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Ainfi Jofeph étoit fils de Jacob felon la nature & fils d'Heli felon la Loi, parce qu'il avoit eu fon nom & fon héritage. Par où l'on voit que S. Mathieu dans fa Généalogie auroit fuivi le droit de la nature, & S. Luc au contraire la ligne legale.

A ces remarques tirées de l'Ecriture Sainte, il est à propos d'ajouter quelques réfléxions qui regardent ces deux Généalogies en particulier.

I. Saint Mathieu a voulu fans contredit, doner la Généalogie de Jofeph, qui étoit le pere putatif du Meffie. Saint Luc au contraire n'a point eu d'autre but que de faire conoître la Généalogie de la mere de Jefus-Christ. II°. Saint Mathieu a foin de démontrer que le Meffie eft décendu des Patriarches felon la promeffe: c'eft pourquoi il ne comence que par Abraham, à qui la premiere promeffe a été faite, & il fait voir dans trois claffes differentes, la parenté de Notre Seigneur avec les Patriarches, avec les Rois, & enfuite avec les Conducteurs du Peuple de Dieu.

Saint Luc ne s'atache qu'à montrer que le Seigneur est décendu des Patriarches felon la chair; c'eft pourquoi il comence par Eli pere de la Sainte Vierge, & fait monter fa Généalogie en ligne directe jusqu'ă Adam, & même jufqu'à Dieu.

III. Enfin il paroît que S. Luc a voulu uniquement prouver que Dieu manifefté dans la chair étoit véritablement homme, & que S. Mathieu a voulu prouver en même tems qu'il étoit Roi légitime des Juifs.

Il eft tems préfentement que je faffe voir coment je voudrois qu'on entendit ces deux Tables de Généalogies,quoique je ne prétende point absolument affujetir perfone à mon fentiment.

Le Meffie venant au monde pour relever la postérité d'Adam de fa chute, devoit être formé de la chair & du fang d'Adam, ce que l'on voit très clairement dans S. Luc: parmi tant de milliers d'enfans d'Adam, Abraham reçut le premier la promeffe, que toutes les Nations de la terre feroient bénites en fa poftérité; & c'est pour cette raison que S. Mathieu comence la Généalogie de Notre Sei

gneur par Abraham. Dès 12 Tribus c'étoit celle de Juda, qui avoit la promeffe particuliére, que d'elle fortiroit le Heros, qui regneroit fur tout Ifrael. Les deux Tables font d'accord fur cet article.

Dans toute la nombreuse Tribu de Juda, ce fut dans la Maison de David que fut choifi celui, en qui les Nations devoient metre leurs efpérances, devant fortir de la race de Jeffé, & jufques-là les deux Tables ne different point encore entre elles. La diférence ne fe trouve que dans la poftérité du Roi David, mais on levera une grande partie des dificultez, que cette contradiction aparente fait naître dans l'efprit de ceux qui ne vont point au but de l'Ecriture Sainte.

Je pofe donc avec elle pour principe, que le Meffie devoit être non-feulement véritablement homme & fils de David, mais qu'il devoit naître en même tems Roi des Juifs. Saint Luc fait voir très-clairement qu'il étoit fils de David, & S. Mathieu prouve qu'il étoit en même tems, comme on parle aujourd'hui, héritier présomptif de David, & devoit lui fuccéder un jour,

Il eft conu qu'entre les fils de David, ce fut Salomon qui lui fuccéda, & jufqu'à la captivité de Babilone, la Courone eft toujours demeurée fur la tête des enfans de Salomon. Les Juifs font encore perfuadez jufqu'à ce jour que leMeffie naîtra, non-feulement dans la Maison de David, mais qu'il décendra en ligne directe de Salomon. Ce qui eft contraire à l'Ecriture Sainte; car premierement il ne s'y trouve aucune promeffe qui regarde Salomon en particulier. Dieu réïtérant souvent la promeffe qu'il avoit faite au Roi David, que fon Trône feroit affermi à jamais, de même qu'il éléveroit fa postérité à jamais, parle conftament du Trône de David & non pas de celui de Salomon. Et même lorsqu'à la Dédicace du Temple, Salomon s'apuyoit fur cette promeffe, on y trouve joint cet article remarquable: Maintenant donc, ô Eternel Dieu d'Ifraël, tiens à ton ferviteur David mon pere ce dont tu lui a parlé, en difant, jamais il ne te fera retranché de devant ma face un fucceffeur pour être affis fur le Trône d'Ifraël, pourvû feulement que tes fils prenent garde à leurs voyes, afin de marcher devant ma face, comme tu

