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MAISON

DE

XI.

CHARLE-EMANUEL, fils illuftre d'un illuftre pere, étoit né avec des inclinations, qui lui firent bientôt oublier SAVOY E. les fages leçons,qu'il lui avoit donées au lit de la mort, fur le foin d'entretenir la paix dans fes Etats. Son regne fe paffa 1580. dans des guerres prefque continuelles, dans lefquelles l'engagerent fon ambition & fon efprit inquiet. Le premier deffein qu'il forma fut contre Genêve, mais l'opofition d'Henri III. en empêcha l'exécution, & le Duc en garda un vif ressentiment, qui lui fit prendre des liaisons avec l'Espagne. Il fe rendit à Madrid, & y époufa le 11. Mars 1586. CatherineMichele d' Autriche, fille de Philipe II. & d'Elifabeth de France. Par un des articles du traité de mariage, il fut convenu que le premier mâle qui en viendroit, auroit le Milanois, qui feroit joint à la Savoye, pour lui faire porter le titre de Roi de Lombardie, mais cet héritier étant mort en Espagne, en 1605. les Efpagnols ont toujours foutenu depuis, qu'ils n'étoient plus tenus à cette convention. Le Duc de Savoye de fon côté, prétend que le fecond fils qui a fuivi, a dû entrer dans les droits de fon aîné.

Charle-Emanuel, prit enfuite avec le Roi fon beau-pere, les mesures néceffaires pour la conquête du Marquifat de Saluces. L'état, où étoit réduit le Roi Henri III. par les factions du Royaume, lui en fournit l'ocafion. Il s'en faifit l'an 1588. fans beaucoup de réfiftance, prétextant cette entreprise, de la crainte que Lefdiguieres, Gouverneur de Dauphiné, & un des chefs des Proteftans, ne s'emparât de ce Marquifat, & n'y introduisit fa Religion. Henri III. fufcita contre le Duc, les Suiffes & les Genevois, mais le Duc ayant eu l'avantage à la journée de Colonges, ceux-là firent en 1589. une paix féparée.

Les troubles qui redoublerent en France, après la mort d'Henri III. augmenterent les efpérances ambitieuses du Duc. Ebloui par le titre de Comte de Provence, que les Ligueurs de ce Païs lui envoyerent ofrir, il abandona, contre l'avis de fon Confeil, les Genevois, pour en aller prendre poffeflion. Il fut reçu dans prefque toute la Provence, & on lui prêta ferment de fidélité à Aix & à Marseille le 19. Novembre 1590. & Mars 1591. Mais Lefdiguieres & la Valette s'étant mis à la tête des Provençaux fideles, batirent les trou

DE

SAVOYE

pes du Duc en plufieurs rencontres, à Sparron en 1590. à MAISON Pontchara le 16.Septembre 1691. & àVinon au mois d'Octobre fuivant, & l'obligerent à quiter en 1592. entierement la Provence, & à repaffer en Piémont, où Lefdiguieres le fuivit, & le défit à Vigon le 3. Octobre 1592. Enfin la perte de plufieurs Villes,& les mauvais fuccès qu'eut le Duc aux combats de fainte Helene, des Molettes & de Glandon en 1597. joints à la mauvaise volonté des Espagnols, qui ne le fecoururent jamais, que foiblement, lui firent prendre des deffeins plus pacifiques. Il demanda, l'an 1598. à être compris dans le Traité de Vervins, & ofrit de remettre l'afaire de Saluces à l'arbitrage du Pape. Il fit même le voyage de France en 1599. & épuisa en cette Cour toutes les reffources de fon adreffe, pour tromper le Roi & gagner les Miniftres. Mais comme Henri IV. qui pénétroit fes deffeins, infiftoit fur la reftitution de Saluces, que le Duc vouloit toujours éluder, on en vint à une guerre ouverte en 1600. La Breffe & la Savoye n'arêterent pas longtems les armes du Roi *.

