étoit d'une naiffance affés médiocre par raport à la grandeur où il fut élevé & fa mere Actia fille d'Actius Balbus étoit d'une famille très obfcure, & c'eft de-là que lui vienent tant de baffeffes dans fes alliances, qui lui furent reprochées; mais c'est par-là auffi qu'il étoit petit neveu de Jule Cefar, Actia fa mere étant fille de Julie & 44. av.. foeur de ce grand homme. C'eft cette grande alliance qui J. C. éfaça la honte des autres, & qui lui acquit l'adoption de ce Dictateur duquel il étoit le plus proche parent.

Du côté paternel il étoit de la famille Octavia originaire

710. de R.

CHIGI FLAVIO CHIGI, que fon oncle avoit fait Cardinal l'an 1657. & déclaré enfuite Cardinal Patron, lequel eft mort le 13. Septembre 1693. Sous-Doyen du Colége des Cardi

naux.

Le Pape avoit encore deux autres neveux, fils d'Augufte Chigi fon frere aîné, mort à Sienne en 1651. avant fon élévation. Il acheta à l'aîné, AUGUSTIN CHIGI, def tiné à être le chef de la famille, la Seigneurie de Farnefe, qui eft un Fief de l'Empire, & qui coûta 170. mille écus. Il lui fit époufer un des plus riches partis de Rome, favoir Marie-Virginie Borghese, petite-niéce du Pape Paul V. & qui avoit 180. mille écus de bien. Elle eft ayeule d'AUGUSTIN CHIGI, apelé le Prince Farnefe, qui a époufé en 1735. la niéce du Pape Clément X I. Julie-Auguste Albani.

SIGISMOND CHIGI, autre neveu d'Alexandre VII. fut gratifié de plufieurs riches penfions par fon oncle, & parvint au Cardinalat le 12. Août 1667. par le Pape Clé

ment IX.

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