y as

y as marché. Liv. des Rois. chap. 8. v. 25.) Or comme Salomon à la fin de fes jours ne marchoit pas droit devant l'Eternel, comme David fon pere avoit fait, d'abord après fa mort, dix Tribus entieres le feparerent de la Maison de Juda & ne s'y font jamais réunies.

Enfuite comme les Décendans de Salomon héritiers du Trône de David, allerent toujours en dégénérant, Dieu fe fervit du Roi de Babilone, pour les faire périr, deforte que la postérité de Salomon perdit le fceptre & la Cou

rone.

Enfin Dieu fait dire à Jéchonias Roi des Juifs par le Prophete Jérémie, chap. 22. v. 30. Ecrivez que ce perfonagelà eft deftitué d'enfans, que c'est un homme qui ne profperera point pendant fes jours, & que même il n'y aura point d'homme de fa poftérité, qui profpere, & qui foit affis fur le Trône de David, ni qui domine plus en Juda. Après ces paroles que je viens de citer, on aura bien de la peine à croire qu'au fortir de la captivité de Babilone, les décendans de Jechonias, & par conféquent ceux de Salomon ayent été les Conducteurs du Peuple de Dieu.

Quoique les Décendans de Salomon ayant été chassez du Trône, Dieu n'avoit pourtant pas retiré la promeffe qu'il avoit faite à David; car ce Roi avoit encore un fils qui s'apelloit Nathan, dont Salathiel, & Zorobabel décendoient, comme S. Luc le fait voir très-clairement, & comme perfone ne peut douter, que ce Zorobabel au retour de la captivité n'ait été le conducteur du peuple de Dieu, on voit que le feptre a toujours été confervé à la Maison de David, & quoique dans la fuite, il en ait été détourné par les Maccabées, qui étoient de la Tribu de Levi, & par les Herodes qui étoient étrangers, les décendans de Zorobabel, ont néanmoins confervé leurs droits à la Courone.

Ce Zorobabel avoit deux fils, l'un s'apelloit Abihud & l'autre Refa, ainfi la Maison de David se partageoit en deux branches differentes. S. Mathieu en raporte la premiere qui finit par Jofeph, & S. Luc raporte l'autre qui finit par Marie mere du Seigneur.

Abiud étoit felon toute aparence l'aîné, ainsi ses dé

K

DE

MAISON Ducheffe Anne de Cypre fa tante, par lequel il avoit été arrêté, que, , que, Charlotte venant à mourir fans enfans, le Royau> SAVOXE. me de Cypre demeureroit à la Ducheffe Anne de Cypre, & à fes defcendans Ducs de Savoye. C'est par ce double droit que les Ducs de Savoye prennent le titre de Rois de Cypre.

JANUS de Savoye, ainfi nommé à cause de fon ayeul maternel, reçut en apanage le 26. Février 1460. le Comté de Genêve, & les Baronies de Faucigni & de Beaufort. H fonda l'an 1471. le Convent de faint François de Clufe en Faucigni, & mourut le 22. Décembre 1491.