**

Le Pape ofrit fa médiation pour faire la paix, & elle fut concluë à Lyon le 17. Janvier 1601. par l'entremise du Cardinal Aldobrandin. Le Duc céda au Roi la Breffe, le Bugey, Gex & Valromey, avec le Fort de l'Eclufe, & quelques autres Places fur le Rhône, & garda pour fa part le Marquifat de Saluces, qui faifoit le fujet de la guerre Le Duc Charle Emanuel voulut fe dédomager de fes pertes, aux dépens de Genêve. Il tenta de la furprendre, & chargea de l'exécution de ce deffein, d'Albigni, Gouverneur de Savoye, & Bernoliere, Gouverneur de Bonne. Le premier ayant choisi 1200. hommes, les conduifit au pié de la muraille de la ville, à la faveur de la nuit, le 22. Décembre 1602. leur fit planter des échelles d'une merveilleuse ftructure, & en fit monter 300. bien armez. Bernoliere, *Le Duc avoit fait fraper une monoye, I qu'il tenoit d'une main, & de l'autre, il où d'un côte il étoit représenté, & de ramaffoit une Courone, avec ce mot: l'autre étoit un Centaure, avec un arc Oportuniùs. bandé & une fléche deffus, & foulant aux ** On dit à ce fujet, que le Roi avoit pieds une Courone, avec ce mot, Oportunè,fait une paix de Duc, & le Duc une paix le Roi en fit battre une autre, ou d'un de Roi. Lefdiguieres dit que le Roi avoit côté il étoit représenté, & fur le revers, traité en Marchand, le Duc de Savoye on voyoit fa devife, qui étoit un Hercule, en Prince, affomant un Centaure avec fa massuë

MAISON qui conduifoit le deffein, furprit la fentinelle, lui aracha le DE. mot, la tua, & fe mit en fa place. Il traita de même, celui qui SAVOY E. faifoit la ronde, mais il laiffa imprudemment échaper le gar

çon, qui portoit la lanterne : celui-ci dona l'alarme au corps de garde & à la Ville. La Bourgeoisie courut aux armes, & chaffa les Savoifiens, dont il y eut grand nombre de tuez. Les Genevois pendirent fans quartier, ceux qui tomberent entre leurs mains. La France & le Canton de Berne s'interefferent pour la ville de Genêve, & obligerent le Duc à s'acomoder avec elle, & à promettre entr'autres choses, qu'il ne feroit bâtir aucun Fort, plus près qu'à quatre milles de la Ville.

La mort de François, Duc de Mantouë, gendre de Charle Emanuel, arivée fans enfans mâles, l'an 1612. fit reprendre les armes au Duc de Savoye, pour foutenir les prétentions fur le Montferrat, où il fe faifit en 1613. de Trin, d'Albe, de Montcalve. Ferdinand, nouveau Duc de Mantouë, demanda du fecours à la France, à l'Espagne, aux Vénitiens & aux Florentins. L'Espagne lui promit la protection, pourvû qu'il renonçât à celle de France, Le Duc de Savoye, par confidération pour le Roi d'Espagne fon beau-frere ofrit un acomodement, & quita même le fiége qu'il avoit mis devant Nice de la paille. Mais irrité des hauteurs de la Cour de Madrid, qui vouloit le traiter en vaffal, il fit revenir d'Espagne, les Princes fes enfans, qu'il y avoit envoyez en 1603. & dont l'aîné y étoit mort en 1614. renvoya le Collier de la Toifon, & fe prépara à la guerre. Affifté de la France, il la foutint quatre ans, pendant lefquels il fe fit trois Traitez, qui furent rompus par les Espagnols. Enfin Marie de Medicis, Reine Régente de France, en fit conclure un, qui fut figné à Madrid le 9. Octobre 1617. & par lequel on reftitua tout ce qui avoit été pris de part & d'autre. Deux ans après, le Duc conclut le mariage du Prince de Piémont, avec Chriftine de France, fille d'Henri le Grand.

LeTraité que Charle Emanuel avoit fait en 1588. avec Scipion Caretto, des Marquis de Final, pour le Marquifat de Zuccarel, que celui-ci avoit cédé en échange de la Seigneurie de Bainafce, érigée en Marquifat, & des Terres de Salicet & de Perolde, fut un nouveau fujet de guerre avec le Genois.

Ils

DE

SAVOYE.

Ils avoient acheté ce Marquifat, de l'Empereur, qui en MAISON avoit dépouillé le Marquis de Caretto. Le Duc ataqua en 1623. les Genois, leur enleva quantité de Places, & s'avança jufqu'à Genes. Les Efpagnols fe déclarerent contre lui, & le Duc de Féria affiégea Verüe, dont Charle Emanuel secouru de Lefdiguieres, lui fit lever le fiége. Cependant il fut obligé de faire la paix, & de figner en 1625. le Traité de Monçon. LesGenois racheterent depuis les prétentions du Duc, fur Zuccarel, pour la fomme do 160.mille écus une fois payez.

Cette paix ne fut pas de durée. C'étoit une fatalité atachée au regne de Charle Emanuel, qu'il fût toujours agité. La fucceffion de Mantouë, vacante par la mort du Duc Vincent II. arivée fans enfans, le 26. Décembre 1627. fit reprendre les armes. L'Empereur & l'Efpagne en vouloient fruftrer Charle Gonzague, Duc de Nevers, que la France favorifoit. Le Duc fe déclara pour la Maifon d'Autriche flaté de l'efpérance d'avoir le Montferrat, pour fa part de la dépouille, & pendant que les Espagnols affiégeoient Cazal, il prit en 1628. Trin, Pont de Sture, Nice-de-la-paille, & défit à l'embouchure de la vallée de Vrayta, douze mille hommes, que le Marquis d'Uxelles amenoit au fecours du Duc de Mantouë. Mais le Roi Louis XIII. s'étant avancé pour secourir fon allié, força le pas de Suze, où le Duc & le Prince de Piémont coururent rifque, & s'ouvrit un chemin en Italie, par cette victoire du 7. Mars 1629. & par la prife de Pignerol. Ce qui obligea le Duc à accepter le Traité de Suze,par lequelTrin lui devoit demeurer avec 15000. écus de rente en terres, pour fes droits fur le Montferrat. Le refus, que fit l'Empereur de ratifier ce Traité, dona prétexte au Duc Charle Emanuel, d'en diférer l'exécution, & de refter armé. La France reprit les armes, & foumit la Savoye; le Prince de Piémont fut défait à Veillane, par le Duc de Montmorenci, & Saluces avec plufieurs Places ouvrit fes portes aux François. Parmi ces malheurs, le Duc tomba malade de chagrin, & mourut à Savillan le 26. Juillet 1630. âgé de foixante-huit ans & demi, avec la réputation d'un des plus grands Capitaines, & des plus habiles Politiques de fon fiècle, mais il n'eut pas celle d'être fort religieux

M

CAL

Alexandre

apud Eufeb.

Chron.

que de la moleffe de CHYNALADAN, fon fucceffeur, DE' EN S. qui dona ocasion à NABOPOLASSAR, Général de ses armées & Babilonien de naiffance, de s'emparer, l'an 3378, Polyhiftor de cette partie de l'Empire Affirien, fur laquelle il regna 21 ans. L'an 3392, la 23°. de Ciaxare Roi des Medes, Nabopollafar s'étant allié avec Aftiage fils aîné de Ciaxare, par le mariage de Nabucodonofor fon fils avec Amifis Eufeb. in fille d'Aftiages, fe ligua avec lui contre Sarac Roi de Ninive, & ayant joint leurs forces, ils affiegerent Ninive, la prirent & la ruinerent de fond en comble. Depuis ce temslà, Babilone fut la feule Capitale de l'Empire Affirien; ces deux Villes avoient également joui de cet honeur, depuis Afarhaddon. Cette augmentation de puiffance, excita la jaloufie des Princes voifins. Necho Roi d'Egipte, s'avança vers l'Eufrate pour arrêter leurs progrez, défit Jofias Roi de Juda, qui voulut s'opofer à fon paffage, par la fidélité qu'il avoit jurée au Roi de Babilone, & prit enfuite les villes de Jerufalem & de Cacarmis, dont la conquête le rendit maître de la Sirie & de la Palestine. Nabopollafar à qui fon âge & fes infirmitez ne permettoient plus d'agir en Daniel.l.1. perfonne, s'affocia fon fils Nabucodonofor, l'an 3397, & mourut deux ans après.

Herod. I. 1.

& 2.

Jofeph.
Ant. X. 6.

Rois II. 22-29.

Chron. II. 35-20.

Jeremie 46. I.

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Il eft bon de remarquer avec M. Prideaux, que Nabucodonofor étoit chez les Babiloniens le nom comun des. Rois, & qu'en particulier Nabopollafar fut ainfi nomé, ce qui paroît fur tout par Jofephe. Cet Historien ( dans fes Antiq. Liv. X. chap. 2,) parlant de ce Roi, lui done le nom de Nabucodonofor, dans un paffage qu'il cite de Berose & dans fon Livre contre Appion, raportant le même paffage il l'apelle Nabullafar, qui eft le même par contraction que Nabopollafar. D'où il réfulte que ce Prince eft apellé de ces deux noms. Il eft certain que fi l'on ne pofe que Nabucodonofor eft un nom commun aux Rois de Babilone, on ne conciliera jamais les livres de Tobie & de Judith avec les Auteurs de ce tems, tant facrez que prophanes. ( Prideaux. Hift. des Juifs. 1. p. Liv. 1.)

NABUCODONOSOR II. envoyé par fon pere à la tête d'un armée, batit, l'an 3398, celle de Necao Roi d'Egipte vers l'Eufrate, reprit Cacarmis, fit rentrer la Sirie

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