JAQUE de Savoye, Comte de Romont & Baron de Vaud, quatriéme fils du Duc Louis,fe rendit célébre par fon courage & par fon efprit remuant. Il eut un grand atachement pour Charle le Hardi, Duc de Bourgogne, qu'il fervit contre le Roi Louis XI. fon beau-frere. Le Duc par reconoiffance, s'engagea dans une guerre contre lesSuiffes. Elle fut auffi funefteà l'un & à l'autre, que le fujet en étoit leger. On dit qu'un Suiffe qui menoit à Genêve, un chariot chargé de peaux de moutons, ayant été maltraité dans les pays de Vaud, s'en plaignit aux Ligues. Les Suiffes en demanderent juftice au Comte deRomont,qui ayant négligé de la leur rendre,ils lui déclarerent la guerre en 1475. Leur bonheur juftifia la juftice de leurs armes. Ils dépouillerent le Comte de toutes les terres de fon apanage, & le Duc, qui avoit pris le parti de fon ami, fut défait dans deux célebres batailles, à Granfon & à Morat. Après la mort de Charle, tué devant Nanci en 1477. le Comte de Romont s'atacha à l'Archiduc Maximilien d'Autriche, qui lui dona l'an 1478. l'Ordre de la Toifon d'or. Jaques lui rendit de bons fervices, furtout au fiége de Terouenne en 1479. & à la bataille de Guinegafte, dont l'heureux fuccès fut dû à sa valeur. Après la mort de Marie de Bourgogne, Maximilien le mit dans le confeil de fon fils Philipe, mais le Comte s'étant mis à la tête des Gantois, qui ne vouloient pas obéir à Maximilien, celui-ci fit arrêter à Bruges, la femme & la fœur du Comte de Romont, lequel fe retira à la Fere, & mourut peu après à Ham en Picardie le 30. Janvier 1486. laiffant de Marie de Luxembourg, fille de Pierre, Comte de fuint Pol, de Marle & de Soiffons, & de Marguerite de Savoye, une fille unique, Marie-Françoife de.

Savoye, qui porta en dot à Henri, Comte de Naffau-Vianden, MAISON la Seigneurie de Varnefton. Elle prétendit hériter le Comté

DE

de Romont, après la mort de fon pere, & le Duc de Savoye Savoy E. lui dona en 1512. pour toutes fes prétentions 30000. florins. Quant à Marie de Luxembourg fa mere, elle fe remaria avec François de Bourbon, Comte de Vendôme.

AME' IX. furnomé le bienheureux, fuccéda en 1465.

fon

1465

au Duc Louis fon pere, & fe diftingua par fa piété, par III. zele pour la justice & le bien de fes fujets, & par fon amour libéral pour les pauvres, dont il nouriffoit toujours un grand nombre, les apellant d'ordinaire le rempart de fes Etats. Malgré fon humeur pacifique, qui lui fit chercher tous les moyens de vivre en paix avec ses voisins, il fut obligé de faire la guerre à Guillaume, Marquis de Montferrat, pour l'observation des anciens Traitez. Elle finit quelques mois après, par un Traité du 14. Novembre 1467. Amé alla enfuite en France, où le Roi Louis XI. doublement fon beaufrere, lui fit des honeurs extraordinaires ; le Roi voulut qu'il tint fa place à une cérémonie publique, dit Guichenon, lui permit de délivrer les prifoniers de la Conciergerie & du p. 551. Châtelet.

Comme ce Prince étoit d'une fanté foible & délicate, &. même fujet à l'épipepfie, il remit, avec l'agrément des Seigneurs, la Régence de fes Etats à Yoland de France, fon époufe. Les Comtes de Genêve, de Romont & de Breffe en furent jaloux, & fe liguerent pour la lui ôter. Philipe, Comte de Breffe, dont le Duc fon frere avoit obtenu la liberté de Louis XI. entra en Savoye, & ayant furpris Montmeillan le 16. Juillet 1471. emmena le Duc à Chamberi, & éloigna tous fes domeftiques. Louis XI. envoya, au fecours de fon beau-frere, une armée comandée par le bâtard d'Armagnac, Gouverneur du Dauphiné, & les Princes peu en état de foutenir la guerre, demanderent la paix, qui fut fignée le 5. Septembre, & qui rétablit l'autorité de la Ducheffe. Le Duc mourut le 30. Mars fuivant, qui étoit la 37°. année de fa vie, & la 7. de fon regne, ayant perdu peu de mois auparavant Charle fon fils aîné, qui étoit né à Gannat en Bourbonois, en 1456. & avoit toujours été élevé à la Cour de France. Anne sa fille aînée épousa en 1478. Frederic d'A

Guichenon

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